huit

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-Et voilà . Alors, t'en pense quoi ? Tu trouve pas que la musique est un peu trop mélodique à la scène du départ ?

Je m'étirais et bayais, j'avais mal aux fesses, puisque se retrouver assise à regarder sa tête défiler dans un film, dont les répliques sont connues par cœur, on a envie de bouger.

-Non, par contre, tu trouve pas franchement que la scène intime est trop longue ? Demandais je gênée, du même accord que Élouan, un jeune comédien qui jouait mon coup de foudre dans le film

-Mais non ! C'est ça qui fait le charme ! Voir l'intimité d'un couple, leur vie sexuelle, c'est ça qui est beau. Disait il en agitant ses mains

Je grimaçais, incrédule, une scène de six minutes de sexe, c'est assez malaisant. On parlait encore un peu des scènes, de la façon dont le générique se déroule, et au final, on finit par se résigner sur nos opinions, ce réalisateur est bien trop têtu pour lui faire comprendre quoi que ce soit. Quand on sort, le vent froid me fait frissonner, devant nous, les galeries la Fayette sont en plein chantier pour enfin s'être décidé à enlever les décorations de Noël qui est déjà passé depuis deux mois, comme la moitié des magasins de la capitale qui avaient rempli leurs vitrines de sapins et guirlandes de lumière.

-Tu vas faire quoi ? Me demandait Élouan en remettant son écharpe en place

-Je sais pas, peut être me balader.

-Ça te dit d'aller boire un café pas loin ?

Je réfléchissais, je n'avais pas vraiment envie de faire la conversation, juste de ne rien faire chez moi attendant le soleil.

-Je préféré marcher, tu peux venir si tu veux, je vais aux quais de Seine.

Il acquiesça tout sourire. Ça se voyait que c'était vraiment le fils à papa, rien qu'à sa façon d'être. Barbe et moustache rasées au moindre poil, écharpe, long manteau, mocassins. Malgré tout je l'aimais bien.

-T'as eu des castings ? Demandais-je, voyant qu'il n'allait pas engager la discussion

-Ouais, j'attends leur réponse, je suis plutôt confiant. Souriait il

-C'est sûr que tu vas l'avoir le rôle que tu veux. Disais je en allumant ma cigarette avec mon briquet

Son regard se posait sur moi, il me fixait je le sentais. Quand je trouvais ça trop pesant, je me retournais vers lui, fronçant les sourcils, amusée. Mais au moment que je prenne la parole, mon téléphone sonnait, me faisant en premier temps sursauter.

-Allô ?

-Gabrielle , je t'ai envoyé par mail les invitations aux défilés, t'en a cinq, Chanel, d-

-Attends t'es dehors ? Reprenait il

-Oui, je devais aller voir la projection du film vu qu'ils ont fini de faire le montage.

-Celui avec Catherine Deneuve et Vincent Cassel ?

-Ouais.

-Écoute, faudrait que tu passe à l'agence, faut que je te parle.

Je soufflais, l'agence se situait à trois arrondissements d'ici, mais comme je savais qu'il n'allait pas lâcher l'affaire, acceptais.

-J'arrive, je suis loin, faudra m'attendre.

Je raccrochais, rangeais mon cellulaire dans ma poche, puis me tournais vers Élouan.

-Le travail m'appelle.

-Alors je vais te laisser.

*

-Mais tu m'avais dit que tout était réglé ! M'exclamais je en me massant les tempes

Idylle amoureuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant