Onizuka : Quoi ?
Sa cigarette tomba.
Louann : Mon père est mort, à quoi bon rester ici ? Je parle français donc pourquoi pas retourner dans mon pays d'origine ?
Onizuka : C'est loin du Japon, la France ?Louann fit une mine désolée.
Onizuka : Tu es pour, toi ?
Louann : Je ne suis pas contre. Changer d'air me ferait du bien.Onizuka voulut donner un coup de pied à un caillou. Ne trouvant rien, il décida de s'asseoir et de rallumer une cigarette.
Louann : Tu dois aller travailler et je dois t'écouter faire ton travail, rappelle-toi.
Onizuka : Tu m'as en première heure ?Louann hocha la tête.
Onizuka : Si je suis pas là, les élèves n'ont pas besoin de l'être non plus.
Louann : Dis pas ça.
Onizuka : De toute façon, tu vas te barrer. Autant en profiter.Louann resta debout, interloquée. Onizuka se leva, l'attitude complètement changée.
Onizuka : Bravo, championne ! Tu viens de gagner une heure exclusive avec le GTO. Estime-toi heureuse !
Il mit son bras autour du cou de son élève, en bon copain. Ils firent demi-tour.
Louann : De quoi tu parles ? Où est-ce que tu m'emmènes ?
Onizuka : T'as déjeuné ?
Louann : Un jus d'orange.
Onizuka : On va aller se remplir la panse !
Louann : On rentrera pas à temps !
Onizuka : Mais si ! Ma moto est garée au resto à côté de chez toi !
Louann : Mais... Pourquoi on fait le chemin à pied jusqu'à l'école depuis tout à l'heure ? En plus, j'adore la moto.
Onizuka : On peut pas parler en moto, puis on aurait été en avance. Tu aurais préféré que tous les élèves rentrent en classe en nous voyant papoter ?
Louann : Non.
Onizuka : Bah voilà.Onizuka haussa les épaules. Louann le heurta volontairement.
Louann : Ça reste mal de sécher.
Onizuka : Je sèche pas, je suis prof.
Louann : Et tu te comportes comme un élève !
Onizuka : Et toi alors ?
Louann : Moi, je suis une élève !
Onizuka : Raison de plus.Louann fit une grimace de confusion.
Onizuka : Allez, s'il te plaît, fais-moi ce plaisir.
Le décoloré prit un air sérieux, fixant les yeux de Louann. La brune voulut résister mais finit par se laisser guider.
Louann : Bon, d'accord. Au fait, je n'ai pas pris d'argent. Tu devras payer ma part.
Onizuka : Mais t'as jamais d'argent sur toi ?
Louann : Quand je compte pas m'acheter des trucs, non effectivement.
Onizuka : Tu flashes jamais sur une babiole dans une vitrine ?
Louann : Ma foi, non. Il y a que des restaurants dans ma rue de toute façon.
Onizuka : C'est ce qui fait son charme !Ils continuèrent de marcher en silence, réfléchissant chacun de leur côté. Un silence dont avaient besoin les deux, un silence qui se devait de durer un moment.
Louann : Tu sais quoi ?
Onizuka : Dis.
Louann : Quand je serai majeure, j'accepterai d'être avec toi.Onizuka sourit.
Onizuka : Moi aussi.
Louann le regarda tendrement. Il lui rendit son regard.
Onizuka : Par contre, j'irai pas de main morte au lit si tu vois ce que je veux dire...
Louann poussa Onizuka.
Louann : En fin de compte, je retire ce que j'ai dit.
Onizuka : Trop tard !Louann lui mit un coup d'épaule.
Onizuka : Je viendrai en France.
Louann : Si tu sors pas avec Fuyutsuki avant.
Onizuka : Tu serais pas jalouse ?
Louann : Question typique. Ma réponse va te déplaire.
Onizuka : Pas besoin de prendre des airs.Louann haussa les épaules.
Louann : Tu aurais voulu que je réponde quoi ?
Onizuka : "Oui".Louann n'y répondit rien.
Louann : J'ai envie de te serrer dans mes bras.
Onizuka : Qu'est-ce qui t'en empêche ?
Louann : Ma façon d'être ?
Onizuka : C'est qu'un câlin.
Louann : Si je te fais un câlin, j'aurai envie d'aller plus loin.
Onizuka : Je te stopperai.
Louann : Je te crois moyennement.Onizuka repéra un stand de nourriture. Ils s'y arrêtèrent et s'assirent côte à côte sur des tabourets. La femme qui tenait le petit restaurant clandestin était trop occupée à nettoyer des plats pour prêter attention à eux, le bruit de l'eau et des couverts résonnant dans ses oreilles.
Onizuka : Fais-moi un câlin.
Louann : Non. Si des gens qu'on connaissait nous voyaient ?
Onizuka : Ils se tairont s'ils me connaissent.
Louann : "Si" est un mot qui prouve que je ne peux pas me fier à ce que tu dis.
Onizuka : Je t'en ferai un quand tu t'y attendra le moins.Louann prit un air sérieux.
Louann : Arrête, c'est plus drôle.
Onizuka : Tu as commencé. C'est toi qui as dit que tu voulais sortir avec moi.
Louann : À ma majorité. T'écoutes que ce que tu veux entendre, ma parole.
Onizuka : Comme toi.
Louann : Tu es différent maintenant, ça me fait peur.La femme se retourna, ils passèrent commande, puis elle reprit ses activités en cuisine.
Onizuka : Je sais pas comment me comporter. Tu m'as avoué quelque chose d'important.
Louann : Tu ne t'en doutais pas ? Et puis si j'avais su, je te l'aurais pas dit.
Onizuka : Nyanya... Comme t'as dit ; "Si" est un mot qui"... hum... "qui"...Onizuka n'eut pas à réfléchir longtemps.
Onizuka : ...m'emmerde.