Les jours qui suivirent, furent je dirais des jours de repos pour nous vu qu'il y avait un moment qu'on avait passé des nuits dans un pays aussi calme. Ma mère se rétablissait petit à petit et je la voyais un peu plus sourire. Mon père, quant à lui, cherchait à réunir les moyens nécessaires pour retourner à l'extérieur car il n'avait pas fini sa thèse de doctorat. Comme c'était une bourse, il était obligé de retourner car ce genre d'opportunités ne se présentait guère deux fois dans la vie. Avec mes cousins, nous finîmes par nous entendre malgré un début plutôt chaotique je dirais. Mais ils finirent par admettre qu'ils avaient une peur bleue des inconnus et que c'était la raison pour laquelle ils s'étaient en quelque sorte braqués. Avec les jours qui passèrent, nous nous trouvâmes même beaucoup de points communs. David le plus grand et le plus sympa d'ailleurs, avait 17 ans; il restait toujours enfermé dans sa chambre à l'étage et ne sortait que pour manger. Declan lui avait mon âge et je l'aimais bien aussi; nous passions nos journées à nous amuser et surtout à jouer aux jeux vidéos; une autre passion que je m'étais découverte entre temps. Quant à la dernière, Aurélie, elle était aussi mignonne mais plutôt fille à maman vu qu'elle était la dernière. Évidemment, le fait qu'elle soit née entre des garçons eut des effets sur elle mais pas assez pour lui faire savoir qu'à son âge(9ans) elle devrait arrêter de sucer le pouce.
Bref, j'essayais tant bien que mal d'oublier ce que la guerre m'avait fait voir. Évidemment, j'avais des coups de blues parfois et je ne réagissais pas toujours de la même façon que mes cousins qui avaient toujours leur innocence, qui n'avaient pas vu encore un cadavre de leur vie mais je restais positif. Je le faisais pour ma mère parce qu'elle me l'avait demandé. Le jour où elle rentra de l'hôpital, elle m'appela dans la chambre avec mes frères :
-Mes chéris, je suis tellement heureuse de vous revoir tous en bonne santé. Je sais que nous avons tant vécu et vu en très peu de temps et je sais que vous avez été autant affectés que nous. Je suis vraiment désolée que vous ayez vécu tout ça; je vous demande pardon de n'avoir pas suffisamment pu vous protéger de toutes ces horreurs. Vous êtes encore si jeunes.
Elle marqua une pause et des larmes coulèrent le long de ses joues.
Votre père et moi avons décidé de rester un peu ici, le temps que tout se calme et que nous puissions trouver un autre logement ici comme ça vous pourrez reprendre l'école normalement. Je veux que vous soyez sages ici parce qu'on est pas chez nous ici. Vous devez respecter tout le monde et surtout aider chaque fois que l'occasion se présente. D'accord ? Je veux que vous oubliez tout ce qui s'est passé derrière et que vous repreniez une vie normale parce que vous êtes des enfants normaux. C'est compris ?-Oui maman. Nous répondîmes pendant qu'elle essuyait les larmes de mes frères.
-Alors retournez vous amuser. Rico, reste j'ai à te parler personnellement.
Elle attendit donc que mes frères sortirent pour commencer. Je crus vraiment que j'avais fait une bêtise.-Mon fils, mon chéri, je voulais te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi; merci d'avoir veillé sur tes frères. Je sais que ce n'est point une tâche facile mais tu l'as fait sans te plaindre. Tu es le fils dont j'ai toujours rêvé; toi et moi seuls savons ce que tu as vu, ce qui s'est passé, dit-elle en sanglotant.
Je la pris dans mes bras pour la consoler.-Je te demande pardon parce que tu n'avais pas à regarder ça. C'était mon rôle de te protéger, de garder vos yeux de ce genre de barbaries. Je te demande pardon. Je ne peux que te dire d'essayer d'oublier. Je sais que c'est dur et que tu en fais des cauchemars mais tu es le seul qui le sait et pour ça, je veux que tu sois fort; fort pour moi, car vous êtes tout ce que j'ai de plus cher au monde. Continue de veiller sur tes frères comme tu le fais si bien déjà d'accord?
-Oui maman, répondis-Je d'une petite voix car je ne voulais pas qu'elle voie mes larmes. Après, je sortis en courant de la chambre pour me réfugier dans la salle de bains, ce seul lieu qui a toujours vu mes larmes.
Le soir venu, lorsque l'heure de manger sonna, les mamans et nous, nous mîmes à table; c'était ainsi car mon père et mon oncle rentraient plutôt tard et mangeait généralement ensembles.
-Aurélie, tu dois bien manger au lieu de trier les légumes dans ton assiette. Reprochait ma tante à sa fille Aurélie-Mais Maman, je n'aime pas les légumes. C'est degueulasse.
-Hummmm
-Claire, ne t'inquiète pas, tous les enfants sont pareils. Tu sais avec le temps, ils prennent l'habitude eux-mêmes de manger toutes ces choses. Dit ma mère qui était à l'autre bout de la table
-Non non. C'est vrai que je lui tolère certaines choses mais il faut vraiment qu'elle grandisse. Et puis avec leur père qui ne m'aide pas du tout sur ce plan, j'en peux plus. Il n'est jamais en accord avec moi sur ce plan. Il trouve que j'en fais trop alors que les enfants ont besoin de toute l'attention possible pour changer. C'est d'ailleurs pour ça que je lui accorde tout ce qu'elle veut. Thomas, lui ne veut pas en entendre parler et trouve que je suis trop laxiste sur les bords.
-Il a raison dans un sens tu sais. Je te donne l'exemple de mes enfants. C'est vrai qu'avec eux je tolère certains caprices mais je sévis aussi quand il le faut.
-Ah là je t'arrête en même temps Émilienne. Ne compare s'il te plaît pas l'incomparable. C'est vrai que tes enfants sont bien éduqués mais ne compares surtout plus nos familles.
Je faillis à cet instant précis, avaler ma bouchée de travers............
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L'histoire d'une vie
De TodoRico, un jeune africain nous plonge dans les souvenirs de son adolescence pendant laquelle il a connu la guerre et bien d'autres atrocités qui ne disent pas leurs mots. Étant pour la plupart tues dans nos sociétés actuelles, ces atrocités bien que m...