Vendredi 3 juillet 2020

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« Ce que je redoute ne cesse jamais de se rapprocher, et finit un jour par arriver...

Mercredi soir a eu lieu la soirée pizzas que l'on fait tous les ans maintenant avec le Conseil de la Vie Lycéenne. Cette année, on a aussi convié les membres du club Unipev, et du groupe de lutte contre l'homophobie. Ce fut une très belle soirée, marquant la fin de l'Engagement de chacun pour cette année scolaire, rendue particulière et peu chargée en projets à cause de la pandémie de Coronavirus. Un Engagement que je n'ai cessé d'alimenter au cours de mes trois années de lycée. Certains ne comprennent pas qu'il soit pour moi difficile de partir. Alors, imaginez qu'il s'agisse d'une partie de votre vie, car vous y avez passé presque autant de temps que chez vous, et parce que votre Engagement a reflété la personne que vous êtes. Imaginez que c'est ici que vous avez pu vous définir, trouver votre voie, et que vous avez pu faire des rencontres incroyables que jamais vous ne pourrez oublier. Imaginez maintenant que vous deviez laisser ça derrière vous, et que vous soyez obligés d'avancer. Que jamais vous ne pourrez revenir en arrière, et que peut-être, vous ne ferez jamais d'aussi bonnes rencontres. Imaginez-vous en train de vous poser tout un tas de questions sur votre vie, de vous repasser tous ces souvenirs que vous vous êtes forgés en ce lieu devenu si important. Alors peut-être comprendrez-vous ce que je ressens actuellement, et pour longtemps encore. Si vous comprenez cela, et que vous me connaissez, quelque soit le rôle que vous ayez joué dans ma vie, alors ne coupez pas le contact. J'ai toujours tout donné pour les autres, pour les personnes qui m'entourent. Mais parfois, c'est moi qui ai besoin de ces personnes là...

Hier soir a eu lieu la soirée des Terminales. Une ultime soirée pour nous dire au revoir, et le dire à nos professeurs. Je n'ai jamais aimé ça, pour l'avoir vécu en CM2 et en 3ème. Chaque fois, la nostalgie prend le dessus, et je ne peux m'empêcher de souhaiter que ce que j'ai vécu avant ces départs dure encore et encore. Pourtant, une fois de plus, ce moment est venu, et il a fallu le faire. Je n'ai pas pleuré de la soirée, ce n'est d'ailleurs jamais arrivé. J'ai partagé la dernière danse, un slow, avec une prof d'espagnol que je n'ai jamais eue en cours, mais à qui j'ai partagé mes États d'Âme. "Tout ce que tu touches, c'est de l'or. Tu es l'une de mes meilleures rencontres chez les élèves. Tu es quelqu'un d'exceptionnel. Ne change jamais" m'a-t-elle glissé, alors que nous nous balancions sur Hallelujah de Jeff Buckley. Je ne savais pas trop comment je me sentais à ce moment. Peut-être bien que j'étais à la fois l'homme le plus heureux et le plus triste. Le slow sur une musique triste, des paroles incroyables, la fin d'une aventure... J'allais craquer, j'avais trop à encaisser d'un coup. Pourtant, ce ne fut pas le cas. J'avais senti mes yeux s'embuer, et je me sentais triste, mais rien de plus. Et alors que je rédige cet État d'Âme, les larmes se mettent enfin à couler. Cela s'est toujours passé comme ça. Il ne se passe jamais rien sur le moment, les larmes viennent toujours plus tard. Après tant de temps, je n'en suis toujours pas capable. Presque, mais pas entièrement. J'aurais voulu. Pour une fois que pleurer devant les autres ne me faisait ni chaud ni froid, j'aurais voulu le faire. Même si je parais toujours heureux, ça ne veut pas dire que derrière le sourire ne se cache pas une certaine tristesse mélancolique. Hélas, ce n'était pas arrivé. Un jour peut-être...

Tandis que j'embrasse la nostalgie en ce dernier jour officiel de cours, les larmes coulent à flot sur des lits de rivières asséchés. Les souvenirs se mélangent, se croisent et me déchirent de l'intérieur. J'aurais tellement voulu poursuivre mon engagement, ma vie, au lycée... »

États d'Âme : aux confins de l'espritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant