Après le départ de cet homme, je reste quelques minutes -assez longues- assise dans mon canapé, le regard dans le vide. Sa visite m'a chamboulée. Et malgré le fait que je ne le connaisse pas j'ai l'impression qu'il me dit la vérité. Mais comment en être sûre ? Je n'ai aucun moyen de vérifier ce qu'il m'a dit. Je repense aux mots qu'il a employés. Il a parlé d'un refuge, « le refuge ». Je n'ai aucune connaissance d'un tel endroit. J'ai ce réflexe d'empoigner mon ordinateur portable afin de trouver des informations sur internet. Alors que la page internet me donnant accès au moteur de recherches apparait sur l'écran je me fige. Que se passerait-il si je tapais ces mots dans la barre de recherches ? Un signalement serait-il envoyé aux hommes en noir qui font office de forces de l'ordre depuis quelques années ? Je n'en sais rien, mais si je prends en compte ce que cet inconnu m'a dit nous sommes constamment surveillés et je serai étonnée d'apprendre que nos historiques internet ne soient pas passés au crible. Je me ravise et ferme mon ordinateur portable avant de le reposer sur la table basse face à moi. Que faire maintenant ? Je me sens assaillie de questions et je ne peux en parler à personne. L'idée d'aller trouver Mitchell chez elle afin de lui expliquer ce qui m'est arrivé me traverse l'esprit. Mais est-ce que ce ne serait pas la mettre en danger d'une certaine façon ? Je ne veux pas la mettre dans une situation à risques alors je n'en fais rien et reste là, assise dans mon canapé le regard dans le vide. Que faire ?
Après quelques minutes d'hésitation je décide d'aller me changer et enfile un survêtement et une vieille paire de baskets. J'ai besoin de réfléchir à toute cette histoire et de me vider l'esprit. Je descends les escaliers de mon immeuble à toute vitesse et une fois dans la rue je commence mon footing en empruntant le même parcours qu'à mon habitude, me dirigeant vers le parc qui borde mon immeuble. Dehors la nuit n'est pas encore tombée mais j'aperçois le crépuscule qui pointe le bout de son nez, à la fin de mon footing il fera nuit c'est sûr. Il fait plutôt bon pour une fin décembre, le vent ne souffle pas bien qu'il fasse frais. Mais ce n'est pas de ces températures à vous couper la respiration dès que vous mettez un pied dehors et encore moins de celles qui donnent mal à la gorge. Je trottine à allure régulière et petit à petit mes pensées se calment et font place à la réflexion. Je me repasse la scène qui s'est déroulée chez moi, cet inconnu dans mon salon, le ton enfantin qu'il a pris pour me parler et les mots qu'il a prononcés. Mon père, comment est-il au courant pour mon père ? Bien que ce ne soit pas une information confidentielle je suis étonnée d'apprendre qu'il sait que mon père n'est plus parmi nous. Il en sait vraisemblablement beaucoup sur moi alors que je ne connais rien de lui, si ce n'est son prénom et qu'il vient du « refuge ». Est-ce bien raisonnable de suivre un inconnu dont on ne connait pas les intentions ? Il a su attiser ma curiosité c'est vrai, mais si tout ceci n'était qu'une mascarade ? Peut-être qu'il fait partie du gouvernement et que leurs membres tentent de me piéger ? Mais j'avoue que je ne comprends pas bien pourquoi le gouvernement ferait cela. Je trottine en direction de mon immeuble afin de rentrer chez moi avant que la nuit ne tombe complètement, toutes ces histoires me rendent paranoïaque et j'ai l'impression constante d'être suivi. Lorsque j'atteins finalement mon immeuble je suis à bout de souffle, les derniers mètres qu'il me restaient ont été effectués en sprint. L'ascenseur arrive et me dépose à mon étage. Avant de tourner la clé dans la serrure je m'arrête et guette chaque bruit qui pourrait être étrange. Je n'entends rien d'inhabituel. J'entre et trouve les lumières allumées, le parfum des épices qui provient de la cuisine. Je ferme la porte d'entrée derrière moi et Aiden surgit du salon.
- Tu tombes à pique, le dîner est prêt.
- Qu'est-ce que tu nous as fait ? Ça sent bon.
Nous passons à table et pendant que nous mangeons nous échangeons des banalités. Il me raconte des anecdotes qui lui sont arrivées aujourd'hui au travail et nous rions. Malgré tout ça je n'arrive pas à oublier le jeune homme de tout à l'heure et ce qu'il m'a dit. Je ne peux m'empêcher d'y repenser. Et la question qui se pose dans mon esprit est de savoir si je serais présente au rendez-vous qu'il m'a fixé le lendemain. Après un bref silence entre mon frère et moi je lui pose la question :
- Aiden, tu as déjà entendu parler du refuge ?
Lorsque je pose la question je vois dans le regard de mon frère une lueur que je ne lui connais pas, un bref éclair d'étonnement presque imperceptible si on n'y fait pas attention. Ça ne dure qu'une demi-seconde à peine mais j'ai le temps de capter cette expression.
- Un refuge pour animaux ?
- Non pas ce genre de refuge. Le « refuge ».
Et je mime les guillemets avec mes mains. Son visage se crispe et je le vois froncer les sourcils.
- Pourquoi tu me poses cette question ? Rétorque-t-il
- Il m'est arrivée quelque chose de peu banal aujourd'hui et j'aimerais savoir si je suis folle.
- J'ai déjà entendu parler d'un refuge, oui. Certainsprétendent qu'il existerait une sorte de centre où des exclus de la sociétévivraient, des gens incapables de se plier aux lois qui dictent notre sociétéet qui seraient de fait des rebelles. Mais ce ne sont que des rumeurs et jedoute très fortement que le gouvernement et les hommes en noir laisseraientpasser cela. Je n'y crois pas.
Note de l'auteur: Partie postée un peu en retard car je pensais que nous étions mercredi et non jeudi lol, j'espère qu'elle vous plaira quand même. N'hésitez pas à me laisser vos avis <3
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General FictionNous sommes en l'an 2032, bienvenue sur Le Continent. Suite à un virus qui a infecté tout le globe, une crise économique sans précédent et une guerre internationale qui a détruit la moitié de la planète nous réapprenons à vivre. Tous les codes de...