Chapitre 11: Imposteur.

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L'amour est un imposteur, silencieux, jusqu'à son explosion.

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Michelle

J'ouvre lentement mes yeux, mes paupières lourdes s'entrebâillent tandis que j'ai mal partout. Mes idées ne sont pas très claires, le noir plane sur elles. Il y a ce parfum partout, ce parfum qui me transperce le cœur, ce parfum qui me donne des vertiges. Son parfum. Il sent bon, mais il me quitte ex abrupto. « Ne me laisse pas seule, je ne veux plus être seule ». « Reste avec moi ». Harry ! Je me lève en sursaut, les yeux hors de mes orbites à l'instar de mon cœur qui est prêt à succomber à un infarctus. La soirée d'hier, mais surtout mon comportement me reviennent violemment à la figure. 

Lorsque je l'ai vu au pas de ma porte, sans son masque habituel d'homme hyper heureux et sociable. Lorsque je l'ai vu aussi désemparé, lorsque mes yeux ont été hypnotisés par la marée de tristesse et de frustration que renferme son regard, je n'ai pas réfléchi. Je ne voulais que le réconforter, effacer ces plaies béantes qui font saigner son âme. Je m'étais risquée à le toucher, je l'ai senti se tendre, mais mon courage ne s'était pas évaporé. Je lui ai fait comprendre que j'avais capté toute sa mascarade, qu'il n'avait pas besoin de jouer ce rôle avec moi, qu'il devait être lui et personne d'autre. 

La soirée avait rapidement pris un tour humoristique et dès que ma tête a frôlé son épaule si large, Morphée s'est emparé de moi. Je l'ai senti bouger à l'orée du jour et je l'ai supplié de rester, avec moi. J'ai été si faible, trop stupide. Qu'ai-je cru ? J'ai supplié maman dans le passé, mais elle n'est pas restée avec moi, elle est partie, elle m'a abandonnée, laissée seule. Pourquoi Harry ferait-il le contraire ? Alors que pour lui je ne représente rien. Rien de plus qu'une amie, une amie avec qui il joue ce personnage qu'il s'est créé. Il a pris ses jambes à son cou, s'est échappé, pour me fuir parce que je suis une psychopathe. 

Je grogne de frustration, finis par me lever, nonchalante pour m'adonner à mon rituel matinal. Jack m'a de nouveau appelée et nous avons eu une conversation assez légère qui m'a baumé le cœur, il n'y a pas ces palpitations qui se saisissent de mon cœur dès que la voix d'Harry résonne, il n'y a pas ces boules tranchantes qui se forment dans mon estomac dès que son souffle me frôle. Je n'ai pas envie de mettre pied chez Homel aujourd'hui, je ne me sens pas prête à affronter le regard d'Harry, pas après ce qui s'est passé, pas après lui avoir révélé cette faiblesse que j'ai toujours su dissimuler. 

J'ai toujours aimé ça, fuir les problèmes, tout ce qui trouble mon paradis et ça ne risque pas de changer de sitôt. Jack me propose de m'amener au bowling, ce que je ne refuse pas. Tout, pourvu que ce soit loin de lui, d'Harry. Dès que j'enfile mes baskets, dans un des jeans noir moulant et un débardeur, on sonne à la porte que je m'empresse d'ouvrir. Je découvre Jack, sourire aux lèvres et élégant — si on veut — dans son ses jeans et son T-shirt blanc qui dessine sa musculature beaucoup plus travaillée que celle d'Harry. Arrête de tout ramener à Harry ! Je ferme la porte derrière moi avant de le suivre sans un mot. Dès que nous entrons dans sa voiture, il brise le silence.

— Alors, prête ?

— Toujours, je lui souris. Tu ne travailles pas ?

— Oh, je n'ai rien d'important à faire aujourd'hui, me répond-il.

Bizarre, quand même, un lundi. D'ailleurs, il faudrait bien que je me trouve un job moi. Je ne réponds pourtant rien et me contente d'observer le paysage canadien sous le soleil doré enlacé par le ciel azur de l'été. Je n'ai jamais été aussi muette et ça me frustre. Après les formalités, nous nous amusons à nous défier et bien sûr, je le bats à plate couture.

Tentation en éditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant