Part 24

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Je ne l'entend plus après ça, je suppose qu'elle est partie. Je soupire avant d'enfoncer la tête dans mon oreiller; je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi pénible que cette fille.

- Je sais qu'elle est pénible mais c'est parce qu'elle ne veut pas partir.

Partir? Comment ça partir?

Wendy m'explique alors qu'elles étaient encore là parce que d'une certaine manière elles avaient des rancoeurs qui les retenaient.
Elle, elle en voulait à la bande à Polo pour lui avoir ôté la vie et Ali en voulait à MH pour la même raison.
Maintenant, puisque j'ai éliminé toutes les personnes qui les avaient fait souffrir, elles n'ont plus de raison de ne pas reposer en paix.
Je me tiens la tête entre les mains une fois son récit terminé. Moi qui croyait bêtement qu'une fois ma vengeance terminée nous pourrions continuer tous ensemble, je me berçais visiblement d'illusions.
Sans le contrôler, des larmes commencent à couler et, pris d'une colère soudaine, je me met à balancer tout ce qui se trouve à ma portée.
Je pleure et hurle tout mon malheur en réduisant ma chambre en pièce.
Je crois que c'est le trop plein d'émotions que j'ai refoulé depuis la mort de Alia qui fait surface et la vague est dévastatrice.
Une fois que je n'ai plus d'objet à casser, c'est mon corps que j'ai envie de détruire ce qui m'emmène à soulever un morceau de miroir cassé, devant les yeux imbibés de larmes de mes deux amours, et à me trancher les deux poignées.
Il ne faut pas longtemps pour que la perte d'autant de sang commence à comprimer mon cerveau et que je tombe dans les vapes.
Je sens alors une immense sensation de bien-être prendre possession de mon corps et je souris car, pour la première fois depuis longtemps, je peux toucher les deux femmes de ma vie...
Je plane pendant un certain temps dans cette enveloppe de confort avant de me sentir soulevé et transporté pour aller je ne sais où. Alia et Wendy me tienne la main en me traitant de tous les noms d'oiseaux qu'elles connaissent mais je n'en ai cure; je peux enfin sentir leur touché.
Les voix et l'agitation qui sont autour de moi me paraissent lointaines et la sensation de bien-être devient de plus en plus grande.
Je me vois vêtu de blanc, dans le parc où j'ai revu Wendy pour la première fois. Je suis avec elles, je suis heureux et je me sens poussés des ailes.
Je parseme le doux visage de Alia de baisers alors qu'elle est en larme me demandant de repartir.

- Ce n'est pas encore ton heure, tu dois repartir.

- Je... (baiser) n'en... (baiser) ai... (baiser) pas...(baiser) envie...(baiser)

- Mais tu le dois. Ajoute Wendy qui était resté un peu en retrait.

- Je ne veux pas ! M'écriais -je. Tu ne sais pas le calvaire intérieur que je vis depuis que je ne vous ais pas physiquement avec moi. La seule chose qui empêchait mon esprit de sombrer c'était le fait que j'allais continuer à vous voir jusqu'à ce que je meurs à mon tour. Mais, vous allez partir et je vais me retrouver seul; tout seul. Terminais-je en éclatant en sanglot.

Wendy se rapproche doucement de moi et prend ma main dans la sienne.

- Tu n'es pas seul Stani, tu ne seras jamais seul. Tu as une carrière, un fils, des amis, une famille, des fans qui ne veulent que ton bonheur. Et, tu nous as toutes les deux même si tu ne pourras plus nous voir; nous serons toujours là dans ton cœur et dans tous les murs de ta maison.

- Ce n'est pas suffisant. Je vais devenir fou Wendy, fou parce que...

Cependant, un choc à la poitrine me fait sortir de cet endroit paradisiaque et me ramène à la dure réalité de la vie; ils ont réussis à me ranimer, Je ne suis plus mort.
Je me débat avec les infirmiers qui tentent de me maintenir en place et tente de retirer les perfusions qui relient mon bras à des machines.
Je ne veux pas, Je ne veux pas être vivant, Je ne veux pas vivre dans un monde où il n'y'a plus de Wendy ni de Alia. Je ne veux pas continuer à souffrir sans possibilité d'aller mieux un jour.
La bas dans ce jardin, Je me sentais bien, Je me sentais vivant, Je me sentais heureux; plus heureux que je ne l'ai jamais été sur cette terre. Mais, ces satanés médecins ont réussis à m'arracher à se bonheur.
Ils réussissent à m'immobiliser et à m'injecter un calmant.
C'est alors que peu à peu, Je sombre dans les profondeurs d'un sommeil sans rêves...

Deux jours plus tard

Un brouhaha dans la pièce voisine me tire doucement de mon sommeil.  Voilà deux jours que je suis ici et que ses fichus médecins me gave de drogue pour ne pas que j'essais de sortir de cette chambre lugubre.
Hier, mon fils est passé avec sa maman mais je n'ai pas voulu les recevoir parce que j'ai honte de ne pas avoir envie de vivre pour lui.
Je n'ai plus envie de continuer cette existence misérable qui est la mienne, cette existence dans laquelle tout ce que j'aime m'est forcément enlevé d'une manière ou d'une autre. Je sais que c'est égoïste de ne penser qu'à soi quand on a un héritier à élever mais je ne peux m'empêcher de me dire que ma mort lui sera bénéfique. Il n'aura pas à vivre avec un père dépressif qui en veut à tout le monde. Si je reste, j'ai peur de finir par le détester d'être mon dernier raccord à cette vie.
C'est donc au son de l'agitation de cet hôpital en état d'urgence que je retire une à une mes perfusions, que je sors de ma chambre en titubant et que je me dirige vers les toilettes les plus proches.
Une fois à l'intérieur, je m'enferme et donne un grand coup dans le miroir juste au dessus du lavabo.
Alors que je m'apprête à en retirer un morceau, une silhouette se reflète à travers lui; mon Alia.

- Tu ne devrais pas faire ça Stani.

- Mais je vais le faire.

Je joint l'acte aux mots et je retire mes bandages aux poignets. Je jette un coup d'oeil dans le miroir, elle est toujours là. Alors, je regarde son reflet droit dans les yeux et prononce mes derniers mots:

- Pour toujours.

J'enfonce le bout de miroir dans ma plaie déjà ouverte et la lassere jusqu'au sang. Je m'ecroule et attend doucement l'échéance.
Couché sur ce sol froid, Je me demande une dernière fois à quoi sert la vie si on ne doit que souffrir et perdre des gens qu'on aime.
La douleur est d'abord vive mais s'estompe pour laisser place à la sensation de rien; je ne ressens rien. Je n'ai plus peur, plus faim, plus mal; Je ne souffre plus. L'étreinte de la faucheuse se resserre petit à petit et je retrouve enfin la sensation d'extrême bien être que j'ai ressenti la première fois.  Ça y est, tout est fini...

Welcome to the sale... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant