Notre lien est fort, de l'affaiblir, tu as tort.
xXx
Assise sur un des tabourets du comptoir de la cuisine, je sirote mon jus de pomme — mon péché mignon. Tandis que le liquide s'infiltre à travers mes papilles, je lis le mail que vient de m'envoyer mon éditeur :
De : HOMEL company
À : Michelle Lawson
Bonjour demoiselle Lawson,
Je suis le responsable de la rubrique fantastique et science-fiction. Notre entrevue et la signature du contrat officielle se feront le vendredi à huit heures.
En vous souhaitant la bienvenue dans notre équipe, je vous souhaite une bonne journée,
Cordialement, Harry Evans.
Mon cœur tonne dans ma poitrine parce que c'est l'un des responsables d'Homel. Quoique ce ne soit qu'un mail, sa courtoisie laisse penser qu'il est gentil. Je finis par me lever, prends mon téléphone et mon sac puis me dirige vers la porte. À peine l'ouvré-je que Charly se présente à moi, vêtu d'une marinière, d'un bermuda gris et de baskets blanches. Il me sourit, m'attire doucement vers lui et mes épaules de ses bras. Visage plongé dans son cou, j'aspire son parfum si sécurisant. J'étends un peu notre étreinte parce que je suis soudainement en manque d'affection, comme si une fêlure s'était décidée à entraver mon cœur. Lorsqu'on se détache, il me scrute durant un moment — ses yeux tentent de me lire, je déteste quand il fait ça — et prend la parole d'une voix cajoleuse :
— Que s'est-il passé hier ?
Je déglutis.
— Je te raconte en chemin.
*
Nous venons de débarquer dans le parc de la Gatineau situé dans la vie de Gatineau. Nous nous installons à une table d'un café et commandons.
— Il t'a vraiment tapé dans l'œil on dirait, remarque Charly.
— Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais j'ai envie de le revoir, Charly, grogné-je.
— Fais attention, il n'avait pas l'air intéressé, me rappelle-t-il sans douceur.
Je déglutis de nouveau, tombe des nues et pose mon regard fuyant sur les quelques personnes autour de nous. Je le sais, c'est une certitude, claire comme l'eau de roche, douloureuse comme des épines qui traversent l'épiderme : Charly a raison. William n'avait pas l'air aussi enjoué que moi et c'est ce qui me blesse le plus. Le téléphone de Charly se met à sonner, son air s'assombrit quelque peu.
— Il a encore merdé ? commence-t-il directement, ses traits sont tendus et ses poings serrés.
— Ne bouge pas.
Il raccroche, se passe une main nerveuse sur le visage.
— Charly, que se passe-t-il ? le questionné-je, inquiète.
— Euh, rien. Je suis vraiment désolé, mais je dois y aller. Tu peux rentrer seule ?
— Je... oui. Dis-moi ce qui se passe.
Il n'attend pas et se précipite déjà vers la voiture. J'ai un mauvais pressentiment, j'espère tout de même qu'il fera attention. Il a laissé quelques billets sur la table pour mon trajet. Je roule des yeux en les remarquant. Je lui rendrai ce soir, je ne suis pas à sa charge.
J'observe le paysage canadien pendant un long moment et décide de me promener dans le parc. Non loin de là, j'aperçois une silhouette assez familière sur laquelle je m'attarde. Je dois sûrement être en train de rêver, ce doit être une erreur. Il ne peut pas être ici, et si c'était le cas ? Aurait-il menti ? Ma gorge se serre et mon sang bout dans mes veines ; l'homme disparaît dans la foule. Ce doit être une erreur, il n'aurait jamais menti ainsi, aussi lâchement. Il n'aurait pas fait autant de mal aussi vainement. Je souffle un coup, remets mes idées en place et continue ma marche. Il doit être plus de midi, le soleil se fait persistant. Je marche vers un coin un peu reculé, j'aime ce genre d'endroit, ils sont assez ressourçant.

VOUS LISEZ
Tentation en édition
Roman d'amour[ Gagnante Watty 2019 dans la catégorie New adult] Michelle Lawson, 23 ans, femme afro et atypique, traverse plusieurs épreuves bouleversantes. Boule d'énergie et pleine de bonne humeur, elle ne semble toutefois pas trouver sa place dans le monde. ...