Part 25

129 6 2
                                    

J'enfonce le bout de miroir dans ma plaie déjà ouverte et la lassere jusqu'au sang. Je m'écroule et attend doucement l'échéance.
Couché sur ce sol froid, Je me demande une dernière fois à quoi sert la vie si on ne doit que souffrir et perdre des gens qu'on aime.
La douleur est d'abord vive mais s'estompe pour laisser place à la sensation de rien; je ne ressens rien. Je n'ai plus peur, plus faim, plus mal; Je ne souffre plus. L'étreinte de la faucheuse se resserre petit à petit et je retrouve enfin la sensation d'extrême bien être que j'ai ressenti la première fois. Ça y est, tout est fini...

-C'est avec une immense douleur que je te dis aujourd'hui aurevoir mon ami, mon frère,mon artiste préféré comme j'aimais t'appeler. Tu étais une personne formidable et je suis désolée que la vie t'ai autant détruite... Vas en paix Stani, nous ne t'oublierons jamais. Disait un jeune homme en jetant une poignée de sable sur un cercueil déjà en terre ne demandant qu'à être enseveli.

S'en était fini, une semaine auparavant celui qui répondait au nom de Niska n'était plus de ce monde, il s'était donné la mort dans les toilettes de l'aile psychiatrique de l'hôpital saint Louis de Paris pour une raison totalement inconnue du grand public. Seul une poignée de personne savait pourquoi il avait fait ça, dont lui, et ils s'étaient evertué à étouffer l'affaire afin de ne pas entâcher l'image de leur proche.
En effet, qu'aurait dit l'opinion publique si elle avait appris que ce grand rappeur avait fini par perdre la raison et se suicider parce que n'ayant pas supporter la mort d'une femme qui, à première vue, n'était que son assistante? Mal, sûrement très mal. Et, elle se serait arrangée pour que les mémoires retiennent cet acte pendant des années.
Non, décidément non, il ne fallait pas laisser faire ça surtout que sa disparition, il y'a quelques mois, de la vie publique avait soulevé de nombreuses questions qui, Dieu merci, était restée sans réponse.
Il s'était promis de ne laisser personne salir son ami et il tiendrait sa promesse.
C'est donc le coeur lourd que Skaodi regardait les faussoyeurs diriger leurs pelles remplis de sable sur le cercueil qui enfermant son ami. Petit à petit, on ne voyait plus que la terre et la pierre tombale: Ici répose Georges Stanislas Malif Dinga-Pinto. Un ami, un père, un frère. 1994-2020.
Il regarda ces mots une dernière fois et se retourna pour rejoindre la route. Il avait l'impression de tourner le dos à son frère mais c'était la vie, et lui-même, qui avait choisis cette situation...

Une fois chez lui, il se lava pendant longtemps pour effacer l'odeur de la terre mouillée qu'il sentait sur lui mais l'odeur était persistante comme si elle était là pour lui rappeler ce qu'il avait vécu ce jour; c'était insupportable.
C'est donc tout nu dans sa douche que Skaodi se décida enfin à extérioriser sa douleur et à verser des larmes. Tout en pleurant, il se rememora les derniers mois de la vie de son ami; quels mois!
Il l'avait retrouvé le soir de l'enterrement de Alia entrain de crouler sous une pile de feuille de papier. Apparemment, l'inspiration lui était subitement revenue et il se noyait de travail. Skaodi n'avait pas trouvé sain qu'il évacue sa douleur de cette manière mais son ami lui avait laissé entendre que ni Wendy ni Alia n'aurait aimé le voir se morfondre et que pour leur mémoire il se devait de travailler dur.
Cette situation avait duré pendant quelques semaines et il avait fini par se dire que la thérapie du travail marchait effectivement car, même si il ne sortait pas beaucoup de chez lui, il avait l'air d'aller bien. Il l'avait même retrouvé un soir entrain de sourire tout seul en parlant à voix basse. Il y voyait un signe de guérison mais il avait rapidement fini par se rendre compte que quelque chose clochait.
Stani parlait avec des gens invisibles et disait que Wendy et Alia venaient lui rendre visite et qu'elle lui avait donné la mission de les venger. Il était devenu obsédé par cette histoire et echafaudait des plans pour retrouver les assassins des femmes de sa vie comme il disait.
Ayant peur pour lui, Skaodi ainsi que sa famille avait jugé bon de le faire admettre à l'hôpital pour qu'on s'occupe de lui. Cette décision avait semblé être la meilleure car il redevenait lucide quelques fois et parlais normalement sans mentionner les jeunes femmes décédées.
Alors, alternant entre lucidité et perte de repère il avait passé plusieurs mois dans cet etablissement. Il avait, bien évidemment, tenté de s'enfuir mainte fois sous prétexte qu'il devait passer voir son otage pour le torturer mais heureusement, le personnel de l'hôpital était plus que compétent et arrivait toujours à le maîtriser.
Il avait également tenté de mettre fin à ses jours à 6 reprises mais avait toujours pu être sauvé. Le médecin avait alors diagnostiqué une dépression aigue assortie d'un état psychotique le tout accompagné d'hallucinations.
Le jeune homme avait cru mourir en entendant le diagnostique car il était à présent sûr que son ami ne s'en remettrait jamais complètement et qu'il ne serait plus le même.
La situation lui pesait et la pression médiatique n'arrangerait rien.
Tout le monde se demandait où était passé Niska après que deux de ses assistantes aient été tués en l'espace de quelques mois. Des conspirationnistes allaient même jusqu'à dire que c'était lui qui les avaient tué et qu'il était en fuite pour ne pas se faire attraper par la police. Balivernes! Lui savait très bien que la bande à Polo avait tué Wendy en loupant Stani et MH avait tué Alia dans des circonstances similaires.
Avec le temps, il se disait que lui aussi aurait sombré dans la dépression si il avait dû perdre deux personnes importantes en aussi peu de temps et surtout de la même manière. Mais il espérait quand même que son ami s'en sorte.
Helas, ça n'avait pas été le cas et il avait réussi à en finir avec sa vie.
Skaodi se rappellerait à jamais la dernière journée de son ami.
Il l'avait trouvé plutôt lucide ce jour là, il semblait aller bien. Ils avaient même discuter pendant longtemps et le rappeur lui avait dit qu'il avait des idées de chansons et qu'il était sûr qu'après son internement il ferait un grand album. Le jeune homme avait senti la flamme de l'espoir brûler dans sa poitrine; tout n'était pas forcément perdu.
Cependant, les choses s'étaient gâtées quand Niska avait commencé à crier et à se débattre disant que Wendy et Alia allaient partir et qu'il devait trouver un moyen de les rejoindre. Il avait tenté deux fois de retirer ses perfusions mais on l'en avait empêché en lui injectant un tranquillisant.
Lui, avait dû partir pour régler une urgence. C'est sur le chemin du retour qu'on l'avait appelé pour lui balancer la bombe: son ami avait été retrouvé mort dans les toilettes; il s'était tranché les veines.
Il avait accouru aussi vite qu'il avait pu et avait remué toute l'aile psychiatrique de Saint Louis pour comprendre comment on avait pu laisser un patient dépressif trouver un endroit où il pourrait avoir une infinité d'objet pour se donner la mort. Personne n'avait su lui répondre. Il s'était alors effondré en se tenant la tête mais en se jurant de ne pas verser de larmes; c'était à lui que revenait la charge d'informer la famille et d'organiser les funerailles.
C'est tout ceci qui l'avait conduit au moment actuel, à ce moment où il lui était impossible de continuer de refouler la vague destructrice qui bouillonnait en lui depuis sept longs jours.
Il cria, frappa les murs et pleura jusqu'à ne plus avoir de voix.
Son ami, son frère n'était plus.
Son ami, son frère s'était suicidé. Il ne le reverrait plus jamais, ils ne riraient plus jamais ensemble, ils ne se disputeraient plus pour se réconcilier la minute d'après, ils ne sortiront plus s'amuser ensemble...
Stani n'était plus et lui regrettait, à cet instant précis, d'avoir insisté pour qu'il garde Alia comme assistante...

A quelques kilomètre de là, un petit garçon pleurait son père et refusait de manger. Sa mère avait tout fait pour le sortir de sa chambre mais rien n'avait marché; il ne voulait plus rien faire.
Il avait assisté, impuissant à la descente aux enfers de son géniteur et il n'avait rien pu faire pour l'aider. Il se rappelait de toutes ces fois où il était allé le voir sans qu'il ne le reconnaisse vraiment.
Son père avait souffert pendant longtemps mais la mort n'étais pas une solution pour lui. Il avait été égoïste et n'avait pas pensé à lui avant de s'en aller à jamais.
Sa mère lui dit qu'il n'y voyait plus assez clair mais lui ne veut pas l'entendre; son père aurait dû lutter pour rester lucide, pour rester en vie... Au moins pour lui...

Devant les portes de Universal, des milliers de fans deposaient des fleurs et des bougies devant les photos de leur idole. Ils n'arrivaient pas à croire qu'un homme aussi jeune et si plein de vie se soit donné la mort.
Il n'avait pas l'air mal en point mais ça, ils ne pouvaient pas le jurer vu qu'ils ne l'avaient pas vu apparaître en public depuis des mois.
La douleur était trop grande et, sans même l'avoir connu directement, des milliers de français pleuraient un jeune homme parti trop tôt et, tout Paris d'une même voix avec le reste de la planète disait:

RIP NISKA 🕊

Welcome to the sale... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant