Chapitre 24: Démon

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Dans l'illusion des problèmes, je me noie dans les eaux profondes de la démence.

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Aujourd'hui, c'est mercredi. Je dois d'abord aller travailler chez le coach puis me rendre à ce fameux spa avec Audrey. Dès que je mets pied dans le salon, la sonnerie retentit.

— Bonjour, Aïden ! salué-je en souriant à celui qui se trouve en face de moi.

— Hey, Michelle ! Voici ton courrier.

— Merci, souris-je. Bonne journée.

— Bonne journée Michelle.

Je me jette dans mon sofa pour me balader dans ces fameux courriers. Mes yeux s'accrochent à une petite enveloppe noire que j'ouvre en fronçant les sourcils d'appréhension. Dans les films, ce n'est jamais bon signe. Dès que je l'ouvre, un petit cri s'échappe de ma gorge. Ce sont des photos d'Harry et moi, en train de nous embrasser, dans tous les lieux qu'on a visités, puis de cette fameuse soirée du lundi quand nous nous sommes éclipsés par la porte de service pour nous embrasser. Mes mains tremblent alors que je continue de fixer les images, tout mon système parasympathique en suractivité.

— Michelle.

Je sursaute et balance nerveusement toutes les photos dans une boite avant de me lever, agitée. Mon père fronce les sourcils.

— Ça va ? me demande-t-il.

— Oui, oui, pourquoi ça n'irait pas ? bafouillé-je en souriant nerveusement.

— Parce que tu as l'air nerveuse.

— Nerveuse moi ? fis-je en secouant mes mains. Peut-être juste à cause de cette folle journée de travail avec le coach qui m'attend, avancé-je d'une voix trop artificielle.

— Le coach ? répète mon père, surpris.

Oups. J'espérais vraiment ne pas avoir à lui en parler.

— Je... et bien, je travaille avec lui, avoué-je d'une petite voix.

— Et pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?

— Ça n'allait pas fort entre vous dans le passé, donc je ne savais pas si c'était approprié.

— Michelle, c'est du passé, ne t'inquiète pas.

— Donc tu voudrais aller le voir là ? tenté-je avec une lueur d'espoir.

— Non, n'exagérons pas.

Je souris en remuant ma tête. Mon père est sûrement un peu blessé, parce qu'il a toujours jalousé ma relation avec le coach. Je marche vers lui comme une petite fille, tentant de contrôler les battements de mon cœur effrayé. Je lui fais un câlin.

— Tu resteras toujours mon petit papounet d'amour.

— Tu resteras ma petite fille chérie, fait-il en me souriant.

Il fronce à nouveau les sourcils.

— Tu es sûre que ça va ? insiste-t-il.

— Oui, oui. Je... Je vais juste m'en aller.

Je récupère la boite puis cours vers ma chambre. Je la cache sous le lit avant de fermer à clé puis de sortir. Lorsque je passe devant la cuisine, papa et Luc discutent en prenant leur petit déjeuner. Je souris légèrement. Je ne peux pas leur parler de ça, je dois assumer les conséquences de mes actes, toute seule. Puisque d'une certaine manière, j'ai insisté avec l'affaire Harry. Des larmes menacent de couler, mais je les retiens. Ce n'est pas le moment de craquer. Tout ira bien. Dès que je sors de l'immeuble, je marche lentement jusqu'à la voiture en tentant de respirer normalement. Dès que mon téléphone sonne, j'y jette un coup d'œil pour découvrir un message d'Harry qui me souhaite une bonne journée. Il dit que je lui manque. Comment suis-je censée dire à cet homme si effrayé de cette vie que notre peur est juste à côté ? Comment lui dire que quelqu'un a découvert notre secret et que ce quelqu'un ne sera sûrement pas un allié ? Comment lui dire que cette aventure que j'espérais éternelle est menacée ? Je ne peux pas. Je range le téléphone dans mon sac à dos sans répondre puis continue anxieusement ma marche. Lorsque je lève la tête, je remarque une personne qui m'observe au loin. Je fronce les sourcils, m'arrête, plisse les yeux pour mieux discerner les traits de la personne qui sourit à présent d'un air morbide. Jack. C'est lui. Je détourne rapidement mon regard puis cours jusqu'à la voiture. Le long du trajet, je n'adresse pas la parole à Abdou et me contente de taper du pied. J'ai peur, atrocement peur. Harry m'appelle. J'hésite beaucoup, mais finis par décrocher.

Tentation en éditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant