Les Âmes Brisées

Chapitre 13: Le projet deuxième partie

PDV Severus:

Assis dans le fauteuil, je regarde sans le voir le livre posé sur mes genoux, toutes mes pensées dirigées vers une petite sorcière abominablement entêtée. Je me lève pour la énième fois, trop énervé pour me concentrer. Pourquoi faut-il que je sois si inquiet pour elle ? Elle a fait son choix, elle sait les risques qu'elle prend et elle sait très bien se débrouiller toute seule. J'ai beau me raisonner, j'ai le ventre tordu par l'anxiété.

J'ouvre la fenêtre dans l'espoir qu'un peu d'air me tranquillisera, mais je ne peux m'empêcher de regarder les jardins qui s'étendent au pied du château dans l'espoir d'apercevoir un chignon flou d'où s'échappent quelques mèches de cheveux bruns bouclés aux reflets miel. Ces derniers temps, mon attachement grandissant pour Hermione me fait peur. En sa présence, je ne suis pas capable de réfléchir normalement, réagissant plus à l'instinct, me dévoilant beaucoup trop... Je pousse un soupir, je deviens vraiment insensé. Comment a-t-elle pu prendre autant de place dans ma vie aussi rapidement ? Le souvenir de l'odeur de ses cheveux, de la douceur de sa main dans la mienne et de la chaleur de son sourire, me hante toujours un peu plus au fil des jours. Je me retrouve à faire des promesses quasiment impossibles à tenir, comme avec ce remède pour Weasley. J'ai lu tellement d'espoir dans ses yeux que je n'ai pas pu faire autrement qu'accepter. Et maintenant, je ronge mon frein en attendant qu'elle rentre, s'il lui arrive quoi que ce soit parce que je n'ai pas pu la retenir... Une nouvelle poussée d'angoisse monte, il faut que je m'assure qu'elle aille bien.

Sans réfléchir plus longtemps, je jette un coup d'œil à la ronde et saute par la fenêtre. La mutation se fait sans que j'ai à y penser, comme un réflexe acquis au fil des années. Je fais des tours autour du château, élargissant petit à petit mon périmètre à sa recherche. Après plusieurs longues minutes infructueuses à me demander s'ils ne s'étaient pas envolés sur un balai, la chance tourne et je les vois enfin. Ils discutent tranquillement, admirant un magnifique arbre au tronc blanc et aux feuilles argentées. Je me rapproche et me pose sur un haut figuier d'Abyssinie qui a encore ses feuilles, ce qui me permet de rester discret tout en écoutant leur conversation.

- C'est une espèce rare qui vient de Nouvelle-Zélande, son nom "Honihiriwa" veut dire miel argenté, ce qui fait référence au gout très sucré de ses feuilles. Son ton suffisant m'hérisse les plumes. Il se met sur la pointe des pieds et cueille une grosse feuille dont la forme fait penser à celle des platanes et lui tend. Tenez, goutez.

Elle l'accepte avec un sourire timide et observe les reflets de la feuille au soleil la faisant tourner délicatement entre ses doigts.

Je m'agite mal à l'aise, ces feuilles sont réputées pour leurs gouts sucrés, certes, mais aussi et surtout pour leurs effets alcoolisants. Une feuille de cette taille pourrait rendre ivre quelqu'un de la stature d'Hagrid ! Cela m'étonnerait fortement qu'il l'ignore. S'il ne l'a pas précisé, c'est pour une bonne raison. Je la regarde effaré croquer un bout et paniqué, ne sachant pas comment agir. Je me mets à pousser des croassements sonores et à agiter les ailes faisant craquer les branches autour de moi. Surpris par ce tapage, Excoriose se tourne vers l'arbre où je me trouve. Dans son dos, Hermione profite de la distraction pour cracher discrètement sa bouchée au sol et mettre le reste de la feuille dans la poche de sa cape. Elle est vraiment étonnante, j'aurais dû me douter qu'elle connaisse ces propriétés. Calmé, je m'envole pour me reposer juste un peu plus loin, mais toujours assez près pour que je puisse continuer d'écouter.

- Drôle de spécimen, cet oiseau. Dit-il en se retournant vers Hermione.

- Oui, il a dû prendre peur. Répond-t-elle en haussant les épaules, feignant l'indifférence. À coup sûr, elle a aussi deviné que c'était moi. Dans ses yeux, derrière ce flegme apparant, je lie un certain amusement. En tout cas, c'est un vrai délice ces feuilles, elles fondent sur la langue ! Merci de me l'avoir montré, cet arbre est incroyable ! Ajoute-t-elle un peu trop surjoué pour être naturel.