AUTHORITY

Chapitre 6

Face à ma mine déconfite l'homme continu son discours, toujours les mains en l'air :

- J'imagine que tu te poses beaucoup de questions et je vais y répondre. Je me présente, je m'appelle Kamel et cela fait quelques jours que je te suis comme tu as pu le remarquer mais j'essayais de trouver le bon moment pour pouvoir te parler tranquillement. Je m'excuse de t'avoir fait peur mais je ne pouvais entrer en contact directement avec toi à cause de toutes les caméras qui nous surveillent dehors. Si on nous voit ensemble tu seras en danger. Personne ne sait que je suis ici sauf la personne qui m'a envoyé te trouver.

Il arrête de parler et me regarde dans l'attente d'une quelconque réaction de ma part, il attend que je dise quelque chose. Rien ne vient, je ne bouge pas. Malgré sa petite tirade qui se voulait rassurante, je suis toujours effrayée par cet inconnu qui s'est introduit chez moi. Après tout je ne le connais pas et ses intentions me semblent assez floues. Je jette un coup d'œil vers l'interphone situé près de la porte d'entrée et une idée me vient. Un bouton d'urgence se trouve sur l'appareil, il est relié aux différents postes de police et d'urgences. Et si je courrais jusqu'à celui-ci afin d'alerter les autorités compétentes qu'un inconnu s'est introduit chez moi ? L'idée fait rapidement son chemin et sans réfléchir je me lance à la hâte vers l'interphone. Alors que je l'ai presque atteint, je sens les grands bras de l'homme m'envelopper et de ce fait bloquer mes bras. Je le bouscule et toujours sans me lâcher il se heurte à la commode qui se trouve dans l'entrée. Le vase qui se trouve dessus tombe et se brise avec fracas. Les fleurs et l'eau qui se trouvaient à l'intérieur se répandent sur le sol. Agacé par la situation, il me soulève avec une facilité déconcertante, je me débats avec mes jambes mais cela ne change rien. C'est inutile, je suis prise au piège.

- Lâche-moi !

C'est sans un mot qu'il me dépose sur mon canapé et s'assoit face à moi sur la table basse. Alors qu'il cherche ses mots, je le toise. Ce Kamel est un homme de grande taille au teint basané et il a de cheveux châtain clair. Même si j'essayais de m'enfuir il me rattraperait en quelques pas seulement. Après quelques secondes de silence il se décide à prendre la parole.

- Je ne te veux aucun mal, on m'a envoyé pour, justement, te mettre en sécurité.

Toujours méfiante, je prends la parole à mon tour.

- Me mettre en sécurité contre quel danger ?

- Je ne peux rien te dire ici, j'ai besoin que tu viennes avec moi.

- Venir ? Mais pour aller où ? Il est hors de question que je te suive !

Je l'entends soupirer, mes réactions l'exaspèrent.

- Sacha, s'il te plait ne rends pas tout cela plus compliqué. Je sais que tu ne me fais pas confiance car nous ne connaissons pas mais si tu viens avec moi tout sera plus clair pour toi. On te mettra en sécurité et tu auras toute la vérité concernant ce qui est arrivé à ton père.

Lorsqu'il finit sa phrase je me glace. Mon père ?

- Mon père est mort depuis longtemps. Répliquais-je.

- Je sais bien, mais tu ne connais pas la vérité sur les circonstances de sa mort.

- Alors dis-moi ?

- Si tu viens avec moi au refuge on te dira tout. Ici c'est trop risqué.

Kamel se lève et se dirige vers la porte d'entrée.

- Je ne peux pas te forcer à venir avec moi mais je te laisse jusqu'à demain pour prendre ta décision. Si tu choisis de venir alors rejoins-moi demain à vingt-trois heures à l'entrée du Pont de l'Est, si tu choisis de ne pas venir alors nos chemins ne se croiseront plus.

Alors qu'il va pour ouvrir la porte d'entrée pour partir, je me lève à mon tour et lui dis :

- Et mon frère ?

- C'est toi qu'on m'a envoyé chercher. Si vous disparaissez tous les deux ça va éveiller les soupçons sur vous. Mets-le dans la confidence afin qu'il te couvre mais ne l'emmène pas.

- Il ne me laissera jamais partir seule.

- Débrouilles-toi.

Et il claque la porte sans me donner plus d'informations, me laissant seule avec mes questionnements et mes doutes.