Leçon 18 : Vivre en France

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Onizuka : Quoi ?

Sa cigarette tomba.

Louann : Mon père est mort, à quoi bon rester ici ? Je parle français donc pourquoi pas retourner dans mon pays d'origine ?
Onizuka : C'est loin du Japon, la France ?

Louann fit une mine désolée.

Onizuka : Tu es pour, toi ?
Louann : Je ne suis pas contre. Changer d'air me ferait du bien.

Onizuka voulut donner un coup de pied à un caillou. Ne trouvant rien, il décida de s'asseoir et de rallumer une cigarette.

Louann : Tu dois aller travailler et je dois t'écouter faire ton travail, rappelle-toi.
Onizuka : Tu m'as en première heure ?

Louann hocha la tête.

Onizuka : Si je suis pas là, les élèves n'ont pas besoin de l'être non plus.
Louann : Dis pas ça.
Onizuka : De toute façon, tu vas te barrer. Autant en profiter.

Louann resta debout, interloquée. Onizuka se leva, l'attitude complètement changée.

Onizuka : Bravo, championne ! Tu viens de gagner une heure exclusive avec le GTO. Estime-toi heureuse !

Il mit son bras autour du cou de son élève, en bon copain. Ils firent demi-tour.

Louann : De quoi tu parles ? Où est-ce que tu m'emmènes ?
Onizuka : T'as déjeuné ?
Louann : Un jus d'orange.
Onizuka : On va aller se remplir la panse !
Louann : On rentrera pas à temps !
Onizuka : Mais si ! Ma moto est garée au resto à côté de chez toi !
Louann : Mais... Pourquoi on fait le chemin à pied jusqu'à l'école depuis tout à l'heure ? En plus, j'adore la moto.
Onizuka : On peut pas parler en moto, puis on aurait été en avance. Tu aurais préféré que tous les élèves rentrent en classe en nous voyant papoter ?
Louann : Non.
Onizuka : Bah voilà.

Onizuka haussa les épaules. Louann le heurta volontairement.

Louann : Ça reste mal de sécher.
Onizuka : Je sèche pas, je suis prof.
Louann : Et tu te comportes comme un élève !
Onizuka : Et toi alors ?
Louann : Moi, je suis une élève !
Onizuka : Raison de plus.

Louann fit une grimace de confusion.

Onizuka : Allez, s'il te plaît, fais-moi ce plaisir.

Le décoloré prit un air sérieux, fixant les yeux de Louann. La brune voulut résister mais finit par se laisser guider.

Louann : Bon, d'accord. Au fait, je n'ai pas pris d'argent. Tu devras payer ma part.
Onizuka : Mais t'as jamais d'argent sur toi ?
Louann : Quand je compte pas m'acheter des trucs, non effectivement.
Onizuka : Tu flashes jamais sur une babiole dans une vitrine ?
Louann : Ma foi, non. Il y a que des restaurants dans ma rue de toute façon.
Onizuka : C'est ce qui fait son charme !

Ils continuèrent de marcher en silence, réfléchissant chacun de leur côté. Un silence dont avaient besoin les deux, un silence qui se devait de durer un moment.

Louann : Tu sais quoi ?
Onizuka : Dis.
Louann : Quand je serai majeure, j'accepterai d'être avec toi.

Onizuka sourit.

Onizuka : Moi aussi.

Louann le regarda tendrement. Il lui rendit son regard.

Onizuka : Par contre, j'irai pas de main morte au lit si tu vois ce que je veux dire...

Louann poussa Onizuka.

Louann : En fin de compte, je retire ce que j'ai dit.
Onizuka : Trop tard !

Louann lui mit un coup d'épaule.

Onizuka : Je viendrai en France.
Louann : Si tu sors pas avec Fuyutsuki avant.
Onizuka : Tu serais pas jalouse ?
Louann : Question typique. Ma réponse va te déplaire.
Onizuka : Pas besoin de prendre des airs.

Louann haussa les épaules.

Louann : Tu aurais voulu que je réponde quoi ?
Onizuka : "Oui".

Louann n'y répondit rien.

Louann : J'ai envie de te serrer dans mes bras.
Onizuka : Qu'est-ce qui t'en empêche ?
Louann : Ma façon d'être ?
Onizuka : C'est qu'un câlin.
Louann : Si je te fais un câlin, j'aurai envie d'aller plus loin.
Onizuka : Je te stopperai.
Louann : Je te crois moyennement.

Onizuka repéra un stand de nourriture. Ils s'y arrêtèrent et s'assirent côte à côte sur des tabourets. La femme qui tenait le petit restaurant clandestin était trop occupée à nettoyer des plats pour prêter attention à eux, le bruit de l'eau et des couverts résonnant dans ses oreilles.

Onizuka : Fais-moi un câlin.
Louann : Non. Si des gens qu'on connaissait nous voyaient ?
Onizuka : Ils se tairont s'ils me connaissent.
Louann : "Si" est un mot qui prouve que je ne peux pas me fier à ce que tu dis.
Onizuka : Je t'en ferai un quand tu t'y attendra le moins.

Louann prit un air sérieux.

Louann : Arrête, c'est plus drôle.
Onizuka : Tu as commencé. C'est toi qui as dit que tu voulais sortir avec moi.
Louann : À ma majorité. T'écoutes que ce que tu veux entendre, ma parole.
Onizuka : Comme toi.
Louann : Tu es différent maintenant, ça me fait peur.

La femme se retourna, ils passèrent commande, puis elle reprit ses activités en cuisine.

Onizuka : Je sais pas comment me comporter. Tu m'as avoué quelque chose d'important.
Louann : Tu ne t'en doutais pas ? Et puis si j'avais su, je te l'aurais pas dit.
Onizuka : Nyanya... Comme t'as dit ; "Si" est un mot qui"... hum... "qui"...

Onizuka n'eut pas à réfléchir longtemps.

Onizuka : ...m'emmerde.

GTO - Professeur OnizukaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant