Une fois mes esprits repris, je finis par monter chez moi encore secouée de la nonchalance de ce grossier personnage. Sur mon passage je récupère le courrier qui traine dans la boîte aux lettres et n'y trouve rien d'intéressant. Seulement des factures, des tracts vantant les bienfaits du travail sur la santé et des publicités pour s'inscrire dans des clubs en tout genre. Lorsque j'arrive l'appartement est vide. Le salon est baigné dans la lumière artificielle de l'extérieur. Aiden n'est pas encore rentré. Il doit surement être au travail ou avec des amis.
Mon petit frère et moi vivons ensemble dans ce trois pièces depuis quelques années maintenant, ce n'est pas le grand luxe mais on s'y sent plutôt bien. Et puis c'est suffisant pour nous deux. Nous avons emménagé dans ce quartier quelque temps après la mort de notre mère, laissant la petite maison de campagne dans laquelle nous nous étions réfugiés tous les trois.
J'allais avoir dix-neuf ans lorsque ma mère nous quitta Aiden et moi succombant à la maladie de l'an 2022, le virus HAIN. Suite à la panique qu'a engendrée cette maladie dans les années 2020, les gens se sont accommodés à elle et ont appris à vivre avec cette menace constante. Aujourd'hui plus personne ne prête attention à ce virus bien que nos habitudes à tous aient changées. Par exemple, tous continuent de sortir en portant des masques bien qu'ils ne soient plus obligatoires. Certaines personnes continuent de porter des gants lorsqu'elles sortent en extérieur afin de limiter le contact au maximum avec les bactéries et microbes. C'est quelque chose qui a marqué les gens. Ma mère s'est battue des mois durant contre la maladie, c'est aller crescendo. Au début ce n'était que de petits symptômes, des maux de tête, une toux assez prononcée mais rien de plus. Et puis petit à petit ça s'est aggravé, des problèmes respiratoires, une grande fatigue jusqu'au jour où elle ne put plus se lever de son lit. Cela a duré plusieurs mois. Et puis vint le jour où trop épuisée elle n'ouvrit plus les yeux. Aiden et moi nous sommes retrouvés orphelins ne sachant que faire.
Finalement, nous avons pris la décision de quitter notre campagne afin de rejoindre la ville. Grâce aux contacts de ma mère que nous connaissons nous avons trouvé un appartement assez rapidement, celui que nous occupons aujourd'hui encore. Les quelques premiers entretiens d'embauche que j'ai effectué n'étaient pas très fructueux, j'essuyais refus sur refus. Aiden, lui, n'a pas eu trop de mal. Il a trouvé un emploi en tant que maçon sur les chantiers une semaine seulement après notre arrivée. La ville était en plein essor à ce moment-là, les bâtiments sortaient de terre à une vitesse folle puisqu'il fallait reloger un nombre important de personnes. Les entreprises de construction recherchaient activement des petites mains pour construire ces immeubles immenses que l'on peut apercevoir aujourd'hui de n'importe où dans la ville. Ceci expliquant cela, Aiden a été embauché directement et voilà comment à l'âge de seize ans mon petit frère s'est retrouvé maçon sur un chantier.
À l'époque le monde du travail était quelque chose de tout nouveau pour nous deux, nous n'avions jamais vraiment travaillés. Nous ne connaissions que les travaux agricoles puisqu'après notre départ de Paris nous avions été ballotés de campagne en campagne sans jamais revoir la ville. Nous logions souvent chez des amis de ma mère qui possédaient des fermes et parfois nous demandions la charité à des inconnus lorsque nous devions partir en urgence pour une raison ou une autre. Tout cela a duré un bon nombre d'années. Nous étions trop jeunes à l'époque pour comprendre ce que ma mère essayait désespérément de fuir ou de trouver. Aujourd'hui je comprends, c'est la guerre qu'elle fuyait. Cette guerre a causé tellement de dégâts : humain, financier, écologique et bien d'autres. Ce fut une période horrible mais nous nous considérons comme chanceux en connaissant l'ampleur de ces dégâts sur d'autres continents. La carte du monde a été revu à la baisse puisqu'il ne reste presque plus rien. Au centre de celle-ci on y trouve le Continent, au même endroit que sur les vieilles cartes et juste en bas il y a ce qu'on appelait anciennement Afrique. Aujourd'hui on appelle cette terre Eter. Sur le reste de la carte il n'y a plus rien, ces zones ont été grisées et on peut y apercevoir le terme « DÉSERT ». Des villes entières ont été rasées en quelques secondes, des pays ont disparus en un battement de cils, des gens sont morts alors qu'ils n'avaient rien demandés. C'est triste de se rendre compte à quel point le pouvoir et un égo surdimensionné peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Sur le Continent il n'y a plus un seul dirigeant. Nous apprenons de nos erreurs. Une dizaine de personnes est au pouvoir afin de gouverner cette vaste terre et si une décision doit être prise elle doit passer en commission. Cela peut prendre des mois voire des années mais nous sommes tous d'accord pour dire que c'est bien mieux pour maintenir le fragile équilibre qui a été retrouvé post-guerre.
Mes semaines se ressemblent grandement, je passe la majeure partie de mon temps au travail. Lorsque je ne travaille pas je rentre pour me reposer quand je suis trop fatiguée, sinon j'ai une vie sociale bien remplie. Je sors souvent avec mes amies et surtout avec mon amie et collègue de longue date, Mitchell. Nous nous sommes rencontrées lors de mon arrivée en ville, elle m'a accueillie chez Data Corp. et m'a enseignée tous les rouages du métier. Elle a bien été la seule ravie de mon arrivée au sein de l'entreprise, les autres filles se considèrent toutes comme des concurrentes et se comportent comme des pestes. Chacune a peur pour sa place alors elles n'aident personne. C'est compréhensible. Le gouvernement nous incite fortement à développer une vie sociale, les gens disent que cela permet de relancer l'économie. Alors nous sortons et nous consommons malgré le peu de temps libre qui nous est accordé.
Un jour alors que je suis à mon poste habituel je vois un homme passer à plusieurs reprises devant Data Corp., à travers la grande baie vitrée du hall. Je n'y prête pas attention au départ, peut-être cherche-t-il son chemin ? Mais le va-et-vient continu pendant une trentaine de minutes. Le jeune homme me regarde lorsqu'il passe devant et cela me met mal à l'aise. Les données confidentielles qui sont stockées au sein de l'entreprise sont à caractère sensible et de ce fait les consignes sont strictes. Tout comportement louche ou suspect doit être notifié à un agent de la sécurité. Je fais signe à Greg de me rejoindre discrètement.
- Qu'est-ce qu'il se passe ma jolie ?
Je baisse la voix et lui dit :
- Greg, il y a un jeune homme qui rode devant le hall depuis une trentaine de minutes. Je pensais qu'il cherchait son chemin au départ, mais maintenant je n'en suis plus très sûre. Il fait le va-et-vient sans cesse et regarde à l'intérieur du hall. Il me parait louche, je crois qu'il fait un repérage des lieux...
Grégoire appelle un de ses collègues et tous deux sortent du bâtiment afin d'aller voir ce qu'il se passe. À son retour il m'informe qu'il n'y avait personne autour du bâtiment mais que l'information a été relayée auprès des autres collègues.
PS: Je suis trop heureuse d'avancer dans mon récit et j'espère que cette partie vous plaira autant qu'il m'a plu de l'écrire.
N'hésitez pas à laisser un petit commentaire constructif afin que je puisse améliorer mon récit si besoin, n'hésitez pas non plus à me faire part de vos hypothèses pour la suite de l'histoire (peut-être que cela me donnera des idées!). Des bisous <3
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General FictionNous sommes en l'an 2032, bienvenue sur Le Continent. Suite à un virus qui a infecté tout le globe, une crise économique sans précédent et une guerre internationale qui a détruit la moitié de la planète nous réapprenons à vivre. Tous les codes de...