Chapitre 2: Tarée

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Cette joie nettoie mes pleurs et me crie espoir, cet espoir soulage mes peurs et me chante la gloire.

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Le hurlement de mon alarme fait siffler mes oreilles, rendant tout de suite la chanson Science student d'Olamide agaçante. Je me réveille en sursaut, les yeux endormis, la bouche pâteuse et un léger filet de bave coulant sur mon menton : glamour ! Je pianote sur mon téléphone, décline l'alarme pour qu'enfin un peu de silence apaise mes sens en ébullition. Je me recouche en soupirant bruyamment et me repositionne confortablement dans mon lit. Mon premier réflexe après ce long réveil est de placer ma paume devant ma bouche et d'y souffler, histoire d'avoir un aperçu de mon haleine — qui évidemment rappelle présentement le chacal. Je pousse la couette sur le côté, mets mes pieds au sol : le pied droit avant celui qui est gauche pour que ma journée soit bonne — simple superstition qui m'obsède.

Je me lève et marche lourdement, habillée d'un long T-shirt faisant office de pyjama, jusqu'à la salle de bain. Je jette un regard horrifié à mon reflet dans le miroir : mes deux nattes tiennent toujours, mais des traces marquent mes joues, mes yeux sont gonflés et rouges. Je ressemble à un zombie, puissance zombie land plus. Je fais une toilette rapide, enfile mes leggings, une brassière bleue, une veste de survêtement et mes baskets. Je sors enfin de ma chambre, me rends dans la cuisine pour prendre une bouteille d'eau. Dès que j'apparais dans l'immense salon aux nuances blanc-noir doté d'un coin lecture, d'une salle à manger et d'un coin téléviseur, j'aperçois Tania installée confortablement dans le grand sofa blanc et pianotant sur son téléphone. Un petit sourire déforme mes lèvres pendant que je marche vers elle. Elle relève la tête en me voyant. J'esquisse une grimace simiesque qu'elle me rend avant que nous n'éclations de rire.

— Je suis ici depuis le commencement du monde et c'est maintenant que tu te pointes, se plaint-elle en pointant son index sur moi.

Je roule des yeux.

— Ton cul levé et l'on y va, me contenté-je de marmonner en me dirigeant vers la porte de sortie pendant qu'elle glousse derrière moi.

Il doit être six heures trente quand nous entamons notre jogging du samedi — un samedi sur dix mille en réalité. Je commence alors ma course dans les rues de la haie vive, la chanson Shake it up de Taylor Swift me coachant. Je tente d'évacuer tout le stress ainsi que tous les vilains sentiments qui me serrent l'estomac afin d'être libérée. Notre jogging fini, nous rentrons chez moi en marchant et commentant tout ce que nous voyons en chemin. Dès que Tania — venue avec des affaires— finit de prendre sa douche, je m'y glisse. Je me rends ensuite dans la cuisine où je découvre Tania qui dévore des pancakes. Je décide de faire frire les miens puisqu'elle a jugé bon que je les fasse moi-même. Bravo l'amitié !

Je m'installe finalement en face d'elle et me mets à manger. Elle fixe sans gêne ma poitrine.

— Ne te gêne surtout pas, mais sache que je ne suis pas lesbienne, commencé-je en buvant une gorgée de mon jus de pomme.

Tiens, mes camarades du secondaire m'appelaient aussi << miss jus de pomme>>. Elle roule des yeux en gloussant alors que je fais semblant d'être outrée.

— Ce n'est pas de ma faute si tu as toute la Chine devant, sans oublier l'Inde derrière, remarque-t-elle.

Je feins de m'étouffer lorsque je comprends son insinuation.

— Tu es bête, lancé-je avant de la suivre dans ses rires contagieux.

Tania alias ma bouffée d'air frais qui peut quelques fois m'intoxiquer, est purement béninoise. Nous avons fait l'université ensemble. Elle a étudié l'art, elle est top model et aussi agent artistique.

Tentation en éditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant