- Glen -

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Cette bourgade est d'un monotone des plus plaisant, ses rues sinueuses laissent place de temps en temps à de petites places grisâtres, avec pour seule décoration des visages tristes se tordant à la vue d'un étranger.
Il faut avouer que mon accoutrement dénote du décor, avec mon bonnet à grelots rouge raccomodé et mes collants troués de la même couleur.

Mais je suis attaché à ces habits, dernier héritage de mon passé de fou pour un seigneur du nom de Vask. Un sale type, mais qui avait développé au fil du temps de l'affection pour moi... Mais cela fait parti du passé maintenant.

La première des chose à faire est de trouver une situation se prêtant à l'humour, je ne devrais pas chercher bien longtemps. Je suis prêt à parier qu'un père de famille est mort récemment dans un de ces taudis, le sujet parfait en somme.

C'est dans cette optique que je mis en quête de quelques enfants. Les événements tragiques ont tendance à les traumatiser, plus facilement que les adultes tout du moins. Ils seront certainement à même de m'en conter quelques uns.

Je finis après une bonne dizaine de minutes par tomber sur un trio de jeunes garçons. De prime abord terrifiés par la vue d'un clown dépareillé, ils se firent plus intrigué quand je leur fis confidence de mon atout ultime : les grelots de mon chapeau. Ils se mirent à rire face à ce spectacle incongru.

"-on ne m'avait jamais dit que les clowns pouvaient être aussi terrifiants.
-Au vue de ton allure jeune homme je ne m'avancerai pas sur ça, tu es aussi la preuve qu'un enfant peut être repoussant au possible"

Cet enfant se nomme Sanse, une immonde petite créature jouflue au teint violacé par une quelquonque maladie. Gras au possible et défiguré par une cicatrice lui traversant le visage verticalement, son histoire doit être une source de blague sans fin.

"-Même si cela n'est pas la première chose que l'on voit chez moi, je suis un aventurier et je cherche à aider des village comme le vôtre à aller mieux. Vous ne sauriez pas à qui je pourrais m'adresser pour trouver du travail ?
-Ooooh, je ne savais pas que des gens comme vous s'occupez du Midland! Il y a bien plusieurs choses à régler ici"

Quel abruti.

"-Beaucoup de nos copains ont disparus durant cet automne, les parents sont inquiets.
-Quelle horreur... Où puis-je les trouver ?
-Les parents du petit Tran sont dans le cimetière communal, entrain de pleurer.
-Quand à t'il disparu ?
-Hier matin"

La chance semble me sourire, je me dirigit sur le champ vers ce fameux cimetière pour y admirer ce spectacle.

Le petit Sanse m'accompagna à côté de l'église pour observer le déroulement des événements.
Cet endroit fait peine à voir, la plupart des tombes sont neuves, choses des plus terrible dans un cimetière. La chose sautant le plus aux yeux est la rangé entière de pierres tombales sans nom ni épitaphe, sur lesquels des parents, probablement aussi laids que leurs enfants disparus, pleurent.

La famille du petit Tran se tient proche d'une de ces sépultures, la mère se tient à genoux, face à cette dernière et pleure à s'en sortir les yeux des orbites. Le père quant à lui caresse les cheveux de sa femme en lui chuchotant à l'oreille, dommage, l'inverse aurait été plus drôle.
Je me mis à tousser pour indiquer ma présence.

"-Excusez moi de vous interrompre.
-Que voulez vous, créature extravagante ?"

Le père ne semble pas adhérer à mon style vestimentaire, mais cela ne me surprend pas, le gus mesure bien deux mètres et est bâti comme une armoire. Ce n'est pas le genre de type à aimer les "extravagances"

"-Je me nomme Lorrenzaccio, mais vous pouvez m'appeler Lorrenz, je suis ici pour enquêter sur ces disparitions que votre village subit depuis bientôt une saison entière.
-J'aurais préféré voir arriver une suite inquisitoriale pour ce genre de problème.
-Moi aussi à vrai dire mais je vais essayer d'en être la substitution."

Ils ont l'air de croire à mon histoire, ces pauvres fous doivent être désespérés au possible pour ne pas me pendre sur le champ.

"-Oú puis-je commencer mon investigation ?
-Le mieux serait de demander aux enfants directement, demain matin le père Latran donne une leçon aux enfants, le mieux serait de les interroger à la sortie"

Cela ne semble pas dénué de sens, bien qu'il me semble très étrange que personne ici n'est déjà fait ça auparavant, à croire que personne ne veuillent que cette situation cesse.

Après cette discussion Sanse vint me voir.

"Si tu veux, viens chez moi, mes parents seront enchantés d'héberger une créature comme toi"

Heureux de voir que je pourrais sans problème me reconvertir comme animal pour un cirque ambulant...

L'horrible mioche me conduisit chez lui, une bâtisse branlante à deux étages quasiment vide, à croire que la petite famille s'attendait à avoir plus d'enfant. Je note les potentiels problèmes érectiles du père dans un coin de ma tête.

Toute la famille possède le même teint violacé, à croire que les maladies tout comme la violence est une affaire de famille chez eux, car le père semble être du genre à savoir quelle artère trancher en cas de déception amoureuse...
Ce même père, gras et stupide, m'accorda la couche pour la nuit en vue de mon enquête.

J'ai passé ma soirée à discuter avec eux en les regardant manger leur soupe au lard. Je ne dirai pas que cela fût frustrant au possible, mais si tout compte fait, j'étais affamé.
On me donna une chambre, la plus vétuste bien entendu, puis au moment de me coucher Sanse passa par le couloir. Au vu de sa tête horrifiée à ma vue je me dis que cet accoutrement se devait d'être changé rapidement.
Je sorti de ma chambre pour lui adresser une dernière insulte quand il se mis à hurler :

"UN MONSTRE EST DANS LA MAISON À L'AIDE ! "

Tout compte fait, le mioche avait de l'humour, mais suite à plusieurs minutes de véritable panique je compris que cela n'en était pas. Il était vraiment terrifié.

"PAPA, MAMAN À L'AIDE QUELQU'UN EST DANS LA MAISON !"

Mais, comment avait-il pu oublier si vite notre rencontre de cet après midi ?

La saga du rire noir : Des tombes sans nomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant