(NDA: vraiment désolée pour le Grand JD que j'écris comme la plus sombre des merdes, mais après tout je l'écris selon le personnage manipulateur et adepte du chantage qu'il est dans l'univers fictif des analyses de pubs ;) j'en profite pour insister sur le fait que j'écris sur les Personnages dans cet univers fictif et non pas sur les personnalités)
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«Si tu suis le plan à la lettre, ça se passera comme sur des roulettes.
- Non mais Ju'... Ton plan c'est de m'envoyer au charbon pendant que tu fais le plus facile. Je sais à peine ce qu'il faut que je dise !»
Jérémy est en train de paniquer, c'est mauvais pour leur couverture, ça. Et il choisit de paniquer maintenant, alors qu'ils s'apprêtent à toquer à la porte de l'appartement, alors qu'ils s'apprêtent à se retrouver nez à nez avec lui, avec le Grand JD. Au fond, Julien le comprend.
Dans le silence ils se disent plus de choses que dans le dialogue. Julien croise le regard de Jérémy dans le reflet que le miroir de l'ascenseur leur renvoie. Il a l'air inquiet, il a l'air triste, il a surtout l'air effrayé, derrière cette fatigue qui le ronge. Les cernes et le teint pâlichon, voilà qui devrait faire plaisir au Grand JD, ce bâtard qui s'est permis de porter le même prénom que lui. (Julien sait que ce n'est pas de sa faute, il prendrait juste toutes les raisons possible et imaginables pour lui en vouloir.) Tout ça, ces petits détails, ça permettra d'insister sur leur misère. La barbe joue aussi, grandement. Ils ne sont pas rasés depuis des mois, depuis le début de la pneumonie surtout. C'est pire, bien sûr, pour Jérémy, avec sa barbe de clodo. Ça creuse dans le pathos. C'est parfait pour leur plan.
Julien est obligé de penser au plan. Sinon derrière ces cernes et cette pâleur, il revoit l'image de Jérémy, blanc comme la mort, allongé dans la tente, frissonnant de fièvre. Cette image le hante toujours.
Il préfère l'image de lui, blotti dans le creux de son épaule, la joue contre sa clavicule, au chaud contre lui. Cette image de calme dont ils ne profitent jamais. Que Julien voudrait avoir. C'est drôle, lui qui ne connaît pas le calme, soudain il le voudrait plus que tout. Encadrer Jérémy dans ce calme. Pour une fois dans sa vie, Julien se disait Je suis en paix ici et maintenant. J'aimerais rester comme ça, dans cette position, avec lui pour toujours.
Il ne sait pas s'il peut vraiment dire 'j'aime Jérémy'. Enfin, bien sûr, il l'aime parce qu'il est son meilleur ami depuis qu'ils sont nés. Mais dire 'je t'aime' à Jérémy, ça c'est une toute autre chose.
Il en est désorienté. Il vivait dans une sorte de violence, une violence contre lui, un refoulement aussi peut-être, un refoulement de ce qu'il ressentait. L'absence de Jérémy dans sa vie, c'était une violence, c'était contre-nature, et pourtant c'était lui qui était parti. Rester trop longtemps avec lui sans se confronter aux sentiments compliqués qu'il ressentait pour lui, ça devenait invivable.
Et désormais il voudrait que chaque nuit soit ainsi ; c'est comme avoir goûté à une drogue et ne plus pouvoir s'en passer.
«J'ai juste. La trouille, je crois, Jérémy murmure alors que l'ascenseur atteint l'étage du Grand JD.»
Bien sûr qu'il a la trouille. Après tant d'années d'amitié, Julien sait le lire sur son visage derrière ses yeux sages. Si le Grand JD s'aperçoit de leur petit manège, ils sont foutus. S'ils ratent maintenant, ils sont foutus. Et c'est sûrement pour cela que Jérémy panique : il a peur de l'échec.
Julien cherche sa main à ses côtés, la trouve, et dès qu'elle est dans la sienne, il entend Jérémy relâcher un souffle qu'il devait garder bloqué dans ses poumons.
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La Dette
General FictionJday et M. Connard se retrouvent forcés à (sur)vivre ensemble dans une tente après la connerie monumentale du second. Ils doivent trouver le moyen de rembourser une dette de 150000 euros avec le minimum vital, sous peine de se retrouver humiliés par...