Leçon 11 : Visage de sel

308 32 3
                                    

Urumi s'allongea sur l'herbe.

Urumi : Les mères disent à leurs filles de se couvrir et véhiculent la peur en faisant ça. Si toutes les filles s'habillaient comme elles veulent quand elles veulent, personne ne les provoquerait. Or, si les filles ont peur, c'est parce qu'en s'habillant en fonction des hommes, dont elles ont peur, elles les laissent gagner. Ils s'approprient l'espace jusqu'à leur dire, à travers d'autres femmes, comment elles doivent se fringuer !

Louann demeura bouche bée, elle s'allongea à côté d'Urumi.

Louann : Tu as drôlement raison, j'y réfléchirai.
Urumi : Tu connais Valérie Rey-Robert ?
Louann : Tu te doutes que non...
Urumi : J'adore la France, je m'intéresse beaucoup à ta culture, j'aime tout, sauf sur quelques points dont ceux qu'elle évoque dans son livre.
Louann : Aka ?
Urumi : "Une culture du viol à la française".

Louann hésita.

Louann : Si tu l'as, je veux bien que tu me le prêtes.
Urumi : Avec plaisir.

Louann sourit franchement.

Louann : Sinon, il fait super beau aujourd'hui.
Urumi : Hier, il pleuvait.

Louann se tapa sur la tête.

Louann : J'avais oublié, je dois aller m'acheter un parapluie.
Urumi : On n'a qu'à y aller.

Louann se tâta.

Louann : Pas maintenant, je viens de m'allonger. Si je me relève trop tôt, mon corps ne va rien piger. Laisse-lui le temps de digérer.

Quelques secondes s'écoulèrent sans que ni Urumi ni Louann n'adresse la parole à l'autre, profitant du bon temps.

Louann : Je ne comprends pas les gens qui se mettent au soleil, ils ne transpirent donc jamais ?
Urumi : Tes questions ne méritent pas de réponse.

Louann soupira sèchement.

Louann : Ton caractère ne mérite pas d'auditoire.
Urumi : Tu insinues que je ne vaux pas ta compagnie ?
Louann : Belle déduction.
Urumi : Dire que je commençais à t'apprécier.
Louann : Ne le prends pas mal. Tu me fais penser à moi.
Urumi : C'est censé être un compliment ?

Louann cogna avec son coude Urumi.

Urumi : En quoi tu trouves qu'on se ressemble ?
Louann : Tu es franche. C'est la meilleure des qualités comme le pire des défauts. C'est un fardeau.
Urumi : Tu ne le penses pas.
Louann : C'est vrai. Je suis contente d'être directe, au moins on sait que je ne suis pas hypocrite.
Urumi : Un autre point commun qu'on a, on manipule bien.
Louann : Comment ça ?
Urumi : J'ai vu comme Onizuka était capable de manger dans ta main. Il a plus qu'un faible pour toi à ce niveau-là.
Louann : On s'est manqués, c'est tout.
Urumi : Manquer est le bon verbe effectivement. Il a manqué de toi.

Louann leva les yeux au ciel.

Louann : Tu as tendance à déformer les mots.
Urumi : Je dirais plutôt que j'enlève les sous-entendus des phrases pour dire clairement ce que la personne a voulu dire.
Louann : C'est fourbe.
Urumi : C'est le mauvais terme. J'aurais plus dit espiègle.
Louann : Quelle différence ?
Urumi : Le fourbe feint l'honnêteté. L'espiègle, lui, n'est pas méchant.

Sans transition, Louann et Urumi décidèrent enfin de se lever pour trouver un parapluie. Elles en trouvèrent un dans la première supérette devant le parc. Elles partirent se rasseoir à l'ombre d'un arbre, profitant des bonbons fraîchement achetés.

Urumi : Dis voir...
Louann : Ouais ?
Urumi : Je suis à ton goût ?

Louann sourit nerveusement.

