Notre chère patrie

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Je m'appelle Rico et je suis né dans une famille plutôt modeste et normale. Mon père était un professeur d'université et ma mère avait décidé de rester à la maison s'occuper de ses enfants; elle était donc mère au foyer. Je suis l'aîné de la  famille et après moi, j'ai deux frères: Alvin 10 ans et Mike 5ans. La majeure partie du temps, mon père n'était jamais à la maison car trop occupé avec sa vie professionnelle et surtout à satisfaire tous nos besoins les plus élémentaires. Au début, personnellement cela ne m'affectait guère mais avec le temps et surtout l'adolescence, notre relation prit aussi un coup. Déjà à 12 ans, j'avais des tas de questions en tête et surtout besoin qu'on m'écoute mais n'étant pas de ce genre, avec mon père c'était déjà perdu d'avance. Ma mère quand à elle, était tout pour nous car elle jouait à la fois le rôle d'un père et d'une mère malgré les circonstances. Elle était toujours à mon écoute même si la plupart du temps elle me réprimandait aussi et je l'aime d'ailleurs au passage. Bref, nous avions tout pour être une famille heureuse et très heureuse même jusqu'à ce que la guerre ne commence. Des rebelles avaient réussi à faire un coup d'état politique et prendre le pouvoir. Depuis lors, que de mauvaises nouvelles de toutes parts car les rebelles dirigeaient le pays d'une main de fer et d'acier même. Toutes les personnes qui n'étaient pas de leur parti se faisaient automatiquement zigouiller même les femmes et les enfants. Ils recrutaient par contre les jeunes garçons pour en faire des enfants soldats. Eh oui! Imaginez des adolescents parfois même des enfants qui ont à la place de leurs jouets des Ak47. C'était notre quotidien depuis bientôt quatre mois. Mon père, lui, bien avant tout ce chaos avait eu l'opportunité de poursuivre ses études en vue d'obtenir son doctorat à l'extérieur. Il en avait pour un an là bas; évidemment, il voulut nous rejoindre automatiquement lorsque la situation dégénérait mais il n'eut pas de possibilité de rentrer vu que la situation politique était instable. Il fut donc obligé de suivre tout ça de très près mais de très très loin.
Nos journées donc se résumaient à jouer entre nous, parfois avec nos amis du quartier car les écoles avaient fermé car celles-ci disaient ne pas pouvoir assurer notre sécurité. Ma mère quand à elle pour s'occuper, s'affairait à la cuisine pour nous concocter de nouvelles recettes à grignoter s'endormait devant la télé qui ne cessait de passer en boucle des vidéos de propagande.

-Rico, je t'assure que je l'ai vu. C'était bel et bien lui. Je ne l'avais pas reconnu automatiquement mais c'était bel et bien lui.

- Est-ce que tu en es sûr? Parce que nous avons tous vue les rebelles l'amener vu qu'il ne bougeait plus. Répondis-je

-Exactement ! Je lui ai dit la même chose. Il m'a donc expliqué qu'ils lui avaient sauvé la vie et lui ont donné une seconde chance si on peut dire ça.

-Je n'y crois vraiment pas. Melvin était notre ami et surtout l'un des meilleurs en classe. Tu sais qu'il est très intelligent et on avait décidé de passer même le bac tous ensemble tu te rappelles ?

-J'étais sûre que tu ne me croirais pas. De toutes les façons, il m'a dit hier qu'il passerait nous voir ici comme ça tu en auras le cœur net.

Marc ne finit même pas sa phrase que je vis Melvin sortir de nulle part accompagné de deux autres enfants plus jeunes que lui tous avec des armes à la main. Je n'en croyais pas mes yeux. C'était bel et bien lui; il était devenu un des rebelles et surtout un enfant soldat. Il approchait arme à la main avec fierté. J'en eus d'ailleurs des frissons car cela ne ressemblait pas du tout à Melvin. Il s'approcha de nous et dit à ceux qui le suivait de se retirer.

-Melvin c'est bien toi? Tu as vraiment changé. Nous n'avions plus de nouvelles de toi et même tes parents sont morts de trouille à cause de ta disparition. L'affolai-je de questions.

-Tout doux Rico, dit-il en se moquant de ma tête qui à la limite avait peur de lui.
Rassurez-vous je vais extrêmement bien. Après l'incident devant notre maison, ma deuxième famille s'est occupée de moi et m'a permis de découvrira la raison pour laquelle je vis.

-Euh pardon ??? De quoi tu parles là ? Es-tu sûr que tu vas bien?

-Je vais très bien . Je vous promets les amis, regardez vous même. Dit-il en saisissant son arme et en tirant dans le vide comme pour montrer sa puissance. Je bouchai mes oreilles et à ce moment j'eus vraiment peur.

-Je vais essayer de parler de vous au colonel si vous voulez. Dans notre famille, il n'y a aucune restrictions: chacun fait ce qu'il veut quelque soit son âge, dit-il d'un ton tellement naturel.
Vous pourrez boire, connaître des filles, avoir une arme et parfois même goûter à certaines substances que seuls les grands prennent.
J'ignore ce qui me clouait le plus sur place: entre l'allure de Melvin, son arme, et ce qu'il raconte j'avais l'embarras du choix. Je cherchais quoi lui répondre exactement puisque Alvin, très affecté par les bruits des tirs  ne voulait qu'une chose: rentrer à la maison. Pendant ce court instant, nous entendîmes la voix de la mère de Melvin que Marc avait sûrement aussi alerté la veille.

-Melvin, mon fils tu es vraiment vivant. Nous t'avons tellement cherché, dit-elle en pleurant et en accourant prendre son fils dans les bras.

-Ne me touchez pas svp madame, je n'ai plus de père ni de mère, j'appartiens maintenant à la patrie et ma famille sont mes compagnons de guerre, dit-il en la repoussant violemment.

Même des années après cette phrase je ne l'oublierai jamais ..........

L'histoire d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant