Les Âmes Brisées

Chapitre 14: Andiamo a Piedetorto

Pdv Hermione:

La sonnerie familière du réveil me sort d'un sommeil profond. J'ai beaucoup de mal à émerger, mon corps détendu est lourd. Je suis tellement bien que mon bras refuse de se tendre et arrête ce bip répétitif qui augmente de volume à chaque seconde qui passe. Dans mon dos, j'entends une voix ensommeillée grommeler :

— Si vous n'éteigniez pas rapidement ce réveil, je le balancerais par la fenêtre.

Je sursaute soudain totalement réveillé. Je me retourne et découvre Severus allongé contre moi, un bras autour de ma taille. Me sentant bouger, il ouvre les yeux et en lève son bras en s'excusant.

— Severus, qu'est-ce que vous faites là ? M'esclame-je ahurie en me levant d'un bon.

— Vous ne vous en souvenez pas ? Voilà qui est assez gênant. Il tend soudain son bras dans un geste vif pour appuyer avec un peu trop de force sur le réveil qui continuait sa sonnerie stridente. Maudit objet. Murmure-t-il avec une aversion non feinte. Vous avez fait un cauchemar dans la nuit, je suis venu et vous m'avez demandé de rester. Explique-il en se levant à son tour.

Je le regarde avec des yeux ronds, réfléchis à ses paroles quelque seconde et des bribes de souvenirs remontent, comme si j'essayais de me rappeler d'un rêve ; Des bras fermes et sécurisants, des paroles réconfortantes dites du bout des lèvres avec une voix basse et douce. Je sens mes joues prendre feu.

- Oh ! Oui, effectivement... Ça me revient. Je suis désolé.

S'il est gêné, son visage ne le trahit pas. Bien qu'il ait les cheveux en bataille, ce qui lui va plutôt bien, il se tient droit comme un i comme à l'accoutumé, comme si la situation était pour le moins tout à fait banale. Pourtant, il me paraît plus impressionnant, moins familier, hors de portée. Je le détaille, remarquant soudain la façon dont il est habillé : bas de pyjama noir, on ne peut plus classique, surmonté d'un T-shirt avec un col en V, lui aussi noir. Certes, cet accoutrement est pour le moins basique et ordinaire, mais c'est la première fois que je le vois habillé autrement qu'avec son incontournable redingote austère. C'est donc aussi la première fois que je vois sa peau autant mise à nu, ses longs bras ne sont pas dénués de muscle. Fins et secs, presque félins, ils laissent apparaître un réseau de veines qui part des mains et remonte jusqu'à ses épaules. Il en dégage une telle force qu'une envie folle me prend de les suivre du bout des doigts avec une certaine curiosité de savoir ce qui se cache sous le tissu. Je rougis de plus belle, je détourne les yeux, contente qu'il ne lise pas dans mes pensées.

— On devrait aller... Se préparer pour le petit-déjeuner. Dis-je hésitante pour briser ce silence et éviter toute question gênante.

Mais apparemment, ma remarque tombe à l'eau. En deux enjambées, il se rapproche de moi et, comme hier, il prend délicatement mon visage en coupe comme s'il était fait de porcelaine et me demande inquiet :

— Hermione, vous en faites souvent ? Sont-ils toujours aussi forts ?

Je mets du temps à répondre, une telle intensité se dégage de lui que j'ai du mal à me concentrer sur ses paroles. Je ne vois que sa bouche près de la mienne, ne sens que ses mains sur mes joues, n'entends que les battements de mon cœur qui s'affolent. Puis, usant d'un effort qui me parait surhumain, j'arrive à rebrancher mon cerveau et à réfléchir correctement. Je pense d'abord à lui mentir pour le rassurer, mais sous ses yeux inquisiteurs, je sais que je ne serais pas crédible.

— Chaque nuit, sauf quand je suis trop épuisé pour en faire. Oui, ils sont à chaque fois très réalistes. Inconsciemment, je porte ma main sur la cicatrice de mon avant-bras qui me brûle.