Mouhamed Ndiaye se sentait très mal après ce qu'il venait de faire. Il ne pouvait pas imaginer, ne serait-ce qu'une seule fois, violer une fille et encore moins Awa. Cette fille qui l'a tellement soutenu et compris ; cette fille qui s'est tant souciée de son avenir. Il ne sortait plus, et pouvait passer des journées entières dans sa chambre. Il avait même arrêté de travailler chez le basketteur.La culpabilité le rongeait de jour en jour. Ses parents s'inquiétaient beaucoup pour lui, surtout son père qui ne l'avait jamais vu dans cet état. Et à chaque fois qu'ils lui demandaient ce qui le tenaillait, il refusait catégoriquement d'aborder le sujet. Il leur disait tout simplement qu'il n'avait envie de parler à personne.
Les jours passèrent et l'état de Mouhamed Ndiaye devenait de pire en pire. Son père, inquiet, décida alors d'appeler Awa avec l'espoir qu'elle puisse lui dire ce qui était arrivé à son fils ainé. Il avait beaucoup d'estime pour elle. Non seulement il la jugeait bien éduquée mais il trouvait également qu'elle était dotée d'un savoir vivre extraordinaire, et sa détermination à trouver un travail stable pour son fils le touchait profondément.
— Bonjour tonton, dit Awa en faisant une génuflexion.
— Bonjour ma fille. J'espère que je ne te dérange pas, lui dit-il d'un air gêné
— Non, tonton, vous ne me dérangez pas du tout, répondit-elle poliment avant de s'asseoir à côté de lui.
— Si je t'ai fait venir ici, c'est parce que je suis perdu. Mouhamed a beaucoup changé ces temps-ci. J'avoue que je ne reconnais plus mon fils. Il a arrêté son boulot ; il s'énerve pour un peu et cela fait presque une semaine qu'il n'a pas quitté sa chambre. Je lui ai demandé à maintes reprises les raisons de son changement, mais il demeure dans un mutisme parfait.
— Ah bon ! C'est bizarre parce que moi aussi cela fait une semaine que je n'ai pas eu de ses nouvelles et très franchement, je ne sais pas ce qui le tracasse. Mais je vous promets d'aller le voir, afin qu'il me dise ce qui se passe, répondit-elle.
— Vraiment, je ne sais pas comment te remercier, ma fille.
— Ne me remerciez pas, tonton. Vous êtes si gentil avec moi, répondit-elle. La famille de Mouhamed Ndiaye adorait Awa, surtout son père qui la considérait comme sa propre fille
— Au fait, depuis quand a-t-il arrêté de travailler ? lui demanda-t-elle
— Depuis la semaine dernière. Son patron est même passé me voir ce matin, pour prendre de ses nouvelles.
— Je me demande bien comment il a pu arrêter son boulot tout en sachant qu'il est la seule personne à travailler dans cette maison, répondit Awa avec une pointe d'indignation.
— Mouhamed est très têtu, ma fille. Quand il a quelque chose dans la tête, il ne prend même pas la peine de penser aux conséquences que cela peut engendrer. Bien que je m'y sois catégoriquement opposé, il arrêta ses études lorsqu'il faisait la classe de cinquième. Face à cette révélation, Awa faillit tomber en syncope.
Heureusement, que le père de Mouhamed Ndiaye, plongé dans ses souvenirs, ne s'en rendit pas compte. Il s'est ensuite engagé dans l'armée pendant deux ans et c'est par la suite qu'il a commencé à faire le gardiennage. Il ne pense même pas à nous lorsqu'il perçoit son salaire...
— Quoi ? fit Awa. Il ne gère pas la dépense quotidienne ? lui demanda-t-elle à la fois ébahie et bouleversée par ce qu'elle venait d'entendre.
— Non. De toute façon il ne perçoit que cinquante mille francs par mois. Et s'il débourse vingt-cinq mille francs pour payer le loyer, il ne lui reste plus grand-chose.
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༺ Les Séquelles du passé ༻
Roman d'amour« Les séquelles du passé », premier ouvrage de Awa Diop Mbengue, est un roman d'amour qui dénonce les tares de la société sénégalaise ; une société connue pour son attachement aux us et coutumes. C'est l'histoire d'une vie. La vie de tout monde. La...