6. Baby-sitting de merde

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— Manon lâche cette poupée veux-tu ?

— Naaaaan ! C'est à moa d'abord, beugla la dénommé Manon.

— Écoute Manon, je sais que dans ton nom il y a "non" mais lâche cette poupée de suite ! » hurla cette fois Angèle les nerfs menaçant de rendre l'âme.

— Nooooooooooon !

— Ok, mais vient pas te plaindre si elle perds ses cheveux la nuit, reprit Ange après avoir lâché l'autre extrémité de l'objet tant convoité.

Elle replaça ensuite ses mèches blondes derrière ses oreilles et essuya son front où perlait de grosses gouttes de sueur d'un revers de main.

« Docile disaient-ils. Mon cul oui ! » jura mentalement Angie.

— Comment ça ? » demanda la petite après avoir serré sa poupée contre sa poitrine.

— Tu savais pas ? Quand on écoute pas sa nounou quand elle nous demande de lâcher sa poupée, elle perds ses cheveux la nuit, mentit Ange après s'être accroupi près d'elle.

— N'importe quoi d'abord.

— N'en soit pas si sûre ma p'tite, répondit Angèle avant de conspirer dans sa barbe, un accident est si vite arrivé.

Et Dieu seul savait ce dont elle aurait été capable pour donner une leçon à cette petite. Elle était même prête à se faufiler la nuit chez Madame Fournier pour raser à la tondeuse cette affreuse poupée défiguré par les traitements indignes de cette horrible gamine.

— T'es sûre ? » susurra le petit monstre.

— Hum, secoua positivement de la tête Ange avant de poursuivre d'une voix plus douce. Alors s'il te plaît veux-tu me donner madame vermicelle et aller faire tes devoirs ?

Épeuré du sort de sa tendre compagne de thé, Manon alias - le petit monstre - lui tendit la poupée. Elle traîna ensuite des pieds jusqu'à son cartable d'un rose fushia et en sortit un cahier décoré par divers autocollants.

Satisfaite, Angèle s'approcha gentiment d'elle et l'aida avec ses exercices.

S'était un mal pour un bien après tout » pensa la blonde après avoir pour une énième fois essayé de donner contenance à ses cheveux.

♡♡♡

— Alors ce baby-sitting ? » demanda Béatrice quand Angèle rentra dans la cuisine pour se servir un verre d'eau.

Un calvaire.

C'était cool, répondit-elle simplement avant d'aspirer son verre tel un ovni.

— C'est génial ça, madame Fournier sera absente ce weekend, et j'me suis dit que ça ne te dérangerait pas de garder Manon. Alors j'ai dit oui mais j'avais un peu peur de te l'avouer. Mais si s'était génial, je l'appelle de suite pour confirmer ta présence, déclara la Béa sous la mine déconfite d'Angèle.

Car après tout, s'était elle qui avait perdu des sous parceque "madame" avait fait un méga caprice pour le coucher. Et encore, les quelques griffures qu'elle avait sur l'avant bras l'avait indéniablement marqué.

— Tu veux la vérité m'man, je crois que je vais faire une pause sur le baby-sitting.

— Mais pourquoi ? J'croyais que tu voulais garder des sous pour ton avenir et tout.

« Mais de l'avenir j'en aurai pas si je revois cette gamine » pensa-t-elle intérieurement.

— J'suis juste un peu fatiguée.

— D'accord.., soupira Béa avant d'ajouter, un truc est arrivé pour toi ce matin.

Elle tendit par la suite un carton de petite taille à Angèle qui le pris avec le peu de force qui lui restait.

— Merci m'man.

Elle quitta enfin la cuisine le carton entre son aisselle et partit prendre une douche avant de rejoindre la famille devant le repas que Béatrice avait pris soin de cuisiner.

— Papa, maman..., commença Daniel après avoir déposé ses couverts contre son assiette.

— Oui ? » répondit Pierre pour le couple.

— C'est assez difficile à dire mais.. j'veux déménager, reprit-il d'une traite.

Comme il l'avait imaginé, Béatrice manqua de s'étouffer avec sa viande et Pierre lui grommela des choses incompréhensibles dans sa barbe.

Angèle elle était resté de marbre. Mais se réjouissait du départ de son aîné. Elle avait toujours trouvé sa chambre plus petite que la sienne de toute façon.

— Qu-quoi ?! » balbutia le père de famille.

— Je veux déménager ?

— Mais Danny, pourquoi ? N'es-tu pas assez bien traité ici ? Ne te laissons nous pas assez d'espace ? » ajouta la maîtresse de maison.

— N-non. C'est juste que j'ai trouvé qu'en tant qu'étudiant, je devrai peut-être ne pas avoir à vivre avec mes parents. Ni à me batailler pour la douche avec Angèle de peur d'arriver en retard, énuméra Daniel le visage déformé par le stress.

— Mais tu n'as pas de travail, reprit Béatrice.

— J'en trouverai un. Et puis, j'ai déjà vu quelques demandes sur le net.

— Et où vas-tu loger ? Je veux dire c'est plus si facile de trouver un bon appartement de nos jours tu sais ? » tenta de convaincre Pierre.

— De ce fait, je voulais aussi vous dire que j'en ai à peu près trouvé un. Il est bien situé et Hugo a accepté une colocation.

Voyant que l'un de ses parents était prêt à s'interposer, Angèle déclara.

— Et puis, ça sera une merveilleuse expérience pour Daniel. Papa, ne nous avais-tu pas raconté que tu avais toi aussi été en colocation ? Et si je me souviens bien, tu n'avais que de bons souvenirs !

— Euh..

— Voilà ! Alors laissez le faire sa vie. C'est ça être des parents cools vous savez.

Devant cette argument de taille, Béatrice soupira tandis que Pierre sourit face au bons moments qu'il avait passé avec ses amis dans leurs appartement. Angèle n'avait peut-être pas tord après tout » pensa-t-il.

— C'est d'accord, répondit finalement l'homme au quelques cheveux grisonnant.

— Sérieux ?! » s'écria Daniel.

— Si je te le dis. Ehn Béatrice ? » demanda-t-il à sa femme qui se contenta d'hocher la tête malgré ses lèvres crispé.

Réjouit de la bonne nouvelle, Daniel ne s'était empêché de sourire jusqu'à la fin du repas. Il eut même un sourire reconnaissant à sa cadette qui lui avait clairement sauvé la mise et s'était empressé d'annoncer la bonne nouvelle à son meilleur ami.

De son côté, Angèle était soulagée. Elle n'aurait plus de boulets au pieds qui essaierait de draguer ses amies. Encore moins à se bagarrer pour à peu près tout dans la maison. Chose qui la réjouissait encore plus que Daniel. Car s'il y avait bien une personne qui voulait qu'il parte s'était bien elle.

Quand elle quitta enfin la table, elle prit le carton qu'elle avait déposé au coin de pièce avant de le monter avec elle. Il faut dire qu'il l'avait intrigué depuis le début. Mais malgré tout, elle s'était fait violence pour ne pas sauter de table pour l'ouvrir.

Sur son lit au draps cette fois blancs, Ange s'y coucha de dos. Déposant ainsi son paquet près d'elle. Elle le guetta brièvement de ses yeux noirs comme pour voir en travers mais succomba très vite à la tentation malgré la fatigue qui avait élu domicile en elle.

Mais confronté devant le contenu de l'objet, elle se demanda si elle n'aurait pas mieux fait de le laisser fermé.

Au feu les crushsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant