Tout avait commencé par une étrange sensation d'être quelqu'un d'autre. Habituellement Type sentait la force de ses shoots et la puissance de son torse. Sa taille haute et le charme taciturne de ses traits fins faisaient le reste. Il plaisait sans effort et quand une fille l'attirait, il se sentait la carrure de la prendre dans ses bras, de la protéger, de lui montrer qui était le mâle séduisant, robuste et attentionné à ses côtés. Le sourire de la fille venait lui confirmer ce qu'il sentait déjà, être avec elle, s'abandonner à leur complicité, explorer son corps et la combler, tout cela lui procurait des moments de bien être paisibles et délicieux, qu'il goûtait sans trop réfléchir. Il lui arrivait d'être impulsif, cependant, d'un naturel doux et loyal, la douceur de sa bien aimée lui rendait rapidement son sourire. Mais était-il jamais tombé amoureux, vraiment ? Il avait été jaloux par orgueil et parce qu'il aimait la bagarre, il avait été blessé par trahison quand ses conquêtes le délaissaient, et par ennui parce que rien ne venait étancher la soif de passion secrètement inscrite dans chaque pouce de son épiderme. Etait-ce à cause de ce trauma d'enfance ? Cet épisode tragique, cet enlèvement et ce viol juvénile subit ? Est-ce cela qui lui avait interdit de s'ouvrir définitivement à la pleine fusion amoureuse et sexuelle auquel il aspirait ?
Et puis, il y avait eu Tharn. Beau, fiable, populaire, travailleur et talentueux. Le colocataire idéal pour qui aime étudier sérieusement mais aussi s'amuser sans limite. Être en présence de Tharn était pourtant tout autre chose.
Le sportif n'y avait jamais fait attention avant , sa respiration semblait plus ample, sa carrure plus sensible, son regard plus en alerte quand il côtoyait une fille avec qui il sortait. C'était comme si le Type chromosome Y, chromosome masculin, avec sentiment de protection et testostérone étaient en éveil. Satisfait, nourri, fier ou au contraire honteux, selon que sa petite-amie lui permettait d'être l'homme qu'il voulait être avec elle. Avec cette inquiétude constante de savoir s'il était assez, s'il en faisait assez. Tout cela, restait bien sûr en partie inconscient... Et s'il n'avait jamais côtoyé davantage l'étudiant musicien, sans doute n'y aurait-il jamais songé auparavant. Comment pouvait-il en être autrement ?
Avec ses amis Techno et Champ, ils se tiraient toujours un peu la bourre mais de manière amicale. Là, Type se sentait lui-même. Il avait cette impression d'être libéré des pressions que demandait la séduction, le rôle de mâle, mais aussi libéré de la soif sensuelle qui tiraillait très souvent son corps, face aux jeunes filles toujours très jolies qui aimaient admirer sa belle allure et sa beauté masculine racée. Sur les terrains de foot, aucune angoisse de résultat ne venait entacher ses défaites comme ses tentatives de performance. Le pur plaisir de se défoncer, de rire, de jurer avec ses amis lui rendaient toute la liberté d'être lui-même sans aucune pression. D'aller au-delà de ses propres performances physiques et techniques dans un lâcher -prise qui le rendait vidé mais heureux au retour des vestiaires. Là, aucune sensation insidieuse de vide sexuel le long de son épiderme, juste la plénitude de l'amitié et la fierté d'être un compétiteur de choix. On pensait même faire de lui le capitaine du club de foot de la fac de sport.
Et puis Tharn, son intensité physique, quelque chose de magnétique dans sa présence, son sourire éperdument confiant et rieur sur lui.
Et puis, Tharn : ses gestes amples, presque mesurés et divinement dessinés dans l'air comme si tout l'espace lui appartenait, comme s'il en comprenait instinctivement chaque atome et qu'il jouait avec le vide, tel un danseur dans l'ivresse de chaque mouvement créé et vécu. Le tout sans l'ombre d'un effort, alors que l'iris de Type suivait chacun de ses gestes, de ses souffles sans vraiment pouvoir s'en distraire ; sans même, au début en tout cas, s'en rendre compte. Et puis, Tharn...
Tout le monde parlait à Type de son colocataire, les jours de rentrée avaient pourtant déjà pas mal filé, mais un peu de l'admiration générale pour Tharn semblait se communiquer à Type, comme si le destin les ayant mis dans la même chambre, sans doute étaient-ils de la même trempe ? Un peu de fierté mais aussi de la jalousie. Non pas envieuse de Tharn mais plutôt inquiète que tous ces regards , aussi bien masculins que féminins, se tournent immanquablement vers l'étudiant musicien.
Type, perdu dans ses pensées, alors que le cours tardait à commencer, secoua la tête comme pour chasser une idée repoussante. Est-ce que le corps de Tharn appartenait physiquement et spatialement à la chambre de Type, en quelque sorte ? Est-ce que cet espace, sans le bel homme charismatique, aurait-il été moins confortable et sécurisant pour lui ? Il refusa cette conclusion , et la conséquence qu'elle amenait pour lui : depuis quand s'intéressait-il autant aux faits et gestes d'un autre mec ! Une agression par vie, n'était-ce pas déjà suffisant pour quelqu'un qui détestait les Gays de tout son être ?
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L'amant de Tharn
FanfictionRappel : je ne possède pas la création et les droits sur _Tharntype_ et respecte trop le travail de Mame pour les lui voler. Je (ré)écris juste les passages qui (me) semble manquer dans la série mais qui existent peut-être(??) dans les romans, sacha...