quinze

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-Qu'est ce que ça peut te foutre ?

-J'avoue, mais ce serait ballot que tu meurs aussi jeune, j'aurais de la peine pour toi.

Je me retourne d'un geste vif, est il sérieux ?

-Venant d'un mec qui doit boire et fumer des joints à longueur de journée, t'es mal placé pour dire ça.

-Je ne bois pas et ne fume pas, moi je suis clean contrairement à toi.

Aïe. En essayant une tentative pour ne pas être humiliée, je le suis encore plus. La conne.

Silence radio. Je n'ose plus ouvrir ma bouche au risque qu'il s'en serve d'arme. Je reste là, plantée, à trembler comme un agneau. J'écrase ma cigarette à l'aide de ma semelle, il y a un grand malaise ici.

-T'as froid ?

Je me contente de le toiser du regard, il m'a une fois, pas deux.

-T'as perdu ta langue ? Rigole t il

-T'es drôle. Dis je, le ton hautain

J'en avais marre, je décidais de partir.

-Eh tu vas où ?

-Je rentre chez moi, j'ai pas envie de te tenir la compagnie.

-T'es sérieuse, on est dans le quinzième et t'habite dans le huitième, viens je te ramène en voiture.

Je ne l'écoutais pas et accélérais ma marche, hors de question qu'il me ramène.

-Wesh fais pas la gamine sérieux ! Dit il en m'attrapant le poignet, m'électrisant toute entière, bordel qu'est ce que j'ai

Je le regarde dans le blanc des yeux.

-La voiture est juste là, fais pas chier.

Il me montre une Tesla plus que luxueuse, noire brillante, j'ai l'impression d'avoir Adam à côté de moi.

À contre cœur, je m'engouffre sur le côté co-pilote, mais une question me trotte.

-T'as le permis ?

-Non, c'est la gova de Nek.

Je le regarde jaune, je n'ai pas envie de mourir à cause de lui.

-C'est mort alors. Dis je en essayant d'ouvrir la portière, mais je comprends vite qu'il l'a verrouillée.

Je décide alors de ne pas mettre ma ceinture, peut être qu'il me fera sortir.

-Je suis bon pilote, t'as pas à t'inquiéter, mets ta ceinture.

Je ne bouge pas, et il comprend vite.

-T'es une gamine j'ai juré.

Mais mon plan échoue une énième fois car ce n'est pas du tout ce que je pensais. Au lieu de me laisser gentiment sortir et vivre enfin ma vie, il se penche sur mon côté pour m'accrocher la ceinture. Son souffle chaud se fait ressentir sur mon torse, me procurant une vague de frissons. Ressaisis toi, normalement tu dois le détester.

Il se relève et me regarde bizarrement, et je pense que la cause est le fait que je l'ai regardé longtemps, trop longtemps.

Le trajet se passe dans le plus grand des silences. Je le vois parfois grogner quand nous n'échappons pas aux embouteillages parisiens dans le 7e. Un disque de Michael Jackson tourne, je le vois chantonner quand il connaît les paroles, puis il finit par se garer, et par chance à une place en face de mon immeuble.

Je sors de la voiture puis le regarde.

-Tu veux monter, prendre un verre ?

Bordel qu'est ce qu'il me prend, c'était pas compris dans le plan. Maintenant, je ne peux plus faire marche arrière.

-Hum, ouais.

Il se lève et ferme la voiture, puis nous entrons dans l'appartement. Seul le parquet fait du bruit sous nos pas, sinon aucuns de nous deux utilise ses cordes vocales.

-Tu veux quoi ? J'ai du-

-Coca, ça m'ira très bien. Annonce t il en me coupant la parole

-Ah ouais même la cuisine de riche quoi. Dit il en entrant dans la pièce

Je plisse des yeux, je crois que je vais exploser.

-Ça te pose un problème ?

-Non, mais ça reflète bien ta personne.

-T'insinue quoi par là, que oui j'ai réussi à avoir les moyens je suis riche ?

-T'inquiète le prends pas mal, t'as juste eu la chance d'avoir l'aide de papa et maman pour te financer.

D'accord j'explose.

-T'es sérieux ? Tu ne sais même pas comment j'ai réussi à m'acquérir cet argent, d'ailleurs depuis le début tu ne sais rien sur moi, mais j'ai l'impression que t'adore me faire peser toutes les remarques que tu peux te fourrer.

Ses yeux me fixent, m'analysent et je déteste ça. Je ne prends même pas la peine de lui donner la cannette que je m'en vais en direction du couloir.

-Et comment tu te l'ai procuré ?

-Ce ne sont pas tes affaires.

-Alors je n'ai pas tord.

-Si t'as tord ! Tu sais ce que je pense ? Tu veux juste ne pas passer pour la victime rien que pour nourrir ton minable ego, c'est pareil que dans tes sons, tu fais celui qui baise tout paris mais en vrai, entre nous, combien de meuf tu t'es réellement fait ? Demandais je amèrement

-Donc t'as écouté mes sons ? Dit il en souriant

Je le regarde

-Ce n'est pas le sujet. Dis je en me forçant à ne pas le regarder, avec ses yeux qui me déstabilisent

-Ah oui c'est vrai, le sujet c'était que j'avais raison sur le fait que papa et maman t'aient financé, mais je tu n'assume pas.

-MAIS TU N'AS PAS RAISON BORDEL ! Tu place des paroles avant d'en avoir les preuves. T'as raison pour rien sur moi. Tu te sers de ma personne juste pour avoir le pouvoir sur quelqu'un. Pour ton putain d'ego ?

-Moi je me sers de toi pour mon égo ? T'as bien dit ça ?

-Oui fais pas le sourd.

-Tu deconnes ?

-Non. Je dirais même qu'à te voir t'es un mégalomane, ton estime de toi même est bien trop grande.

Son regard a changé, et je me rends peut être compte que je n'aurais pas du dire ça, je regrette. Ses yeux me regardent avides, énervés à plein.

-Tu sais quoi ? Depuis tout à l'heure tu me fais la morale que je te juge trop, mais au final là tu viens de me montrer que c'est toi qui me colle une étiquette sur le front depuis le début. Tu ne sais même pas limite comment je m'appelle.

Je le fixais, puis baissais les yeux, honteuse. Je regardais mes pompes abîmées avec le temps, le logo Converse pourtant toujours intacte.

-Je suis désolée mais comprends moi, à chaque fois que tu me vois tu me dis que je souffre, c'est tellement pesant. Peut être que tu dis ça sur le coup spontanément mais tu ne te rends pas compte à quel ça peut être blessant pour moi. Toi aussi tu n'es pas tout blanc, tu insinue des sentiments à mon égard alors que tu ne me connais pas. Parce que tu ne me connais absolument pas, et d'ailleurs personne ne me connaît vraiment. Tu n'es pas là le soir, quand je me retrouve seule à moi même, que je pense de façon ouverte et que je pleure le monde. Non, il n'y a personne. À partir de ce moment là tu ne peux pas dire que tu me connais. Parce qu'au fond même si tu en as l'impression, tu ne sais rien de moi.

Je prenais mes jambes à mon coup et dans un dernier regard je partais en furie. Sans laisser de trace ni de séquelles, rien.

                                            ***

Chapitre posté,

Je veux vous remercier pour tous les retours que j'ai à chaque chapitre, vraiment merci beaucoup ça fait tellement plaisir. <33

J'ai trop l'impression de moins en moins bien écrire l'histoire.

Donc l'histoire vous plaît toujours autant ?

Idylle amoureuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant