Chapitre 11 : Julien et Jérémy fêtent Noël

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«Ah, t'es là. Je me disais bien que t'étais parti.»

Julien souffla la fumée doucement et l'observa s'évaporer autour de Jérémy, qui cherchait à grimper sur l'abribus en béton où son meilleur ami était perché.

«Je voulais un peu de calme.»

La vérité, c'était surtout qu'il voulait échapper à une meuf qui avait manifestement jeté son dévolu sur lui. Elle avait même essayé de lui rouler une pelle, dans le couloir. Il avait profité d'un moment d'inattention de sa part pour s'échapper de la fête. Fête minable, d'ailleurs. Mais heureusement, Jérémy était là pour la rendre supportable.

«Tu veux tirer ?»

Jérémy était désormais debout près de lui, fourrant ses mains dans ses poches et frissonnant à cause de l'air frisquet.

«Non merci.

- Chochotte.

- C'est toi la chochotte.

- Si tu continues, je te pousse de là, Julien l'avertit.

- Tu n'oserais pas.

- Tu veux vraiment mordre la poussière, Avril ?»

Jérémy lâcha un petit rire, avant que le silence ne les entoure à nouveau, seulement rythmé par leurs respirations, et le souffle de fumée qui s'élevait dans l'air, parfois.

«C'est ta meuf, Mélissa ? Jérémy lança soudain d'un ton qui se voulait incroyablement détaché, mais qui le trahit à lui tout seul.»

Julien se dit, Mélissa, c'est sûrement la fille qui a essayé de m'embrasser. Il ne savait même pas son nom, mais apparemment, c'était le cas pour Jérémy. Et surtout, il ne savait pas que Jérémy avait été témoin de l'action.

«Non. Pourquoi, t'es jaloux ?»

Il ricana, envoyant un coup de coude dans le bras de Jérémy, qui ne donna aucune réaction en retour, à part une raideur soudaine. Ils s'enfoncèrent dans un silence lourd qui confirma à Julien que Jérémy était, en effet, un peu jaloux.

Oh putain, Julien pensa, en s'en rendant compte. Jérémy avait sûrement le béguin pour cette meuf. Et son meilleur pote la lui chourait sous son nez. Quel meilleur pote il faisait, en effet.

«Je suis désolé, Jérém', elle est même pas mon type en plus. C'est elle qui a voulu m'embrasser.»

Jérémy le fixa avec un air surpris, mais pas vraiment déçu ou triste. Reconnaissant, peut-être. Rassuré. Ils retombèrent dans le silence une fois de plus, moins pesant cette fois. Puis :

«Dis, Ju'. Est-ce que je peux faire un truc, pour voir ?»

Julien fumait sans savourer la cigarette. Quelque part en lui, très loin, il y avait de la rancœur contre cette meuf pour qui Jérémy avait certainement le béguin.

A son côté, Jérémy dansait d'un pied à l'autre, comme s'il hésitait. Sur quoi, Julien n'en avait aucune idée. L'idée d'une connerie à faire, peut-être. Ils avaient l'âge, après tout, de faire des conneries et de s'en sortir in extremis. Et lui plus que n'importe qui, avait le goût du danger. Mais par pitié, tout sauf lui demander des conseils en amour.

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