Chapitre deux

562 18 2
                                    

C'est officiel, premier jour de rentrée en Californie. Aujourd'hui, je rejoins Isla dans la cuisine vers 8:00 pour prendre mon petit-déjeuner. Celle-ci m'a encore préparée une omelette et je n'ose pas lui dire que je n'aime pas manger le matin alors je lui souris et m'assieds en face de mon assiette. Elle me bombarde alors de questions sur mes cours du jour et mes salles de classes.

- "Pas trop nerveuse ?"

- "Si, honnêtement un petit peu." je réponds timidement.

- "Ne t'inquiète pas, c'est normal, mais quand tu vas voir la taille de l'amphithéâtre et le nombre de personnes tu vas vite te fondre dans la masse."

- "Je suppose que c'était censer me rassurer ?" je ris nerveusement.

Isla continue de me rassurer en me parlant d'anecdotes sur ces professeurs de l'an passé, cette fille est toujours là pour rire et s'amuser tout en étant très sérieuse, je l'admire beaucoup. Après un tour dans la salle de bain, et après avoir vérifier si toutes mes affaires étaient dans mon sac, Isla m'accompagne devant la salle de mon premier cours, "Introduction au droit pénal". Elle me prend dans ses bras, me souhaite bonne chance et me laisse sur le pas de la porte.

Je regarde ma montre, 9:20. Le cours commence dans dix minutes, j'entre alors dans la salle – où plutôt dans l'immense amphithéâtre. Je balaye des yeux les élèves déjà présents et vais m'asseoir dans une rangée au milieu à droite de la scène, je sors ensuite mon ordinateur et de quoi écrire.

Après quelques minutes, l'amphithéâtre est presque rempli, il doit y avoir plus de deux cents étudiants, c'est alors au tour du professeur de faire son apparition. Il s'agit d'une femme, la cinquantaine je dirais, blonde et toute petite. Dès qu'elle prend la parole, tout le monde se tait et l'écoute attentivement, elle est captivante et passionnée par son métier.

Ce cours fut l'un des plus intéressant auquel il m'est été donné d'assister. Cette femme, Professeure Stevens, est tellement passionnée par son travail et on ressent son désir de nous communiquer cette passion à travers sa manière d'enseigner.

Une heure que je suis rentrée à l'appartement et je viens seulement de remarquer qu'Isla m'a écrit un mot qu'elle a laissé sur le bar de la cuisine dans lequel elle me dit qu'elle rentrera finalement tard dans la soirée. Elle ne donne pas d'indices sur la raison de son retard mais je suppose qu'il doit y avoir des soirées pour fêter la rentrée en ce moment, c'est pourquoi je présume qu'elle est à l'une d'elles.

Je n'ai pas de cours cet après-midi car les emplois du temps sont très légers les deux premières semaines afin de laisser le temps aux étudiants de s'organiser. Je décide donc de sortir pour visiter un peu la ville de Los Angeles dans laquelle j'ai toujours rêvé de venir m'installer. Je me rends en premier lieu à Santa Monica en bus pour profiter des températures toujours très agréables de la fin septembre. Une fois assise sur le sable, j'attrape mon téléphone et décide d'appeler ma mère car je ne l'ai pas fait depuis mon arrivée, hier en début d'après-midi.

La sonnerie retentit deux fois et elle décroche :

- "Grace, ma chérie ! Je suis contente d'avoir de tes nouvelles, je comptais t'appeler ce soir mais tu m'as devancé. Tout se passe bien sur la côte Ouest ?" me demande-t-elle.

- "Coucou maman, oui tout se passe à merveille, ma colocataire est vraiment adorable et mon premier cours était très intéressant."

- "N'oublie pas ma chérie, ce n'est que pour un an, tu ne pourras pas rester plus longtemps... Ton père et moi ne pouvons pas nous le permettre." me prévient-elle et même si ce n'était pas censé me blesser, un point apparaît dans ma poitrine à l'idée que je ne vais jamais pouvoir être diplômée de UCLA.

