Douce chute

Chapitre 1

"Ne le prends pas personnellement, je mens à tout le monde."

Le plus grand rêve d'Izuku Midoriya était de devenir un héros. Le numéro un des héros. C'était aussi celui de son meilleur ami de l'époque, Katsuki Bakugo. Un blond très sûr de lui, bagarreur et un peu vantard sur les bords.

Ils attendaient avec impatience leurs alters pour pouvoir être des grands héros ensemble. Ils se soutenaient mais tout bascula lorsque Bakugo eut le sien. Il pouvait produire des explosions avec la sueur de ses mains.

Izuku avait été très heureux pour son meilleur ami qui prit rapidement la grosse tête. Les adultes s'enthousiasmant sur son alter et le félicitant n'aidaient pas. Le blond commença à se créer un petit groupe d'admirateur parmi les enfants de leur âge en oubliant le vert.

La suite était prévisible, pauvre Midoriya. Il a été mis de côté dans la classe petit à petit jusqu'à devenir le fantôme qui suivait Katsuki essayant tant bien que mal de se faire apercevoir par son meilleur ami qui ne l'était plus.

Puis la sentence tomba, il était un sans-alter, il n'aurait jamais d'alter. Les camarades de classe le taquinèrent pour ça, devenant de plus en plus dur avec lui, les moqueries s'amplifiant et Bakugo suivit le mouvement. Mal dans sa peau Izuku essaya de se raccrocher à la dernière chose qu'il avait.

Son amitié avec le blond, mais il comprit bien vite que plus personne ne l'aimait quand il fut affublé du surnom de bon à rien "Deku". Pire, Katsuki aimant le regard des autres attentifs sur lui commença à dévoiler tout ses secrets.

Le premier coup arriva quand ils surent qu'il voulait devenir un héros même sans alter. Puis tout s'enchaîna. Les moqueries, les insultes et les coups évoluèrent au fil du temps jusqu'à la fin du collège où il fallait choisir son futur lycée. Voulant poursuivre son rêve il voulut intégrer U.A le meilleur lycée de super-héros, celui-là même où était allé All Might le numéro un.

Bakugo aussi voulait intégrer U.A et ne supportait pas le fait que Izuku pense encore avoir une chance d'y entrer. C'est vrai, pour être un héros il faut avoir un alter, du moins c'est ce dont était convaincu le blond. Alors il dit des choses horribles, qu'il regrettait dès que les mots sortirent de sa bouche, pour essayer vainement de faire renoncer le vert.

Midoriya était têtu et puis il n'allait pas renoncer à une des deux choses qui le gardait en vie. Car deux choses le faisait tenir debout en ce moment et si elles disparaissaient, il ne saurait pas ce qu'il deviendrait... sûrement qu'il se laisserait partir.

La première chose était son rêve de devenir un héros, le numéro un.
La deuxième chose était sa mère, la dernière personne qui l'aimait.

Il s'accrochait à ses deux choses, son rêve qui devait être son avenir sinon, que ferait-il ? Et l'amour de sa mère qui le soutenait moralement sans comprendre pourquoi Izuku ne semblait pas avoir d'amis.

Il rentrait chez lui et la douche froide que tout le monde connait s'était abattu sur lui quand le numéro un des héros, All Might, l'avait sauvé d'un vilain et que le vert lui avait posé la fameuse question.

« Peut-on devenir un héros sans alter ? »

La réponse négative du symbole de la paix avait achevé Izuku d'un coup. Il était rentré chez lui l'esprit vide, les espoirs brisés, le rêve piétiné sans douceur et une moitié de sa vie emportée par l'avalanche causée par l'idole.

Sa mère n'avait pas put lui arracher le moindre mot pendant plusieurs jours, l'inquiétant au plus haut point. Après s'être remis de sa chute le vert a dû ouvrir les yeux, se brûlant à la lumière du soleil.

Il a dû se résigner à choisir un autre lycée, un autre avenir, trop douloureux. Au fond il ne se l'est pas avoué mais il était en colère contre cette société qui ne l'acceptait pas, qui ne l'avait jamais accepté tel qu'il est, contre le héros qui avait détruit toutes ses espérances, contre lui-même pour s'être persuadé d'une chose si impossible. Il avait la rage au fond de lui contre les héros qui lui avait fait espérer un avenir héroïque et qui avait ensuite détruit tout ça car le hasard l'avait choisi lui comme sans-alter.

Ces héros, il ressentait quelque chose de mauvais pour eux mais il ne saurait mettre de mots dessus. Ce ressentiment qui ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure sans qu'il ne puisse rien y faire comme si s'était inscrit en lui depuis toujours. Peut-être venant du fait que Katsuki, un persécuteur, donc une mauvaise personne, ait le droit de devenir un héros grâce à sa génétique et non lui qui n'avait que de bonne intention.

Ce matin il sortit pour aller au collège remettre un nouveau dossier à son professeur principal. Il ne voulait plus, et ne pouvait pas, intégrer U.A donc il avait dû faire un choix. Voulant garder à l'esprit d'être un "sauveur" plus par nostalgie de son ancien rêve que par réelle envie; plusieurs choix s'offraient à lui.

Policier, ils mettaient les vilains en prison et les surveillaient. En gros pour Izuku c'était des ramasses miettes de héros donc pas question d'être inférieur à ces imposteurs.

Enquêteur, ils aident les héros à traquer et repérer des vilains. Toujours un métier inférieur aux héros, ce sont simplement des objets dont se servent les imposteurs pour récolter toute la victoire selon Midoriya.

Puis parmi tant d'autres métiers, il trouva le secteur de la médecine, des soignants qui aident les gens peut importe qui ils sont, ce qu'ils ont. Pour le vert, ça, c'était un métier qui pouvait lui plaire, ils n'aidaient pas les héros, ils n'étaient pas à leurs ordres et surtout ils ne leurs étaient pas inférieurs car c'était même eux qui sauvaient les héros quelques fois.

Alors le choix avait été vite fait, il avait choisi la médecine et avait fait des demandes à tout les lycées spécialisés. Donc là, le voilà entrain de donner son dossier à son professeur sadique qui le regarde avec un sourire vainqueur.

Quelque chose qui ne lui correspondait vraiment pas lui traversa l'esprit, il eut une furieuse envie de gifler son professeur pour retirer ce sourire irritant. Ces derniers temps ses pensés changeaient et ne correspondaient pas à son ancien lui qui rêvait de devenir un héros. Quelque part c'était bien ça voulait dire qu'il passait à autre chose, non ?

Alors, réfrénant ses pensées, il tendit les documents à l'adulte avec le plus beau faux sourire dont il était capable, l'hypocrisie dansant dans ses yeux.

Sur le chemin du retour qu'il connaissait par cœur il passa devant une supérette d'où sortait à toute vitesse un inconnu. Il le suivit des yeux et une caissière essoufflée sortit en trombe. Elle le regarda quelques secondes avant de s'écrier paniquée :

« Faites quelque chose ! Appelez les héros ! C'est un vilain ! Il m'a volé ! »

Les yeux verts d'Izuku voguèrent vers le voleur qui s'engouffrait dans une petite ruelle direction le quartier où les gens avaient le plus de mal à se nourrir. Il haussa donc les épaules.

« Il vous a volé quoi ?
- Hein ? Deux bouteilles d'eau et une dizaine de sandwichs. Mais appelez les héros bon sang !
- Il avait sûrement faim lui et sa famille et il devait le faire pour survivre puis c'est pas ça qui va vous ruiner, déclara calmement Midoriya.
- Vous blaguez j'espère ? Peu importe pourquoi, c'est un vilain et c'est tout. Maintenant appelez les héros et vite ! »

Il n'avait aucunement envie de les appeler, cet homme avait besoin de survivre et c'est pas en le rattrapant et en le mettant derrière les barreaux que ça allait arranger les choses.

« Faites le vous-même »

Et il continua la route jusqu'à chez lui ignorant la caissière derrière.