Idylle amoureuse

treize

Ça faisait plus d'une heure que je m'étais improvisée une balade dans Paris. C'est décidé, je reprenais ma santé en main. Courir, c'est une double croix rayée que j'avais mis dessus, mais marcher, c'était peut être la moindre des choses.

Mes écouteurs dans les oreilles, je n'écoutais qu'une musique qui passait et repassait en boucle, sans que je ne me lace. Je repensais à tout ce que j'ai pu vivre et j'avoue que parfois, ça fait assez mal. Puis je me rends compte du rêve dans lequel je suis, et l'opportunité que j'ai de le vivre. Quand je pense aux souvenirs, j'ai l'impression que c'est surréaliste, comme si je ne l'avais jamais vécu. Pourtant si, j'ai bien remporté un prix à l'âge de mes dix neuf ans. J'ai bien monté les marches du festival de cannes habillée en quelque chose qui coûte parfois un an de travail pour des gens. Et je me rends compte que j'ai des amis en or. Dans ce milieu, c'est dur de fier sa confiance à quelqu'un, car la plus part s'en servent d'arme pour te détruire par la suite. C'est difficile de se trouver des vrais amis. Parce que dans ce milieu il y a ceux qui rigolent avec toi et ceux qui sèchent tes larmes, il y a ceux qui viennent à ton enterrement et ceux qui ramènent des fleurs pendant vingt ans. Il y a ceux qui se rappellent de ton anniversaire via les réseaux sociaux et ceux qui t'appellent à minuit pile en criant. Et j'avoue que je n'ai que peu qui serraient capable de faire ça.

Je rentre dans mon appartement en grelottant, Paris en Février, ce n'est pas la météo qui attire les touristes.Je prends une douche puis me met en une tenue qui en vaut la peine, un jogging et un sweat. Quand je reviens dans la cuisine, on sonne à l'interphone, alors je me permets par réflexe d'autoriser son entrée. Mais je suis surprise en ouvrant la porte de découvrir Élouan à l'entrée.

-Je...qu'est ce que tu fais là ?

-T'avais oublié un truc. Dit il en s'approchant pour m'embrasser mais je me tourne à temps pour que ses joues

Il sourit géné alors qu'il me tent mon soutien gorge.
Je crois que je ressemble actuellement à une tomate vivante. Plus gênant n'existe pas je crois.

-Hum...Ça te dirait qu'on...enfin qu'on...aille manger un truc ensembles ?

-Oui pourquoi pas oui. Dis je en lui souriant

Et après de longues minutes d'hésitation, j'ai le bonheur de poser mes fesses dans une brasserie qui donne sur les quais de Seine.

-Tu as reçu des nouvelles de tes castings ? Demandais je pour entamer la discussion

-Oui mais c'est pas super convaincant, le premier m'a dit que je n'avais les critères physiquement, et l'autre ne m'a pas répondu.

-Alors on croise les doigts. Souriais je

-Et toi ? Des films en vue ?

-Et bien, celui de Mélanie Besson est sorti, j'ai donc tourné celui avec toi, et puis j'en ai tourné un autre, c'est un peu une comédie, j'espère qu'ils vont avoir les droits d'auteur et l'autorisation de la production pour pouvoir le sortir.

-On croise les doigts aussi alors.

Je souriais légèrement avant d'avaler une bouchée de ma salade, qui à vrai dire, ne m'affamait pas vraiment.

Élouan se met à me raconter son enfance, et je l'envie. Avoir des souvenirs heureux que l'on trimbale tel un sac rempli de jouets. Et chaque jouet représente un passage de notre enfance heureuse. Il y a des jours où je me dis que tout est fini, je suis guérie. Et il y en a où je me lève et les souvenirs me bouffent de l'intérieur, me détruisent petit à petit l'âme.

Mais comme chaque chose que je fais, je me lasse, alors je ne l'écoute qu'avec échos. Je n'arrive pas à aller au bout de mes objectifs, j'ai toujours besoin d'une aide, d'un bras pour me reposer au cas où je m'endors trop vite. Je suis fatiguée, fatiguée de moi même. J'aimerais être une autre personne, celle dont j'ai toujours rêvé d'être. La fille qui est magnifique dans tout ce qu'elle fait. Celle qui est forte, qui ne lâche rien de ce qu'elle fait, qui se bat pour elle.