Louann : Pardon ?
Urumi : Vu que tu es pansexuelle, car oui, je vous ai entendus avec Yoshito, je suis possiblement quelqu'un qui pourrait t'attirer.
Louann : Et donc tu veux savoir si tu me plais ?
Urumi : Précisément.

Louann plissa les yeux.

Louann : Déjà, ta personnalité fait que non.
Urumi : Et mon physique ?
Louann : Je ne suis pas très blonde. Après, c'est qu'une couleur de cheveux. Puis j'aime tes yeux. Vairons, c'est rare.
Urumi : C'est tout ?
Louann : Tu as un corps comme moi, et j'aime mon corps, mais j'aime mes opposés. Ce qui me dérangerait le plus, c'est ton QI. Je me sentirais complexée intellectuellement et j'aime pas ça.

Urumi prit une poignée de bonbons qu'elle mangea un par un en picorant une de ses mains avec l'autre.

Urumi : Je te comprends. Aucun humain n'aime être inférieur.
Louann : C'est bien vrai.

Les deux filles finirent l'après-midi ensemble à parler et manger dans le parc. Le lendemain, Louann ne fit rien de très constructif. Elle se souvint, en se réveillant le jour d'après, qu'elle n'avait pas fait ses devoirs.

Louann : Ma foi, je me rattraperai une autre fois.

Il faisait encore beau, cela mettait de bonne humeur Louann. Elle se mit à chantonner dans la rue.

Louann : I wanna be~ the very best~

Elle dansa un peu sur place et bouscula quelqu'un.

? : C'est "I want to be the very best".
Louann : Onizuka ! Ma parole, tu me suis ! Encore !
Onizuka : J'allais acheter des clopes.
Louann : Je vois.

Onizuka ne répondit pas, préférant lire un magazine.

Louann : C'est pornographique ?

Le professeur frappa faiblement la tête de son élève avec sa lecture.

Onizuka : N'importe quoi. C'est un magazine sur l'actualité.

Louann prit l'écrit et lut la page de couverture.

Louann : "La femme aux plus gros seins du monde", "Yakuza rime avec nana" et "Ces 36 critères feront de vous un homme parfait". Super.

Onizuka reprit son bien.

Onizuka : C'est page combien ?

Louann soupira, Onizuka trouva la page recherchée.

Onizuka : N°1- Être brun.

Louann pouffa.

Louann : Dire que tu t'es décoloré les cheveux en blond.
Onizuka : N°2- Avoir les cheveux courts.
Louann : Jusque là, ça va.
Onizuka : Tu vois que je plais.
Louann : T'emballe pas, on en est qu'au deuxième critère.
Onizuka : N°3- Avoir un visage de sel.

Louann s'arrêta, perplexe.

Louann : Quézako ?
Onizuka : Visage de sel, c'est le visage asiatique typique. Rond, yeux en amande, paupière unique.
Louann : Ce que je n'ai pas.
Onizuka : Pas avec tes origines, non.
Louann : Tu n'as pas vraiment un visage de sel, du coup. Tu n'es pas rond, ta mâchoire est carrée.
Onizuka : Mais j'ai le reste des critères.
Louann : Tu sais, dans un questionnaire, quand tu n'as pas bon à une seule question, ça pénalise la note entière.
Onizuka : Donc ça compte pas ?

Louann fit non de la tête.

Onizuka : Rah...

Onizuka continua.

Onizuka : N°4- Mesurer plus d'1m75.
Louann : Tu fais quelle taille, toi ?

Onizuka réfléchit.

Onizuka : Je me suis jamais mesuré.
Louann : Vraiment ?
Onizuka : Pourquoi faire ?
Louann : Par curiosité ?
Onizuka : Je suis curieux quand il s'agit de jupes et de sous-vêtements, sinon pour le reste...
Louann : Te fatigue pas, j'ai compris.

Louann poussa légèrement Onizuka.

GTO - Professeur OnizukaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant