Chapitre 15

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J'ai peur.

J'ai terriblement peur.

Qu'est-ce qui m'arrive ? Comment suis-je arrivée dans ce lit, moi qui ai horreur des hôpitaux ? Et pourquoi l'aide-soignante me parle-t-elle de bébés ? Elle a dû se tromper de chambre. Encore. Ce n'est pas la première.

Tout à l'heure, des gens sont venus me voir pour me parler de la mauvaise santé d'un bébé. Mais qui est-il ? 

Je ne sais pas ce qu'il se passe, ni pourquoi l'on vient me dire ça. J'espère juste qu'il va aller mieux. J'ai peur pour lui maintenant.

Ils me racontent tous d'étranges histoires. Des récits invraisemblables dont je serais l'une des actrices. La protagoniste même. C'est absurde. Je n'ai jamais eu de bébés, ni été enceinte. Ce n'est tout bonnement pas possible.

J'ai dû finalement les renvoyer de ma chambre, tant ils me dérangeaient avec leurs questions inutiles.

Je me sens si fatiguée.

Je suis sûre que c'est encore mon ventre qui est la cause de mon séjour ici.

Stupide ventre.


***


Une femme de taille moyenne, vêtue d'une blouse blanche, avec une coupe au carré noire entra dans la chambre 226.

-Mademoiselle Fenton, pourriez-vous venir avec moi s'il vous plaît ?

Lina crut la reconnaître. Cette femme était venue se présenter à elle le jour précédent. Ou était-ce celui d'avant ? Quelques heures plus tôt ? Comment savoir. L'adolescente avait perdu toute notion du temps depuis qu'elle était dans ce lit, dans cette chambre froide et vide. 

Réfléchir la fatiguait. Il était tellement plus facile de ne penser à rien.

La jeune fille se leva donc doucement, s'aidant du bras que celle-ci lui tendait et suivit la femme à petits pas dans le long labyrinthe de l'hôpital. Que pouvait-elle perdre à présent ?

-Tu as vu les médecins n'est-ce pas ? Commença gentiment la psychologue tout en guidant doucement sa patiente.

L'intéressée hocha la tête.

-Ils t'ont expliqué ?

Re-hochement de tête.

-Parfait, parce que tu vas enfin pouvoir les voir. 

Lina n'avait aucune idée de qui cette femme pouvait bien parler. De toute façon, que pouvait-elle bien faire ? Continuer à leur crier les mêmes choses, incessamment ? Leur dire, et redire, et répéter qu'ils se trompaient ? Que ce n'était pas elle ? 

L'adolescente avait finalement compris que cela ne lui serait d'aucune utilité. Elle n'avait donc d'autres choix que de suivre cette femme qui l'emmena jusqu'à une porte pourvue d'une petite vitre marquée : nurserie.

Les deux femmes passèrent la porte et se dirigèrent lentement à travers la salle où retentissaient de légers pleurs et de faibles gémissements.

C'est bruyant et silencieux en même temps, pensa Lina.

-Je vais d'abord te présenter ton petit garçon, lui expliqua la psychologue en la tirant doucement par la main. Viens avec moi.

Lina se laissa faire, étant là et ailleurs en même temps, quand elle se retrouva postée face à une couveuse notée : « ?, 11 octobre, 15h10 ».

Ce petit n'a pas de prénom, s'étonna Lina pour elle-même. Et il est si petit... Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ? 

Elle leva alors les yeux vers le nouveau-né.

Seuls les bras de la psychologue l'empêchèrent de tomber au sol.

LinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant