Chapitre 6: Jeu de rôle

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La réalité a dérobé mon rêve, mes bourreaux ne veulent pas de trêve.

xXx

Pantalon carotte noir rehaussé d'un haut blanc assorti d'une veste de la même teinte que le pantalon et de ballerines blanches : voici ma tenue quand je sors du taxi, ma dense tignasse sombre retenue en chignon. Je paie le chauffeur en lui rendant son sourire chaleureux puis fais volte-face pour découvrir l'énorme immeuble — l'empire du livre. Mon pouls s'accélère, mon rythme cardiaque s'oppose au calme que je lui impose. Mon plus grand rêve prendra vie grâce à cet immeuble. 

J'observe la grande enseigne << HOMEL >> enveloppée dans un nuage de bouquins puis finis par souffler. Je pénètre dans le bâtiment. L'intérieur me laisse bouche bée. Le hall, aussi beau que celui de l'immeuble où je vis se différencie par les couvertures, les photos d'auteurs ou encore les citations tirées de livres décorant les murs. Le sol recouvert d'images de livres en guise de vêtement donne l'impression de marcher sur une terre livresque. Cet endroit est atypique, mais magnifique, déconcertant, mais attrayant. Je me dirige vers la réception où se trouve un homme grand, blond et assez chaleureux.

— Bonjour ! glissé-je en souriant, crispée.

— Bonjour mademoiselle ! Que puis-je pour vous ? demande-t-il d'une voix conciliante en me souriant en retour.

— Je suis Michelle Lawson, j'ai rendez-vous avec...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il me coupe :

— Oh oui, mademoiselle Lawson. L'équipe vous attend dans la salle de réunion. Olivia vous escortera.

Je ne peux réprimer un sourire à l'entente du prénom de la jeune femme brune qui m'invite à la suivre. Nous pénétrons dans l'ascenseur tandis que la lourdeur de la boule qui pèse dans mon estomac crispe mes membres. Je me demande de quoi aura l'air mon éditeur, les autres membres de l'équipe. Mon cœur bat trop vite et je sens l'infarctus montrer le bout de son nez.

— Détendez-vous, tout ira bien, me conseille Olivia de sa voix flûtée.

J'ai toujours pensé qu'il n'y avait que des robots chez Homel, mais visiblement je m'étais trompée, la sympathie mielleuse de l'homme de la réception et le sourire affectueux de Olivia me le prouvent. Nous sortons enfin de l'ascenseur, je découvre un espace impressionnant. Le hall de cet étage a ses murs décorés de tout ce qui peut renvoyer à la science-fiction, plusieurs personnes déambulent et un doux parfum de livre inonde l'atmosphère pour abreuver le climat plaisant. Olivia me conduit vers une grande porte à double battant dont le bois est décoré par des peintures de créatures mythiques : des griffons à Bécut en passant par la bête de l'apocalypse. 

Le sol est tout aussi coloré : des vaisseaux, des dragons, de la magie représentée par des vagues lumineuses et nuancées, des spectres. Il n'y a aucun doute : je suis bien à l'étage des rubriques science-fiction et fantastique. Olivia appuie sur un bouton près de la porte puis cette dernière s'ouvre solennellement, me plongeant dans un film de fiction. Elle me sourit avant de rebrousser chemin. Mon temps d'admiration passé, mon cœur se remet à battre la chamade quand je pénètre dans la pièce antinomique au reste des lieux — sobre, mais élégante. Je marche lentement en faisant l'effort de ne pas m'évanouir. 

Dès que j'entre, ils se retournent vers moi, cessant leur discussion apparemment animée. Je lance un regard circulaire qui se fige sur celui qui est au centre. Mon cœur ne bat plus, il s'arrête et sort par la fenêtre. Ma respiration s'accélère alors que je fixe William. Il est habillé décontracter — pull en cachemire au coloris gris-bleu accompagné de jeans de la même coloration et de mocassins sombres — contrairement aux autres. Son regard vitreux, profond est renforcé par l'air plus formel assujetti à ses cheveux.

Tentation en éditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant