Octave avait tout vu. Il avait assisté à toute la scène de braquage dès le début. Il a vu ces gangsters entrer dans la banque toutes armes dehors, dépouiller les braves gens dans la banque avant de les forcer à se coucher au sol. Non seulement ces bandits sortis d'un cirque s'en étaient pris à son frère mais en plus il les a vu prendre leurs billets. Ses billets ! Cela l'exaspérait encore plus que de voir son frère se faire malmener... Il ne connaissait pas le montant exact qu'Augustin avait sur lui mais il l'estimait autour des 1500$.
Il n'en pouvait plus, il frémissait derrière son volant. Il se retenait de sortir et de dérouiller l'homme à la tête de cheval qui attendait également derrière son volant. Soudain l'alarme de la banque gronda et l'extirpa de ses envies de meurtre. En observant par les vitres de la banque, il ne vit plus que « Chat » et « Cheval » qui menaçaient les otages de leurs armes automatiques en hurlant jurons et instructions pour que tout le monde reste bien au sol.
« Où est passé ce satané porcinet de mes deux ?!» se demanda-il. Tout en essayant de ne pas se faire remarquer par l'espèce d'équidé aztèque caché derrière un moteur de plus de 200 chevaux, Octave tendi sa colonne vertébrale et se dandina comme un verre de terre pour essayer d'apercevoir mieux ce qui se passait dans l'établissement. Il mourrait d'envie de sortir et de régler le compte à ces animaux. Bien que la situation était compliquée, il s'en sentait capable. La nervosité ne l'aidait probablement à évaluer correctement ses chances de réussite.
Il était sur le point de craquer quand enfin « Cochon » réapparu dans la salle principale à l'avant de la banque. De toute évidence il venait de s'être servi dans les coffres. Les trois braqueurs sortirent ensuite d'un pas décidé de la banque sous le bruit tonitruant de l'alarme qui se cessait de beugler.
Octave actionna nerveusement la poignée des phares de leur camping-car pour attirer l'attention d'Augustin. Celui-ci venait à peine de se relever tandis que la Subaru rouge s'apprêtait à décoller avec ses quatre passagers et une belle récolte fraichement embarquée.
Encore sonné et pris d'émotion le prêcheur qui s'était redressé sur ses deux jambes dans la banque se tourna d'abord vers les personnes en état de choc autour de lui. Son attention fût ensuite attirée à l'extérieur où son frère s'évertuait à lui faire des appels de phares.
Sans réfléchir, il s'executa et sorti de la banque en courant vers leur vieux Chevrolet où l'attendait impatiemment son jumeau, alors que la Subaru Impreza s'éloigna en faisant grogner son moteur avec autant de vacarme qu'un rassemblement des Hell's Angels.
En montant à bord du mobile-home, Augustin humecta l'odeur de diesel brulé que le bolide rouge avait laissé derrière lui. Juste après avoir claqué sa portière, il se senti projeté au fond de son siège. Son crâne frappa l'appuie-tête de son siège. Il réalisa soudain qu'Octave venait de les lancer à la poursuite de quatre bandits armés jusqu'au dent.
Augustin n'avait pas encore repris tout ses esprits suite au braquage, il essaya de prononcer quelques mots au bord des larmes : « Ils m'ont... ils... tout ». « Je sais » répondu sobrement Octave. Un ange passa, le silence dans l'habitacle était étouffé par le bruit du moteur du mobile-home qui n'avait probablement jamais emporté sa vieille carrosserie à de pareilles pointes de vitesse de toute sa carrière. « On ne va pas les laisser faire frère » enchaîna ensuite le prêcheur à la cicatrice après plusieurs secondes de silence. « On ne va pas les laisser faire » insista-t'il, le pied sur la pédale d'accélérateur enfoncée à son maximum.
Augustin agrippa fermement la poignée de plafond de sa main droite tout en fermant les yeux. Il se mit intérieurement à prier et implorer le Seigneur de les épargner. Il n'avait pas la force d'essayer de raisonner son frère. Il savait pertinemment qu'ils couraient tout deux à leur perte mais il était incapable de sortir le moindre son de sa bouche. Il était contraint malgré lui de suivre Octave dans sa folie. Puisse celle-ci ne pas les mener au bord du gouffre. Il pensa à leur Abuela qui n'aurait bientôt plus de leurs nouvelles car ils allaient bientôt se faire enterrer au milieu du desert du Colorado par des malfrats à têtes d'animaux se dit il. « Et encore si on ne meurt pas dans un accident de voiture avant cela » continua t'il de se dire. Il s'efforça de chasser ses pensées morbides pour se concentrer sur sa prière.
Octave tenait fermement le volant, le regard fixé sur l'horizon. Non loin de cette ligne fictive qui reculait à chaque seconde, la voiture rouge qui filait à toute allure. Il brûlait les feux de signalisation, les uns après les autres. Par chance, le traffic routier était relativement paisible.
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Twin Preachers Tour
Misteri / ThrillerBordel ! D'habitude lorsque l'on nous appelle un Jeudi soir pour secourir une petite vieille, il s'agit de récupérer son chat coincé dans un arbre. Avec le déluge de pluie et les éclairs qui s'abattent sur notre tête depuis la tombée du jour, je se...