Prologue

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Deux prunelles vertes, lumineuses et sombres à la fois comme si elles témoignaient d'un quelconque conflit intérieur me fixent, m'examinent, me scrutent avec attention et méfiance. Intrigantes, mystérieuses, elles se plissent, se froncent mais ne se détourne pas une seule seconde, me gardant ainsi prisonnière.

Je souffle, soupire, ris nerveusement, ne supportant plus ce regard, ne supportant plus cette attention. Lentement, doucement, je sens mes joues s'enflammer, me brûler, me piquer, rendant mon malaise encore plus grand. Je croise mes bras, les décroise et essaye de détourner le regard, essaye de prendre une pause nonchalante, en vain; mes yeux sont encore et toujours absorbés par les siens, encore et toujours prisonniers du siens...envoutantes, étranges, comme si elles gardaient mille et unes promesses dans leur fort intérieur, elles me fixent, me scrutent, encore, encore et encore, pendant que je sens les secondes s'écouler, les minutes déguerpir.

Puis il finit par détourner son regard.

Il finit par se désintéresser de moi.

-Je vais vous aider à protéger votre pays, déclare-t-il d'une voix forte, assurée, vibrante d'énergie. Mais en échange, vous me devez une de vos filles !

Je sursaute et déglutis. Tourne un regard nerveux vers l'homme assis sur un trône majestueux, impatiente d'entendre sa décision, appréhendant sa décision.

Le roi soupire, baisse la tête et semble réfléchir en jurant, analyser ses éléments pour essayer d'envisager une autre solution, pour essayer de donner à cette histoire un autre tournant.

Mais les choses étaient claires, la situation était catastrophique et s'il hésitait plus longtemps, il ne finirait pas perdre son unique chance de s'en sortir, son unique porte de secours. Je le savais très bien. Il le savait très bien.

Mais il aimait trop ses filles pour songer à les donner à un étranger.

Mais il aimait trop son pays pour l'abandonner de la sorte.

La solution était claire, la solution était visible et si facile à prendre qu'il ne lui fallut que d'un instant, que d'une seconde pour qu'il le réalise.

Pour qu'il le dise :

-D'accord, je vous donnerais la main d'une de mes filles, avait-il déclaré en me fixant.

Embrasse-moi princesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant