Chapitre 2

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Concernant mes journées de travail, elles sont souvent similaires : je dois être présente sur les lieux à sept heures et tout préparer afin d'accueillir au mieux les employés de l'entreprise et les visiteurs externes à celle-ci. Je mets à disposition des badges sur lesquels est inscrit le terme « visiteur » pour les personnes présentes au sein de l'entreprise de manière exceptionnelle, cela permet de les différencier des employés qui sont présents à temps plein. Je dispose de petites bouteilles d'eau sur les tables du hall et j'active l'ordinateur qui m'est mis à disposition par l'entreprise. J'accueille les gens qui entrent et prévient les employés de l'entreprise lorsqu'un rendez-vous est arrivé. Dans ce travail on nous demande de paraître aussi lisse que possible, ne pas attirer l'attention, faire partie du décor mais savoir se rendre visible dès que la situation le demande. Je suis un peu comme une plante verte mais je parle lorsqu'on m'adresse la parole.

Lorsque midi sonne, je pars en pause-déjeuner et une collègue prend le relais pendant ce temps. Souvent c'est mon amie Mitchell qui me remplace. Chez Data Corp. nous avons droit à trente minutes de pause-déjeuner et pas une de plus, on estime que c'est suffisant. Enfin cela dépend de la région du Continent et de la souplesse des dirigeants. Dans certaines zones ils doivent déjeuner à leur poste de travail afin de rattraper le retard économique de ces dernières années. Encore une habitude qui a changé suite à la guerre internationale. Aujourd'hui, tout est pensé pour que nous remboursions notre dette financière à la Banque Centrale Mondiale. Mes après-midis ressemblent comme deux gouttes d'eau à mes matinées avec des heures creuses où les va-et-vient se font assez rare, je m'occupe en faisant la discussion à Grégoire ou Greg comme j'aime l'appeler qui est l'agent de sécurité en charge du hall dans lequel je travaille.

- Alors ta femme est à combien de mois de grossesse ? Je lui demande.

- Mon Irma ne devrait plus tarder à donner naissance, on en est à la moitié du septième mois.

- Plus qu'un mois et demi alors, elle se sent comment ?

- Épuisée, elle dit qu'elle va bientôt exploser tellement elle est lourde. Moi je la trouve magnifique avec son gros ventre.

- Elle va bientôt rentrer au Centre, non ? D'ailleurs cela m'étonne que le gouvernement ne l'y est pas fait entrer plus tôt.

- On a reçu une première lettre à six mois de grossesse mais Irma a refusé catégoriquement d'y aller, elle dit que cela n'aurait pas été bon pour son moral. Mais à huit mois elle sera obligée d'y aller et je resterai seul.

Le Centre est un hôpital mais dédié uniquement aux femmes enceinte. C'est aussi un centre d'accueil dans lequel on les héberge pendant toute ou une partie de la grossesse. Le but est que ces femmes soient choyées, qu'elles ne ressentent pas trop de stress car on dit que cela favorise la perte du bébé ou des malformations chroniques. Le gouvernement veut que leur grossesse se déroule au mieux. Dans notre société, les naissances sont vues comme une aubaine. Post-guerre le nombre de morts était tel que les gouvernements devaient relancer les naissances alors des campagnes de propagande ont été lancées. Dans les rues nous pouvions apercevoir des affiches murales sur lesquelles étaient venté le bonheur de devenir mère ou de donner naissance pour la énième fois. La télévision jouait un rôle important dans la propagande, films, séries et publicités ne faisaient que retransmettre ce message en boucle. Une grossesse, que rêver de mieux ? Des primes ont été accordées aux femmes qui donnaient naissance, celles qui passaient la totalité de leur grossesse dans les centres se voyaient accorder une prime plus importante. Tout a été mis en place pour donner envie d'enfanter. Aujourd'hui les centres sont monnaie courante dans notre société et ils sont souvent bondés. Le gouvernement a pour habitude d'y envoyer les femmes enceintes dès les premiers mois de grossesse pour plus de sureté mais si refus de la femme il y a alors une relance qui est faite par courrier quelques mois plus tard. Les derniers mois de grossesse sont obligatoirement effectués au Centre.

Ma journée type se termine à vingt-et-une heures. Je sais que dans l'ancien monde il aurait été impensable d'effectuer des journées de travail aussi longues que celles-ci, l'ancien code du travail l'interdisait. Mais aujourd'hui plus personne ne s'offusque pour cela, tout le monde est mis à contribution à son échelle. D'ailleurs les gens travaillent beaucoup plus jeune, dès l'âge de quatorze ans s'ils le souhaitent. Et cela est perçu d'un très bon œil par le gouvernement.

Je retourne aux vestiaires afin de récupérer mon sac et le reste de mes affaires, je passe les portiques de sécurité en scannant le code-barres sur mon poignet et je prends le bus 777 dans le sens inverse afin de rejoindre mon appartement sur la rue de la Fraternité.

Lorsque je descends du bus il fait encore jour dehors malgré l'heure tardive. Cela n'est pas dû à une soirée d'été, non, nous sommes en réalité en plein mois de décembre. Ce phénomène est dû à des dispositifs spatiaux qui ont été mis en place par le gouvernement. Ils permettent de faire un effet miroir et de refléter la lumière du soleil le plus longtemps possible sur le Continent ce qui fait durer les journées plus longtemps et donc motive les citoyens à passer plus d'heures au travail. C'est moins fatiguant dit-on. Je pense surtout que cela diminue le risque de burnout. Travailler lorsque la nuit est tombée est mauvaise pour notre horloge interne et crée des gens dépressifs. Alors travailler sept jours sur sept et en plus lorsque la nuit est tombée, je vous laisse imaginer ce que cela donnerait ! 

Lorsque le bus me dépose je marche une centaine de mètres avant de bifurquer sur la gauche. Mon appartement se trouve à l'angle du boulevard. Alors que je cherche mes clés dans mon sac tout en marchant je me heurte à quelque chose. Ou plutôt à quelqu'un. Je n'ai pas le temps de voir ce qu'il se passe et j'ai à peine le temps de me rattraper. Un peu plus et je me retrouvais les fesses sur le béton. Une fois que je tiens bien en équilibre sur mes deux pieds je relève la tête et fais face à un homme de grande taille. Lui aussi reprend ses esprits. Je l'entends marmonner dans sa barbe des injures. J'étais sur le point de m'excuser lorsqu'il daigna enfin me regarder et me fusilla du regard.

- Vous ne pouvez pas regarder où vous allez ? m'agresse-t-il.

Je suis pétrifiée et ne sais que répondre. Je sens le rouge me monter aux joues et je bredouille quelques mots incompréhensibles. L'inconnu me toise et finit par s'en aller me laissant là, seule sur le trottoir. 

PS: Hello tout le monde, j'espère que vous allez bien! J'espère de tout coeur que ce chapitre vous plaira, j'essaye de rendre mon récit un peu plus vivant en y incluant du dialogue (j'ai du mal avec ça lol mais j'y travaille!). Maintenant que le décor est planté on rentrera dans le vif du sujet dès le chapitre suivant!! 

N'hésitez pas à me donner vos avis, et votez si cela vous a plu. Des bisous!  

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