Mes parents ont vu leur entreprise détruite, alors, forcément, quand j'ai demandé à aller étudier à l'autre bout du pays pour me changer les idées, ils se sont effondrés en pensant ne jamais offrir, à ma sœur et à moi, la vie qu'on méritait. Un concours m'a permit d'obtenir un an d'études à Los Angeles en sachant que ce serait la seule année et que, par conséquent, je ne serais jamais diplômée, j'ai beaucoup hésité à partir. Puis, après tout ce que j'avais vécu, je pense que j'en avais vraiment besoin et qu'en quelque sorte, je l'avais mérité.

Après une demie-heure de papotage avec ma mère au téléphone, je raccroche et me dirige vers une épicerie afin de faire quelques courses pour mon repas de ce soir.

Lorsque je rentre à l'appartement, la lumière est allumée et ne me souvenant pas avoir oublier de l'éteindre, je suppose qu'Isla est rentrée plus tôt que prévue.

Bingo. Elle est sur le canapé, repliée sur elle-même, une tablette de chocolat dans la main et la chanson "Two of Us" de Louis Tomlinson résonne dans tout l'appartement, probablement même dans tout l'immeuble. Je m'approche alors d'elle doucement lorsque je me rends compte qu'elle s'est endormie. Ses yeux sont pleins de mascara et elle semble avoir pleurer au vu de la tonne de mouchoirs en papier par terre. J'éteins la musique, remonte une couverture sur son buste, éteins la lumière et me dirige sans faire de bruit dans ma chambre. Je me demande alors vraiment ce qui a pu lui arriver. Je suis inquiète pour elle.

***

Une heure plus tard, je sens un timide frappement derrière ma porte et Isla rentre dans ma chambre dans le même état que tout à l'heure. D'une voix tremblante, elle me dit :

- "Désolé que tu es dû me voir dans cet état là alors que je n'étais pas censé rentrer ce soir mais mon repas mère/fille ne s'est pas vraiment passé comme prévu." se confie-t-elle.

- "Oh mais que s'est-il passé ?" dis-je, et, me rendant compte de mon indiscrétion, j'ajoute "Si tu ne veux pas en parler ce n'est pas grave, ne te sens pas forcé de me le dire."

- "Ma mère trompe mon père avec le directeur de l'Université." dit-elle d'une voix très claire.

QUOI ? Avec M. Barnett ? Oh mon dieu, le cauchemar !

- "Ooh, ma pauvre... si ce n'est pas indiscret, tes parents étaient ensemble depuis longtemps ?"dis-je ne sachant pas vraiment comment la réconforter.

- "Ils devaient fêter leurs trente ans de mariage dans deux mois. C'est une catastrophe." sanglote-t-elle.

- "Tu l'as appris comment ?" je lui demande, curieuse d'en savoir un peu plus sur cette histoire.

- "Ma mère me l'a annoncé tout à l'heure alors qu'on commençait seulement de manger, elle s'est mise à pleurer, m'a dit qu'elle venait de le dire à mon père et qu'elle n'avait nulle part où aller car son amant avait aussi une femme et des enfants à qui, lui, n'avait préféré rien dire. Même si j'étais dans un état catastrophique et que j'étais très énervée, je n'allais pas laisser ma mère dormir dans la rue alors je lui ai proposé de venir dormir sur le canapé de l'appartement. Elle a tout de suite refusé par question d'intérêt car son amant n'était personne d'autre que l'horrible Directeur Barnett." me raconte Isla, tout en pleurant, en reniflant et en s'essuyant les yeux.

- "Je ne sais pas vraiment quoi te dire car je n'ai jamais vécu une situation similaire alors je me tais avant de dire quelque chose qui te ferai te sentir encore plus mal. Je vais te cuisiner un bon petit plat, ranger le salon et allumer la télé pendant que tu te fais couler un bain pour te reposer." je lui explique.

C'est vrai, même si ma famille est loin d'être parfaite, mes parents s'aiment d'un amour inconditionnel et encore plus chaque jour. Je pense qu'au fond je rêverai de trouver un jour quelqu'un qui m'aime autant que mes parents s'aiment mutuellement.

- "Merci Grace, tu es géniale."

Je pars donc préparer des délicieuses lasagnes pour Isla et moi. Nous les dégustons une demie-heure plus tard devant la TV, puis nous endormons sur le canapé, épuisées de cette première journée.

Amour De Vacances Ou Histoire D'amour ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant