26

152 7 2
                                    

PDV Lydia

Je n'avais pas ressenti cette chaleur en moi depuis un certain temps. Je ne saurais dire combien. J'étais dans une sorte de perpétuel rêve profond, indescriptible, psychédélique. Ce dont j'étais maintenant sûre, c'est que je me souvenais. De tout. Tous les malheurs, comme tous les bons moments. Et cela me donnait envie de vivre plus que tout. Avec Riccardo, pour toujours.

Mais étais-je au moins en vie ? Difficile à dire. Je naviguais dans l'espace temps, comme si j'errais déjà dans l'au delà, dans le rien, le néant.

Je n'étais pas vraiment consciente de ma position à cet instant. J'essayais de me souvenir, à l'instar de mon passé, des derniers instants qui m'avaient conduits dans ce vide métaphysique.

Mais rien.

Ou peut-être que...

Les derniers instants avec Riccardo avant que j'aille chercher des affaire me semblaient clairs. Et si agréables. Je savais que je devais partir alors, le coeur déchiré, je m'étais rendue aux vestiaires. Puis, plus rien. M'étais-je pris quelque chose sur la tête ?!

Alors, c'était cela, je n'étais plus de ce monde ?

Quelque chose semblait scintiller dans mon champ de vision. Un faisceaux, un point peut-être. La seule once de lumière qui me frappait pour la première fois depuis un temps si indéterminé. Soudain, une voix reconnaissable s'empara de mon ouïe. Janis. Elle répétait que c'était de ma faute, que je lui avait volé Riccardo. Qu'elle voulait me faire du mal. Qu'elle voulait se venger. Les voix se multipliaient, plus nombreuses et plus fortes, mais je ne pouvais pas fuir, comment fuir le néant ?

Résonnants dans ma tête, je ne pouvais que me débattre contre moi-même. Mais j'avais compris. Janis m'avait-elle attaqué ? Il semblait que oui. Je ressentis alors de l'angoisse, sensation que je n'avais pas expérimenté depuis tout ce temps. C'était fort. Mon esprit se perdait, semblait se fondre avec le rien. Mais alors, je commençai à entendre une autre voix familière, plus claire cette fois. Elle surpassait peu à peu celle de Janis, qui disparaissait alors. Mon rythme cardiaque sembla s'accélérer. La lumière qui me semblait si lointaine commença à se rapprocher, à me ramener de l'obscurité totale vers quelque chose de rassurant. J'avais l'impression que j'étais en train de rejoindre le paradis, persuadée d'être déjà morte.

Et dans ce paradis, j'entendais la voix de Riccardo.

Je commençai soudain à entendre d'autres voix, comme des médecins, des bruits de machines, de l'agitation. Je commençai alors a pouvoir me réapproprier mon corps, et la première chose que je fis par instinct fut d'ouvrir les yeux d'un coup d'un seul.

Ce qui semblait être un médecin sursauta. Je balayai rapidement la pièce du regard, désorientée. Je reconnus immédiatement la touffe brune de Riccardo derrière l'encadrement de la porte. Sa mine, d'abord petite, sembla s'illuminer lorsque nos regards se croisèrent. Le médecin, accompagné d'une infirmière aux cheveux lilas attachés en un chignon bas, sembla pressé quant à mon état. Il s'adressa à la jeune femme en tenue d'infirmière.

— Camélia, je vous prie, allez vite me chercher le brancard qu'on l'emmène en salle de soin

— Hein ?! M'écriai-je pas tout à fait encore consciente

Le docteur sembla m'ignorer. Je lançai instinctivement un regard désespéré en direction de Riccardo, qui demeurait impuissant. On m'emmena en salle de soin, on me fit des piqûres, des trucs, tout le monde parlait encore comme si j'étais inexistante, me donnant la curieuse impression que je n'étais pas revenue dans le monde réel. La confusion était maîtresse de mes émotions. Une certaine douleur a l'abdomen fit surface, à force qu'ils s'attardent sur cette zone. Peut-être que j'avais été blessée. De toute façon, j'étais incapable de comprendre quoi que ce soit.

Au bout de longues heures de patience, on me ramena dans ma chambre, là où celle qui s'appelait Camélia m'adressa la parole pour la première fois.

— Tu es sortie d'affaire chérie, une ou deux semaines ici encore et tu sortiras

Tant de questions me taraudaient. Mais sa voix calme et douce atténuait l'angoisse de l'inconnu qui se dressait devant moi.

Ma mère voulait d'abord être la première à me rendre visite, avant qu'elle constate que Riccardo et moi avions une envie folle d'être à nouveau ensemble.

Son regard était moins percutant que d'habitude. L'inquiétude se lisait sur son visage. Je pouvais voir en lui comme dans un livre ouvert.

— Tu sais, dis-je calmement pour redescendre la tension, maintenant je me souviens de tout, de mon passé quoi

— Lydia, me coupa t-il, j'ai eu si peur

Ses yeux s'emplirent de larmes. Je n'osais pas reprendre. Son regard était plongé en direction du sol.

— J'ai cru que...

— On s'en fout de ce que t'as cru, je suis là maintenant

— Je sais mais...

Je lui mis les mains sur les épaules.

— Je n'ai absolument aucune putain d'idée de ce qui m'est arrivé, mais tout ce que je sais, c'est que maintenant je suis bien là, bien consciente, et toi aussi

Il soupira.

— Janis a été arrêté

— C'est donc ça...

— Probablement

— Elle m'a planté cette salope

J'essayais de garder un faux ton humoristique pour éviter que Riccardo ne s'effondre en larmes devant moi. Il sourit en coin.

— C'est quelque chose comme ça oui...

La porte de la chambre toujours ouverte, nous entendîmes quelqu'un arriver en courant. Une chevelure bleu turquoise semblait être la cause du vacarme. Une infirmière semblait lui crier après du style « arrête de courir dans l'hôpital sale gamin ».

— Aitor !

— Désolé je... dit-il essoufflé en posant ses mains sur ses genoux, j'ai appris que tu t'étais réveillée alors... Lydia !

— C'est moi

Il vint vers moi et me prit dans ses bras avec fougue. Riccardo laissa échapper un froncement de sourcils, puis remarqua la présence de son ami Gabi, planté dans l'encadrement de la porte, visiblement désemparé par l'excitation de son probable nouveau petit ami.

Les instants émotions étaient intenses, Arion vint ensuite, ne nous laissant plus une seconde seuls Riccardo et moi. Je semblait revenir d'un espace temps différent, là où je naviguais seule. Malgré les différents, je me retrouvais à nouveau avec des personnes chères à mes yeux. 

Et c'est ce qui me rendait désormais heureuse.

Dismiss [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant