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Je la regarde sans trop comprendre et elle finit par parler, mettant fin au silence relaxant dans lequel on était.


- "Si tu pouvais remonter le temps, tu ferais en sorte d'agir autrement ?"


Je détache mon regard de son visage et me met à regarder devant moi.


- "Peut être, mais je ne pense pas que cela soit bien. C'est grâce à notre passé et aux choses que l'on a fait et pas fait, qui font les personnes que nous sommes aujourd'hui." finis-je par dire après quelques secondes de réflexion.

- "Même si ces choses font de nous une mauvaise personne ?"

- "Chacun à sa définition de mauvaise personne."


Je l'entends soupirer, et le silence reprend sa place.


- "Il y a trois ans, moi, ma mère et mes frères et soeurs étaient venus ici pour profiter du lac et du Soleil. Ma mère était endormie sur son transat, moi et mes frères et soeurs étions dans l'eau. On était en train de jouer dans l'eau entre frères et soeurs quand on décide de faire un concours d'apnée. On s'est mis en ligne, on a compté jusqu'à trois, et on s'est immergé sous l'eau. Moi et mon grand frère avions perdu les premiers, ils restaient donc ma grande soeur et mon petit frère. Mon frère d'un coup se place à côté de ma soeur et pose sa main sur sa tête pour l'empêcher de respirer. Comme je voyais mon frère rire aux éclats, j'avais décidé de faire pareil avec mon petit frère, sauf que..."


Elle marque une pause, et souffle fortement. Elle ramène ses jambes vers elle et les agrippent avec ses bras. Instinctivement, j'attrape sa main et la serre fort, en entrelaçant mes doigts avec les siens. Elle me rend mon étreinte, souffle encore, et reprends son récit.


- " Cela n'avait duré que quelques secondes, j'avais compris que quelque chose clochait quand j'avais vu que mon petit frère ne se débattait pas comme ma grande soeur. J'avais donc retirer ma main et l'ai sorti de l'eau. Il était tout bleu. À l'hôpital on avait découvert qu'il souffrait d'asthme, on n'était pas au courant, aucun médecin ne nous en avaient parlé avant. Et ma mère ne l'a jamais supporter. Elle s'est renfermé dans l'alcool et la drogue, mon grand frère et ma grande soeur sont partis l'année qui a suivit, et depuis, je sers de bouc-émissaire à ma mère. Pour elle, c'est moi qui ait tué mon petit frère. Le jour où j'avais un bleu sur le front, c'était elle. Ce jour là, ça aurait dû être le sixième anniversaire de mon petit frère."


Je me tourne et fait en sorte d'être en face d'elle, ma main toujours entrelacée dans la sienne. Je savais qu'Hana cachait une grande souffrance, mais je n'aurais jamais pensé à cela. Je regarde ses yeux et voit qu'ils sont embués de larmes et ont rougit. Elle cligne des yeux, et une larme se met à couler le long de sa joue gauche, je la fixe du regard et au moment où elle allait s'écraser sur sa cuisse, je l'essuie de ma main libre. Elle me regarde faire, et je me contente de lui sourire. À vrai dire je ne sais pas trop quoi dire à ce moment, tout ce que je sais, c'est qu'elle a besoin d'une épaule, je pense que c'est la première fois qu'elle se confie de la sorte à quelqu'un.


- "Amira ?"

- "Oui ?"

- "Tu penses que je suis une mauvaise personne ?" me chuchote-elle alors qu'une deuxième larme coule le long de sa joue.

Comme tout à l'heure je l'empêche de s'écraser sur sa cuisse, et comme réponse, je me contente de la prendre dans mes bras et de la serrer fort. Elle reste immobile quelques instants, puis je sens des bras m'entourer, et je l'entends pleurer. Je pose mon menton sur le haut de son crâne, l'entoure de mes bras et la serre contre moi. Je sens ses larmes couler le long de mon cou, et nous restons dans cette position quelques minutes, jusqu'à ce qu'elle se calme.

Les minutes passent, et je ne l'entends plus pleurer ni renifler. Je me détache d'elle et rapproche mon visage du sien. Ses yeux sont rouges, tandis que ses joues sont encore humides.


- " Tu n'es pas une mauvaise personne. Tu es arrogante, impulsive, imprévisible, mais tu n'es pas une mauvaise personne. Tu m'as entendu ? Tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé. Rentre le bien dans ta tête." lui dis-je en la regardant dans les yeux.


Je vois son regard s'adoucir de plus en plus, et elle se met à me sourire. Je ne l'avais encore jamais vu me sourire de la sorte, je ne saurais l'interpréter. Elle finit par sécher ses larmes d'un revers de la main et me sourit.


- "Merci."


Je me contente de prendre sa main et de la serrer fort, tandis qu'elle pose sa tête sur mon épaule et nous nous remettons toutes les deux à contempler de nouveau le paysage qui nous est offert.

Everything is written.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant