Chapitre 51

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Pdv Paula/ Prélude

Un bruit aigü et une lumière aveuglante me font ouvrir les yeux. J’observe les alentours et je remarque que je suis toujours dans la chambre de la maison d’Iris mais je me suis endormie. Vu la hauteur du soleil, je dirais qu’il est encore tôt. Probablement six ou sept heures du matin. 

Je sors du lit, et voyant un miroir dans le coin de la chambre, je m’observe dedans. J’ai tellement changée en quelques mois. Mon corps s’est amaigri, mes cheveux sont à peine arrangés, mes vêtements sont tâchés de sang par endroit, dû à la bataille entre Ryan et Tyler. Je me demande d’ailleurs s’ils sont toujours en vie. Enfin peu m’importe, tout est de leur faute. 

Je relève un peu mon t-shirt, observe toutes les cicatrices des coups que j’ai reçu, et je parviens difficilement à ravaler quelques sanglots. Je caresse mon corps meurtri et souillé par les plaies, puis passe ma main sur mon épaule boursouflée. Je relève la manche et redécouvre l’aigle fièrement exposé, signe de mon appartenance à Ryan. Je jure et tente de l’effacer vainement en le frottant. Tout ce que je gagne, c’est faire saigner mon épaule, l’aigle régnant toujours au dessus de tout ce sang, comme le prédateur qu’il représente.
Je replace la manche de mon t-shirt et m’assieds sur mon lit. Je ne sais vraiment pas quoi faire ni penser. Je veux rentrer chez moi, et je me demande bien quand cela va pouvoir être possible. Je fixe le plafond, et soudain, je susurre une mélodie, sa mélodie. La chanson préférée de ma mère. Elle a toujours su répondre à mes interrogations, et en chantant, j'espérais entendre sa voix rassurante me dire que tout irait bien et que tout finira bien vite. Je remarque à peine la porte de la chambre s’ouvrir. La personne reste dans l’encadrement de la porte pendant que je chante. Les paroles me blessent autant que la personne l’est dans la chanson, autant que je le suis. 

“So hello from the other side

I must've called a thousand times

To tell you I'm sorry for everything that I've done

But when I call, you never seem to be home”

Je vois le visage de ma mère et instinctivement ma main vient se poser sous mon sein gauche, au plus près de mon coeur, là où est gravé ces quelques petits chiffres. Je me suis tatoué la date de sa mort, voilà à quoi correspond ce tatouage. Je comptais me tatouer celle de ma soeur en arrivant à New york mais Ryan m’a kidnappée avant… Pour à la place me mettre un aigle au fer brûlant…

J’arrête de chanter et j’éclate en sanglots. Je me suis souvent demandé combien de temps je tiendrais en pleurant ainsi. J’ai toujours pensé qu’un jour je n’aurais plus assez de larmes pour pleurer. J’en ai tellement versé ces deux dernières années… Et je me demandais si lorsqu’on ne pouvait plus pleurer, on perdait la vie. On raconte souvent que mêmes les plus démunis gardent leurs yeux pour pleurer, que c’est la dernière chose qu’ils leur reste. Donc si je venais à cesser de pleurer, allais-je droit vers la mort ? 

Mes sombres pensées s’arrêtent quand deux bras viennent entourer mon corps, et sans un mot, nous restons ainsi plusieurs instants. Puis la personne se détache de moi, se lève, et toujours silencieusement, elle quitte la pièce, me laissant seule. Seule mais apaisée. Je sais maintenant que je ne suis pas prête à rendre mon dernier souffle. Je sais que des gens m’aiment encore et m’attendent. Je ne pensais qu’à mon malheur, ma douleur, mais si je venais à disparaître, voire à mourir, qu'adviendra-t-il de mon père et ma petite soeur ? Supporteront-ils un drame de plus dans cette famille déjà déchirée? Je ne peux pas leur faire subir ça. Avec tout ce que j’ai déjà surmonté, je dois poursuivre sur ce chemin. Je vais rentrer chez moi, et je retrouverai ma famille, je les prendrai dans mes bras, et je leur dirai que je les aime. 

Captive (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant