Les Âmes Brisées

Chapitre 7: Enterrer La Hache De Guerre

PDV Severus :

" Arrêtez de survivre, et commencez à vivre"
Cette phrase me frappe de plein fouet. Sous le poids des mots, mes poumons se vident de tout air et mon souffle se coupe brutalement. L'esprit subitement vide, je n'arrive plus à réfléchir.
Sa main chaude se pose sur mon avant bras, ce contact soudain me fait immédiatement reprendre pied. M'apercevant de la faible distance qui nous sépare, à peine quelques centimètres, je m'écarte rapidement, mal à l'aise.

Là tétanisée au milieu du couloir, n'ayant toujours pas retrouvé ma voix, je prends soin de retrouver ma contenance habituelle (avec grande difficulté, je l'avoue).
Après une minute ou deux dans un silence plus que pesant, c'est sans pouvoir faire le moindre geste, ni prononcer le moindre mot, que je la regarde partir.

Pour la première fois de ma vie, je me retrouve sans répartie, je ne sais pas comment réagir. Je ressens beaucoup trop de sentiments contradictoires, cela en est désarmant. Surtout pour quelqu'un comme moi, qui a l'habitude de maîtriser ses émotions. Il faut que je me ressaisisse et vite.

- Elle n'a pas tout à fait tort, tu sais ?! Me dit une voix derrière moi. Je me retourne pour croiser le regard désapprobateur de l'ancienne directrice : Elizabeth Burke coincée dans son tableau.

- Oh vous la ferme ! Réponds-je sans faire plus attention à elle.

Sortant de ma transe, je prends la direction de ma salle de cours. Avec tout ça, j'ai complétement oublié les cornichons sans cervelle qui me servent d'élèves. Heureusement, que l'on s'est éloigné de leurs oreilles indiscrètes. Arrivée devant la porte, j'entre sans marquer de pause et dis d'une voix forte :

- Le cours est fini !! Sortez !

Si leurs yeux se font curieux, personne n'ose poser de question, de peur sans doute de faire perdre des points à leurs maisons ou d'avoir une retenue. Une peur complètement justifiée.... Tout le monde sort rapidement de la classe, trop heureux de finir le cours en avance. Pour ma part, d'un geste de la main, je ferme la porte derrière le dernier élève. Je pousse un soupir en m'appuyant la tête entre mes mains sur mon bureau.

Petit à petit, la colère revient et avec elle ces questions ; qui est-elle pour me traiter de lâche ?! Se croit-elle si supérieure qu'elle s'octroie le droit de me juger ?! Après tout ce que j'ai fait, ce que j'ai enduré ?

Une autre de ses phrases me revient tout à coup, balayant ma colère au passage "je vous admirais". Quand elle m'a dit ces mots, j'ai cherché toute trace de mensonge sur son visage et n'en ai trouvé aucun. Elle pensait réellement ce qu'elle disait. C'est là que la vérité m'a frappé aussi durement que si j'avais reçu la foudre sur la tête. Elle m'avait sauvé non pas par haine, ni pour assouvir une quelconque vengeance, comme je le croyais, mais parce qu'elle me respectait et m'admirait ! Je représentais assez à ses yeux pour qu'elle s'acharne à me sauver. Pour elle, moi Severus Rogue méritais de vivre... En y repensant, le soulagement m'envahit. Étrange... Le fait que quelqu'un (autre que mes très rares amis) trouve que je mérite une deuxième chance, me touche plus, ce que je veux bien admettre.

" Arrêtez de survivre et commencez à vivre" encore une fois, je reçois cette phrase comme une gifle. Qu'est-ce qu'elle a voulu dire ? Que peut elle savoir de ma vie actuelle ? Ma conscience me chuchote sans prendre de gants "en même temps, il n'y a rien à savoir, elle est vide, remplie d'une routine ennuyante à mourir". C'est pas faux, elle est assez perspicace pour voir que je ne suis pas heureux. Et elle, est-elle heureuse ? Vu ses yeux voilés, ses sourires fanés, son air constamment épuisé et ses rires éteints, je suis sûr que non... La seule fois où je l'ai vraiment entendue rire, d'un vrai rire, celui qui a subitement allumé des étincelles dans ses yeux, qui lui a redonné vie pendant un court moment, fut la fois où elle s'est moquée de mon sale caractère lors du dîner avant la rentrée.