Je n'ai que quelques souvenirs de ce qu'était le monde avant, le reste n'est que flash-back. En réalité je ne me rappelle que du jour où tout a changé, où notre société a volé en éclats.
Nous étions en 2022, je devais avoir dix ou onze ans et nous rentrions de l'école mon frère et moi, c'était une belle journée de printemps. Nous vivions dans ce qu'on appelait anciennement Paris, nous étions entourés de tous ces beaux bâtiments. 46 rue du bac c'était chez nous. La rue était peuplée de petites boutiques en tout genre, on pouvait trouver un fleuriste au pied de notre immeuble et une boutique de vêtements du nom de Kujten cachemire. C'est fou les petits détails dont le cerveau humain est capable de se souvenir quand tout le reste tombe dans un trou noir.
Depuis quelque temps le climat était tendu. Les adultes disaient que le monde était en train de changer et cela faisait peur à tout le monde, y compris à mes parents. À la télévision les programmes avaient changé, nous ne regardions plus les dessins animés cela était devenu interdit par le gouvernement, il n'y avait que des chaînes d'informations en continu. Les gens ne se parlaient plus beaucoup, tout était devenu suspect. Des hommes vêtus de noir de la tête aux pieds s'étaient mis à faire des patrouilles, ils étaient envoyés par le gouvernement afin de protéger la population. Mais j'ai entendu papa dire à maman qu'ils étaient là pour nous contrôler. Nous ne pouvions pas voir le visage de ces hommes, ils portaient une cagoule noire qui couvraient toute leur tête mais également les yeux, le nez et la bouche. Aucun bout de peau n'était visible. L'uniforme militaire qu'ils portaient étaient noir à boutons argentés, une ceinture imposante était accrochée à leur taille et dessus y étaient accrochées arme, matraque télescopique et bombe lacrymogène. Ils avaient une gavroche militaire noire également. Ils étaient grands et marchaient par groupe de dix au minimum. En tant qu'enfant je ne comprenais pas ce que cela signifiait, le changement c'est souvent quelque chose de positif. Alors pourquoi en avoir peur ?
En rentrant dans notre appartement, je me suis tout de suite rendu compte que quelque chose clochait. Maman était en train de s'afférer, elle jetait des vêtements en boule dans des sacs à dos. Quand elle m'a vu dans le coin de la porte, elle m'a prise dans ses bras et m'a fait comprendre que nous devions parler. Alors elle s'est agenouillée pour être à mon niveau et a pris ma tête dans ses mains. « Papa ne rentrera pas », ont été les premiers mots qu'elle a prononcé avec beaucoup d'émotion, elle a continué en m'expliquant que nous devions partir sur le champ afin d'être en sécurité mon frère Aiden, elle et moi. Je me souviens lui avoir répondu « Partir, mais pour aller où ? Ici c'est chez nous ». Dix minutes plus tard nous étions sur le quai du métro 12 prêt à partir. Nous n'avions pas pris la voiture car selon ma mère il aurait été trop dangereux de passer les barrages de sécurité qui avaient été mis en place.
S'en est suivi un long voyage de plusieurs heures, nous sommes d'abord sorties de ce qu'on appelait Paris afin de rejoindre la banlieue et une fois là-bas nous avons pris un car. Ce car a roulé des heures durant et ne s'arrêtait que très rarement. Lorsque nous nous arrêtions c'était seulement pour cinq minutes et pas une de plus. Dans le car, tout le monde portait des masques chirurgicaux. C'étaient devenue une obligation depuis quelques années suite à la crise sanitaire qui avaient touché toute la sphère internationale, le gouvernement avait formellement interdit aux citoyens de se déplacer sans masque auquel cas ils s'exposaient à de sévères sanctions. Souvent ils se faisaient arrêter par les hommes en noir et étaient emmenés dans des locaux du gouvernement pour y faire un test afin de savoir si ces personnes étaient contaminés par le virus HAIN. Personne ne sait réellement ce qu'il se passait dans ces locaux, la seule chose que je peux vous dire c'est que les personnes qui y sont allés ne sont pas revenues dans leur état normal. Ce virus qui est apparu en l'an 2020 a touché toute la planète et a causé beaucoup de morts mais également un ralentissement de l'économie entré dans les records de l'histoire. Deux ans auparavant lorsque le virus a fait son apparition tous les secteurs d'activités se sont vu dans l'obligation d'arrêter de travailler, les citoyens étaient bloqués chez eux. Les villes étaient désertes, tous les bars, restaurants et lieux de divertissement étaient clos, seuls les magasins dit de première nécessité n'avaient pas vu leurs portes se fermer. Cet arrêt soudain de la production et de la consommation a engendré une crise économique encore jamais vu, la dette française s'est creusée au plus haut point. S'en est suivi une panique générale, les gens faisaient la queue des heures devant les magasins encore ouverts, ils achetaient pour une année entière de ravitaillement, se battaient dans les magasins pour un pack de lait. Nous étions aux portes de la guerre civile, c'était l'anarchie. Au commencement de cette crise sanitaire les médecins n'arrivaient pas à identifier l'origine du virus ni à comprendre son évolution sur le corps humain, les gens mourraient et on ne savait pas pourquoi. Les hommes en noir ont alors eu pour ordre de distribuer des masques à tous les citoyens afin que le virus se propage le moins possible. Des instructions ont été données à la télévision : il fallait se laver les mains le plus souvent possible et d'une certaine manière, éviter tout contact humain non nécessaire et surtout ne pas céder à la panique. Les gens infectés mourraient assez rapidement une fois touchés, aujourd'hui encore il y a des cas d'infection mais c'est moins récurrent et les gens n'y font plus attention. On apprend à vivre avec ces choses-là. On compte trois stades une fois infecté : lors de la première phase on ressent les symptômes d'une grippe lambda c'est-à-dire de la fièvre, une grande fatigue, des douleurs musculaires, le nez qui coule, mal de gorge. Lors de la seconde phase de l'infection cela devient plus grave puisque les organes sont touchés, maux de ventre, vomissements, impossibilité de bouger certains muscles. Le patient est alors cloué au lit. Et vient la dernière phase qui est la plus meurtrière de toutes, les symptômes se voient sur la peau qui laisse apparaitre des taches d'une couleur ocre sur tout le corps, les contaminés se voient devenir très faible, ils ne peuvent plus rien manger par voie orale car leurs ganglions lymphatiques gonflent à un point tel que plus rien ne passe par la gorge et les organes pourrissent de l'intérieur sans qu'on ne puisse rien faire. C'est une mort lente et douloureuse qui nous a été décrit par les médecins. Quand les premiers cas HAIN sont arrivés sur le continent personne ne savait à quoi s'attendre. Mais une fois qu'on eut compris ce qu'être infecté engendrait plus personne n'osait sortir de son foyer, on économisait les denrées alimentaires au maximum, on n'ouvrait plus la porte à nos voisins, on ne voulait même plus leur dire bonjour si on les croisait lorsqu'on allait chercher le courrier. Comme si leur dire bonjour allait nous infecter. Sans compter le déferlement de haine qui s'est propagée au sein de la population : les infractions se sont multipliées, les cambriolages aussi car les gens voulaient faire un maximum de provision, les gens se battaient pour protéger leur propriété, on dénonçait les voisins malades même si ce n'était qu'un rhume. L'humanité avait tout simplement disparue, retour à l'état sauvage.
Le car s'arrête finalement, nous sommes arrivés à destination au beau milieu de la nuit et au beau milieu de nulle part, autour de nous il n'y avait que des champs déserts et aucune âme qui vive. Nous étions sur une route en terre qui n'était éclairée que par la lumière émise par la pleine lune. Ma mère s'est mise à marcher et nous l'avons suivi Aiden et moi. Après plusieurs kilomètres nous nous sommes enfin arrêtés, nous étions arrivés à destination. Ma mère a frappé à la porte de cette énorme ferme et après quelques secondes d'attente nous avons entendu des pas arrivés et un homme nous a ouvert lampe torche à la main. Cet homme du nom de Stan était un parfait inconnu pour moi, je ne me souvenais pas l'avoir vu sur les photos de famille, son nom n'avait jamais été prononcé en ma présence. Il nous a fait entrer et sa femme nous a examiné pour être sûr que nous n'étions pas contaminés par le virus, suite à cela ils nous ont nourrit et fait coucher tous les trois dans une chambre à l'étage. Stan et sa femme dormaient dans une chambre un peu plus loin. Maman nous a expliqué que Stan était un vieil ami de la famille sans plus d'explications. Au ton qu'elle a pris j'ai compris que ce n'était pas le moment de poser des questions. La route que nous venions de faire nous avait tous éreinté, il n'aura fallu que quelques minutes pour que je tombe dans un sommeil profond.
Note de l'auteur: N'hésitez pas à me laisser vos avis afin que je puisse améliorer mon récit :)
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General FictionNous sommes en l'an 2032, bienvenue sur Le Continent. Suite à un virus qui a infecté tout le globe, une crise économique sans précédent et une guerre internationale qui a détruit la moitié de la planète nous réapprenons à vivre. Tous les codes de...