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Riccardo me donna une serviette pour que j'essuie mes cheveux trempés par l'averse. J'étais assise sur sa chaise de bureau, tendis que lui était sur son lit. Il avait les bras joint sur ses genoux, l'air grave. J'avais peine à réaliser ce qui s'était passé. J'étais simplement rassurée de savoir que personne ne se douterait de là où j'aurais pu aller. J'avais envie d'appeler Shun pour le rassurer, mais pour l'instant, je devais juste revenir à mon état normal. Riccardo avait bien compris ce qui s'était passé, malgré que je n'ai pas eu à lui raconter. Cela faisait parti de ce qui nous unissait. J'avais les yeux rivés au sol, essorant avec délicatesse ma chevelure. Un silence pesant régnait.

- Je suis désolée... murmurai-je en brisant ce dernier

- Désolée de quoi ? D'avoir fui un danger ?

- Tu... tu m'avais dit que je pourrai toujours venir chez toi si il y avait un problème et... j'ai instinctivement couru vers toi

Il se leva et vint s'accroupir devant moi, à ma hauteur. Il passa sa main dans une mèche de cheveux, avant de la remonter vers mon visage, pour ainsi le caresser d'une douceur sans égal.

- Tu peux rester aussi longtemps que tu le voudras

J'esquissai un sourire timide. La chaleur de sa main me rassurait tant. J'étais maintenant, sans m'en être rendue compte, plongée dans son regard. Il passa sa main sur ce qui devait être un bleu, je laissai échapper une grimace de douleur.

- P-pardon, dit-il en retirant sa main, tu veux de la glace, ou quelque chose ?

J'hochai la tête en signe de négation. Tout ce dont j'avais besoin était devant moi. Nous étions enfin ensemble, et là, personne ne pourrait nous séparer, rien ni personne. Je sentis mes joues rougir.

- Riccardo... balbutiai-je, je crois que... non je suis sûre que... je t'ai-

Quand l'instant sembla être à la révélation, il prit mon visage entre ses mains à ma grande surprise et m'embrassa. Comme personne ne m'avait jamais embrassé. Sincèrement, passionnément. Je lui rendis son baiser, plus passionné encore. Un courant électrique sembla parcourir nos deux êtres. Nous nous levâmes, sans nous séparer pour autant, et je passai mes bras autour de son cou. L'instant je laissai pas de place à la réflexion. Aucune réflexion. Notre baiser devint plus fougueux, plus empli de désir. Nous savions ce que nous voulions, à l'instant. Il descendit ses mains jusqu'au creux de mon dos, me donnant des frissons. Je passai mes mains dans ses longs cheveux, si doux.

Mais je ne pouvais pas.

Je n'en étais pas capable.

J'eus des visions.

De mes parents. De moi, de Shun.

Des visions d'horreur. Comme ce que je venais de vivre. Ce n'était pas la première fois que je me retrouvais avec des bleus partout.

Je cessai le baiser, des larmes montant subitement au coin de mes yeux.

- T-tout va bien ?! S'inquiéta Riccardo

L'instant désir passa rapidement à l'instant réconfort. Il me reprit dans ses bras.

- Je sais que papa m'a déjà fait du mal... pourquoi maintenant... sanglotai-je

- Ce n'est pas ta faute...

Il chuchotait pour me rassurer, me disait que je venais de vivre un événement traumatisant, en réveillant d'autres.

- Qu'est-ce que je vais faire maintenant...

Il me prit les épaules et me regarda dans les yeux.

- Maintenant, tu vas rester avec moi, le temps que tout cela se calme

- Mais je veux pas rentrer ! Jamais !

- Tu resteras tout le temps qu'il faudra...

Je reniflai. Si seulement l'instant d'avant avait pu durer pour toujours.

- Je... je t'aime Riccardo

Il me serra de plus belle, froissant ma veste de sport.

- Je t'aime aussi Lydia, susurra t-il

*

Riccardo me donna des affaires pour que je m'installe dans une chambre vide juste à côté de la sienne. J'étais partie sans aucune affaire à moi, qui plus est.

- Si tu as un quelconque problème n'hésite pas à venir me voir, me dit-il en souriant, alors... il ne me reste plus qu'à te dire bonne nuit

Je lui sourit et lui répondit un « bonne nuit » assez déprimant. Il ferma la porte. Je me retrouvai seule, dans une immense pièce presque vide. En tout cas sans lui, ce qui était à peu près la même. Le silence et l'obscurité m'enveloppa dans une sorte de chaos existentiel. Je repensai à tout ce qui venait de m'arriver. Jamais je n'arriverai à dormir. Cependant, je savais qu'il était là. Juste à côté. Un unique mur nous séparait. Que ce serait-il passé tout à l'heure si je n'avais pas réagi ? J'avoue que j'aurais aimé le savoir. Je m'allongeai dans ce lit inconnu et fixai le plafond.

« Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? »

Je ne pus penser plus, à bout de force, avant de tomber dans les bras de Morphée.

Et je savais déjà de qui j'allais rêver.

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