Chapitre 30: Négociations (Inédit)

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Plus de douleur, je t'en prie. Plus de mal, je t'en conjure. 

xXX

Une semaine après la dernière visite d'Harry, je me trouve encore dans la chambre d'hôpital, quoiqu'avec un meilleur état de santé. Au moins, physiquement. Émotionnellement, j'oscille entre folie et dépression. L'ouverture de la porte, comme d'habitude, fait douloureusement rebondir mon cœur dans ma poitrine. J'ai l'impression à chaque fois qu'elle s'ouvre que cette porte déversera mes cauchemars dans cette chambre, dans ma vie. Heureusement, il ne s'agit que de Charly et Harry, tous deux présentant des mines dépitées mal dissimulées sous des sourires. Je suis consciente de la pression qui pèse sur toutes les épaules, de la possibilité de croupir en prison même si Victoria demeure aussi muette qu'une taupe concernant nos différends. Charly passe tendrement sa main sur mon avant-bras, tandis qu'Harry m'embrasse chastement. Bientôt, je pourrai sortir de cet hôpital, pour finir en prison. En prison par amour ! Dans les contes de fée, cela aurait été romantique. La princesse serait délivrée par le prince et ils vivraient heureux jusqu'à la fin des temps. La réalité est tout autre, inexorable. Puisque le prince et la princesse termineront derrière les barreaux.

— Du nouveau concernant Ashley et Andrew ? demandé-je à Charly.

J'essaye d'abord de me redresser, mais me résigne rapidement quand la douleur me serre le ventre. Le médecin a estimé la cicatrisation de ma plaie à un mois. J'en doute, car la douleur ne semble pas s'atténuer, elle est gérable en raison de tous les autres problèmes qui planent dans l'air. Charly semble d'abord réfléchir, avant de finalement parler.

— Elle ne sortira pas de sitôt — démence, schizophrénie ou quelque chose dans le genre, ont-ils dit. J'ai commis l'erreur d'amener Andrew voir sa mère avec l'assistante sociale, et ça n'a pas bien tourné, elle l'a traité de noms que je préfère taire.

Il parle avec une forte frustration, ce qui m'attriste. Il aime cette femme qui s'est révélée être une cinglée. Elle est devenue malade en raison de la violence subie. Elle est devenue malade, car elle avait peur de se libérer.

— Pour Andrew ? l'interrogé-je, inquiète de l'avenir de ce petit que j'affectionne énormément.

— Ses grands-parents essayent de devenir ses tuteurs légaux, mes parents sont sur le coup avec un de leurs amis qui est un excellent avocat. Pour l'instant, il vit avec eux.

— Et Homel ? demandé-je à Harry, légèrement soulagée qu'Andrew soit en sécurité.

Il se tend.

— Tu devrais te reposer, ça ne fait qu'une semaine et tu dépenses beaucoup d'énergie en parlant, rétorque-t-il sur un ton légèrement agacé.

Classique d'Harry. Je roule des yeux.

— Je vais déjà bien, et j'irai encore mieux en sachant ce qui se passe.

— Victoria est silencieuse, et j'ai peur qu'elle prépare un sale coup. Audrey s'est volatilisée. Victoria ne semble d'ailleurs pas s'en inquiéter, d'après Cyril.

Mes yeux naviguent pour quelques instants dans la pièce, à l'affut de tout indice qui, une fois ayant traversé mes pupilles, sèmerait dans mon cerveau une solution miracle. Seulement, on ne peut espérer recevoir à Noël un cadeau renfermant la clé à tous les soucis.

— Il doit bien y avoir quelque chose à faire, on ne peut pas vivre avec la peur de cette femme plus longtemps, m'indigné-je. Tu as une idée d'où peut se trouver Audrey ? J'espère qu'elle n'a pas fait une bêtise par notre faute.

Tentation en éditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant