Ce ne fut qu'à l'occasion de la fête d'anniversaire de Moussa Ndiaye, que ce dernier rencontra Mamina pour la première fois. Awa lui avait beaucoup parlé d'elle ; dès fois, Moussa lui envoyait des messages quand Awa avait besoin de quelque chose. Ce jour-là, Moussa était comme captivé. Il n'arrivait pas à détacher son regard de Mamina. C'était comme si sa seule présence illuminait la salle.
Il n'avait jamais ressenti cela auparavant ; sa seule envie était d'aller lui parler et lui demander si, elle aussi ressentait la même chose. Il demanda alors à Awa de la lui présenter ; ce qu'elle fit avant de les laisser seuls. Ils discutèrent durant des heures. Mamina n'avait jamais ressenti ce bien être juste en discutant avec quelqu'un.
Deux mois plus tard, Moussa et Mamina commencèrent à sortir ensemble. Mamina était tellement heureuse avec lui qu'elle serait prête à l'épouser s'il le lui demandait. Il l'appelait tous les jours, la couvrait de cadeaux, lui donnait beaucoup de conseils aussi bien dans le cadre éducatif que celui de la morale. Moussa était son coach. Jusqu'à la rencontre de Mamina, Moussa avait trois petites amies. Mais au fil du temps, il prit la décision de lui être fidèle et de faire d'elle sa femme.
Mamina incarnait de nombreuses qualités qui faisaient d'elle le genre de femme que Moussa avait toujours voulu avoir. Le simple fait d'entendre sa voix lui faisait beaucoup de bien. Il n'avait jamais ressenti cela auparavant. Quant à Awa, sa grossesse se déroulait dans les normes. Elle était à son septième mois. Sa famille et sa vie d'avant lui manquaient énormément. Certes, elle se sentait à l'aise chez Moussa. Mais quelle que soit la situation, cette nouvelle vie ne pourrait jamais remplacer l'ancienne.
Awa était en train de lire un roman quand quelqu'un frappa à la porte de sa chambre.
— Oui, entrez, fit-elle, en marquant la page où elle s'était arrêtée.
— Comment va la future maman ? demanda Moussa en entrant dans la chambre, suivi de Mamina.
— Je vais bien. Et vous ? leur demanda-t-elle à son tour.— Nous allons bien aussi, répondit Mamina en s'assaillant à côté d'elle. Nous avons deux bonnes nouvelles à t'annoncer
— Ah bon. Mouhamed Ndiaye est mort ? demanda t- elle en riant
— Tu n'es pas gentille du tout, fit Moussa en riant
— Ce serait trop cool s'il mourait, ajouta Mamina. Au fait Moussa et moi, nous allons nous marier...
— Quoi ? Oh mon Dieu... je suis tellement heureuse pour vous... je ... je ne sais pas quoi dire... fit Awa, le visage exultant la joie. Elle était très heureuse pour eux. Ils s'aimaient beaucoup. Awa était persuadée qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.
— Merci ma chérie, répondit Moussa. Nous espérons qu'un jour, toi aussi, tu trouveras l'homme de tes rêves. Et pour la deuxième nouvelle, continua-t-il en sortant une enveloppe de son sac : c'est un document attesté par le médecin qui te suit, prouvant que tu es en mesure de supporter les conditions de voyages.
— Conditions de voyages ? De quoi tu parles ? lui demanda Awa ébahie
— Nous t'avons fait une réservation pour que tu ailles aux Etats-Unis. Tu pourras accoucher là-bas et éventuellement continuer tes études. Je te prendrai en charge. Et je ferai en sorte que tes enfants ne manquent de rien. Je serai leur papa ; Je t'en fais la promesse.
Awa était tellement surprise qu'elle ne put même pas sortir un mot de sa bouche.
— Il y a la cousine de Moussa qui vit là-bas avec son mari. Elle t'accueillera avec un grand plaisir. Tu vas habiter avec elle, ajouta Mamina
— Je suis tellement touchée par tout ce que vous faites pour moi. Je ne saurais comment vous remercier. Si vous n'étiez pas là, je suis sûre qu'à cet instant, je serais folle ou morte.
— Commence à faire tes valises et arrête de nous remercier ; les amis sont faits pour ça. En plus c'est grâce à toi que j'ai rencontré la femme de ma vie, répondit Moussa en faisant un clin d'œil à Mamina qui lui rendit un grand sourire.
— Oui, Moussa a parfaitement raison. Arrivée aux Etats-Unis, tu auras l'opportunité de commencer une nouvelle vie.
— En général, il faut au minimum un mois ferme pour obtenir le VISA. Mais je te mettrai en rapport avec un collègue pour que tu l'obtiennes le plus rapidement possible.
Awa ne sachant plus quoi dire, se contenta de les prendre dans ses bras. Sortir du pays lui permettra de tourner la page pour de bon. Tout ce qui lui manquait à cet instant-là, c'était sa famille. Elle aurait tant aimé les prendre de ses bras avant son départ. Hélas, son père l'avait rayée de leur vie.
***
Un mois plus tard,
Awa était dans sa chambre en tain de ranger dans une valise, habits, chaussures, et accessoires de vêtements. C'était la toute première fois qu'elle voyageait en avion. Elle avait l'impression de s'éloigner du souvenir de sa jeunesse. Soudain, elle s'arrêta un moment, s'assit sur le lit, et les yeux presque retournés en elle-même, plongea à nouveau dans ses pensées. Elle avait tellement envie d'appeler sa maman, pour lui dire au revoir mais s'abstint car cela pourrait lui causer des ennuis.En effet, elle l'appelait régulièrement à l'absence de son père. Malheureusement, ces appels prirent fin lorsque ce dernier s'en rendit compte manipulant le téléphone de sa femme. Awa fut obligée de changer de numéro de téléphone avant de supplier Mamina de ne lui donner aucune information à propos d'elle. Une heure plus tard, elle se rendit à l'aéroport en compagnie de Mamina, Salla et Moussa.
Elle avait beaucoup pleuré ce jour-là ; elle n'arrêtait pas de les remercier. Ils allaient beaucoup lui manquer. Elle était en train de leur faire un câlin quand la speakerine distilla sa voix exotique dans les hautparleurs du hall de l'aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar : « Mesdames et messieurs, nous informons les passagers à destination de Washington, pour le vol K134, de bien vouloir remplir les formalités de départ ».
Awa emprunta l'esplanade qui menait vers le hall des enregistrements. Derrière elle, trainait un homme d'un certain âge, le porteur des valises et des petits bagages. Il y avait du monde partout. Des accompagnateurs et des passagers encombraient le passage, s'échangeaient les derniers conseils ou les dernières commissions.
Awa arriva aux Etats-Unis aux environs de 18h. Ce fut la cousine de Moussa et son mari qui vinrent la chercher à l'aéroport.
La cousine de Moussa s'appelait Seynabou Nguer et son mari Michael Brown. Ils vivaient dans une très grande maison avec un gigantesque jardin au milieu duquel se trouvait une piscine en forme de losange. Michael l'avait héritée de son père, un homme très riche. Ils avaient deux enfants.
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༺ Les Séquelles du passé ༻
Roman d'amour« Les séquelles du passé », premier ouvrage de Awa Diop Mbengue, est un roman d'amour qui dénonce les tares de la société sénégalaise ; une société connue pour son attachement aux us et coutumes. C'est l'histoire d'une vie. La vie de tout monde. La...