« Les séquelles du passé », premier ouvrage de Awa Diop Mbengue, est un roman d'amour qui dénonce les tares de la société sénégalaise ; une société connue pour son attachement aux us et coutumes. C'est l'histoire d'une vie. La vie de tout monde. La...
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Awa passa toute la nuit à pleurer. Les paroles de Mouhamed Diop l'avaient profondément vexée. Son funeste passé refit surface. Elle regrettait encore d'être sortie avec Mouhamed Ndiaye, cette personne qui était à l'origine de tous ces malheurs. Son ménage ne tenait que sur un fil.
Dix bonnes années de mariage sans l'ombre d'un enfant ! Elle avait fait de nombreuses analyses, suivi mille et un traitements mais rien. Son sort était semblable à celui d'un arbre sans fruit. Certes Mouhamed Diop aimait beaucoup les jumeaux, mais l'envie d'avoir ses propres enfants demeurait constamment dans ses pensées. Awa lui avait proposé à maintes reprises de prendre une seconde épouse, mais c'était impossible car il avait signé monogamie.
Dans la société sénégalaise, lorsqu'arrive le moment de passer aux choses sérieuses, certains hommes sont tellement emballés par l'euphorie du mariage au point d'accepter les conditions de Madame, y compris la monogamie. Ce choix peut bien leur porter préjudice si par malheur, la femme ne parvient pas à avoir d'enfants. Le mari devra dans ce cas faire face à un dilemme : divorcer ou enfreindre la loi en prenant une seconde épouse. Si les femmes optent massivement pour la monogamie, même si elle est rejetée par la religion musulmane, c'est tout simplement parce que la polygamie est mal pratiquée au Sénégal.
La plupart du temps, un homme contracte un premier mariage de raison avec une jeune femme soumise et peu instruite. Puis il épousera une femme plus éduquée et financièrement indépendante. Ils ont ensuite tendance à délaisser la première épouse au profit de la seconde.
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Mouhamed Diop n'était pas fier de ce qu'il avait dit à sa femme. Au fond, il savait que ce n'était pas de la faute d'Awa s'ils n'avaient pas eu d'enfant. Il faillit perdre l'équilibre lorsqu'il la trouva étendue sur sol en train de pleurer à chaudes larmes. Il ne l'avait jamais vue dans cet état.
— Eva ! fit-il en la soulevant. Son cœur faillit lâcher. Il lui semblait avoir rompu la promesse qu'il lui avait faite, il y a dix ans de cela : celle de ne jamais lui faire souffrir. Arrête de pleurer mon amour. Oublie ce que je t'ai dit. S'il te plaît.
— Comment pourrai-je l'oublier ? Tu as parfaitement raison. dit-elle entre deux sanglots. Tu as fait de ton mieux pour me rendre heureuse et je suis incapable de t'offrir un enfant.
— Ce n'est pas de ta faute. Et tu le sais. Mouhamed Diop n'avait plus les mots.
— Alors pourquoi t'en prends-tu aux enfants ? Est-ce de leur faute à eux ? lui demanda t-elle
— Ce n'est pas de leur faute non plus. Awa, si on n'a pas pu avoir d'enfants c'est parce que Dieu a voulu que cela soit ainsi. Je sais que je n'aurai pas dû me comporter de la sorte et j'en suis sincèrement désolé... Essaie de me comprendre, s'il te plaît.
— Je te comprends. A ta place n'importe qui aurait fait la même chose. Je suis perdue, parce que je t'aime et que je ne supporte point le fait de te voir souffrir sans pouvoir rien faire.
