Au feu les crushs

14. Pas intéressée

Dans la voiture de Béa qui l'accompagnait jusqu'au lycée, Angèle ne pu s'empêcher de triturer le bas de son éternel pull en laine. Elle n'avait ni le moral et l'envie de retourner dans l'endroit de ses tourments. En plus, le message que lui avait envoyé Hit Man lui revenait en tête.

Que devait-elle découvrir ? Et comment ?

— Encore et toujours des questions, souffla-t-elle peu discrètement puisque Béatrice l'interpella depuis le volant.

— Un problème chérie ?

— Non non ça va. C'est juste que j'ai la flemme d'aller en cours.

Ce qui n'était qu'un semi mensonge puisque qu'elle n'avait aucunement l'envie d'épier la vie personnelle de pauvres lycéens pour la satisfaction d'un crétin. Et encore moins voir Lou et Nathaniel vivre leurs meilleures vies.

— Tu sais, je disais pareille à ton âge, rit doucement sa mère.

— Mouais.

Le trajet suivit tranquillement son cours. Angie qui n'avait cessé d'observer le chemin sursauta en attendant la voix de Béa.

— On est arrivé ma chérie.

Se retournant vers sa mère, Angèle lui sourit en guise de remerciement et sortit de la voiture où une douce brise matinale lui fit légèrement frissonner à travers son pull. Elle soupira et s'avança peu assuré vers son casier qu'elle ouvrit afin de ranger ses affaires.

Au loin une nouvelle fois, elle aperçut Noé en compagnie de Solange, une petite brune de sa classe. Ils semblaient dans une sérieuse discussion en vue de leurs sourcils froncé.

— Cherche pas à comprendre ce qu'il font ensemble. Ils sont scotché là depuis ce matin.

Elle se retourna vers Louise qui avait elle aussi les yeux rivés sur l'ex de Val.

— Après toi c'est elle ? Non mais ce mec est plus qu'un porc ma parole ! » rouspéta une nouvelle fois la métisse.

Angie qui s'était promise d'éviter le blond se contenta d'hausser des épaules et de fermer son casier.

— Alors comment tu te sens ? » demande son amie qui avait enfin détaché ses yeux de la scène qui s'offrait à eux.

— Bof, grosse flemme d'aller en cours. Je regrette déjà mon matelas, sourit-elle alors que Lou rigole.

— Prépare toi alors, on à histoire géo, rit une nouvelle fois Louise.

— M'en parle même pas. J'en fais des cauchemars, dit-elle en s'avançant jusqu'à sa salle de cours.

— Perso j'trouve pas ça si dure que ça... j'ai la plupart du temps des bonnes notes sans avoir à fournir des efforts gigantesques.

— Dis plutôt que t'arrête pas de faire les yeux doux à ce croûton de Dumas !

— Qui ? moi ?! » dit son amie étonnée.

— Fait pas genre. Le vieux arrête pas de te reluquer en cours. On dirait qu'il veut te bouffer toute crue. Tout monde s'en est déjà aperçu sauf toi apparemment.

— Mouais, dit-elle dubitative alors qu'elles rentrent en classe.

S'asseyant à des positions diagonalement opposé depuis la récente formation du couple, Angèle et Louise ne pûrent continuer leur conversation. Elles attendirent à la place monsieur Dumas qui comme à son habitude chérissait le retard.

Alors qu'il rentrait dans la classe essoufflé comme dans à peu près chaque cours, un coup plutôt bruyant derrière la porte se fit entendre. Le prof qui se massait les tempes soupira un : entrez.

Valérie qui était derrière la porte ne se fit pas prier et débarqua dans la classe sans même jetter un coup d'œil vers le professeur. Celui-ci l'interpella malgré elle.

— Qu'avez-vous encore fait mademoiselle Dominique ?

— Rien monsieur. J'ai seulement eu un petit malentendu avec le CPE. Rien de plus, dit-elle nonchalamment.

— Et bien, allez donc vous asseoir mademoiselle la rebelle. Par chance vous n'avez rien râté.

De sa démarche provocatrice, Val partit s'assoir à sa place enfin que le cours puisse commencer.

♡♡♡

Deux heures de calvaire plus tard, Angie se dirigea vers son prochain cours de littérature qu'elle avait toute seule.

Même si c'était certes pénible d'être sans ses amies, Angèle ne pouvait s'empêcher d'apprécier ce cours. Tout comme celui qui l'enseignait. Monsieur Lacombe était un jeune homme passionné par sa matière. Il enseignait avec tant de dévouement et fougue qu'Ange en avait des frissons. Et pour le coup, elle était fière de ne pas avoir prit physique chimie comme ses amies.

Le cours avait débuté depuis une bonne heure déjà. Monsieur Lacombe qui était assis sur son bureau expliquait l'ouvrage sur lequel ils travaillaient. Angèle qui était tellement absorbée par les explications du professeur ne prêta même pas attention au regards qui lui lançait Noé. Où du moins, avant qu'un bout de papier n'atterrisse sur son pupitre.

N : « Arrête de m'ignorer Ange »

Avait-il écrit tandis que la blonde se retenait de soupirer.

« je t'ignore si je veux. Alors lâche moi la grappe » : A

Elle avait lancé le bout de papier le plus discrètement possible. Elle voulait à tout prix éviter de se faire enguirlander par son professeur pour qui elle était monté en estime.

De son côté, Noé lui aussi soupira.

« Qu'avait-il encore fait pour qu'elle lui en veuille  ? »

« Avait-elle découvert qu'il lui avait menti ? »

« Pourquoi les filles étaient-elles aussi compliqué ? » Se demanda-t-il alors qu'il griffonait une réponse sur le bout de papier.

N : « qu'est-ce-que t'as ?

Il lui envoya à nouveau le bout de papier qu'Angie lut puis déchira. Elle n'avait ni l'envie de discuter avec Noé, surtout sur un bout de papier. À la place, elle se contenta de suivre à nouveau la leçon jusqu'à la fin du cours.

Alors que les élèves rangeaient leurs affaires, Noé vint vers Angèle qui enfilait son cartable.

— J'peux savoir pourquoi tu me snob ?

— Écoute Noé, je suis au courant pour ton "mensonge", avait débuté la blonde tout en mimant de ses doigts. Et pour être honnête, j'avais décidé de passer l'éponge sur je ne sais quelle raison qui t'avait animé à faire cela en espérant que tu veuilles bien me laisser tranquille plus tard. Mais si tu ne peux pas me respecter, respecte au minimum Val qui tient encore à toi. C'est la moindre des choses que tu puisses faire pour elle je pense... Sur ceux, au plaisir de te quitter Noé.

Au pas de la porte, Lou l'attendait la langue brûlante de lui demander.

— Qu'est-ce qu'il te voulait ce bouffon.

— Ri-rien. Il n'avait pas compris un truc en cours alors il était venu me le demander, dit Angie sous l'œil suspicieux de Louise.

— Bête comme il est, ça m'étonne même pas. Allez viens, Val nous attend au self. Avait répondu son amie en lui emboîtant le pas.

Angèle qui senti un regard sur elle jeta un dernier coup d'œil vers Noé qui n'avait cessé de la regarder. Ne voulant pas s'éterniser, elle détourna vite le regard du sien pour suivre Louise.

« Vivement qu'il capte qu'elle n'était pas intéressée » pensa-t-elle au loin.