Le reste de la soirée nous l'avons passées à discuter, d'Hassen et de l'avenir. J'avais réussie à ne pas déballer ma vie, surtout car je n'en avais pas l'envie.. Et malgré la fatigue qui se faisait ressentir, ça me faisait du bien de parler d'autre chose, d'oublier un peu tout ça, de sortir de mon quotidien.
Cela faisait plusieurs semaines que j'étais enfermée, je devenais presque sauvage à force de n'avoir aucun contact avec l’extérieur. J'avais tout simplement le besoin de parler avec une personne de l'extérieur qui ne connaissait pas mon passé, qui ne pouvait pas me juger.
Cette nuit là... J'ai pleurée, pleurée de soulagement, ce soir là, je n'avais plus besoin de m'écarter à l'autre bout du lit de peur, je n'avais plus de peur que l'on me touche, je n'avais plus de peur, j'étais soulagé. J'ai pleurée de bonheur, mais aussi de tristesse. J'en avais besoin.
J'ai remerciée Allah du fond de mon coeur. Alors ce soir là, j'étais heureuse comblée, je regardais mon petit Iyas dormir, je me suis cru dans un film!! Non sérieusement, j'étais fière de mon fils, fière d'être loin d'Ibrahim et que ces soirs d'horribles tortures, ces soirs de cauchemars, ne sont plus que des lointains souvenirs..
Et après ça, al hamdûlillah j'ai passée une nuit entière a dormir, jusqu'à ce que Iyas se réveille bien sur, mais c'était la première fois depuis des semaines entières que je n'avais pas passée une nuit complète sans cauchemars et pleure..
Le lendemain matin, Hassen était déjà dans le salon, j'étais surprise de le voir levé aussi tôt, il n'y avait plus Hanane, elle devait être allée travailler, encore une fois j'admirais sa liberté et son courage, nous nous étions couchées très tard le soir précédent.
J'étais en pyjama devant Hassen, ça ne me dérangeait même, il n'avait rien de court, c'était un pyjama arabe. Mais c'est fou comme ce détail me fait rire, avec Hassen je n'avais aucune honte, aucune timidité, je n'avais pas honte qu'il me voit moche, en pleure, pas coiffé, mal habillé, même dans un sac poubelle!!
- Hassen : Salam aleykoum
- Moi : Aleykou salam. Ça va ?
Il sourit, et grâce à lui il avait illuminé ma journée, et oui je suis une romantique..
- Hassen : Et toi ?
- Moi : Ça va mieux, hamdoulah, grâce à toi et Hanane..
- Hassen : T'inquiète c'est normal Najah
- Moi : Non je t'ai déjà dis, c'est pas normal, merci !
- Hassen : Bon vas-y commences pas. Tu veux manger quoi ?
- Moi : Je ne sais pas, il faut que je donne à manger à Iyas.
- Hassen : Vas-y je le fais, t'as ce qu'il faut ?
- Moi : Euh .. oui mais il ne me reste pas beaucoup, c'est un biberon le matin.
Il a ensuite fait le biberon et lui à donner à manger, je me souviens car j'ai pris une photo, j'étais tellement émerveillée ! Pendant ce temps là j'ai fais mes prières. Quand j'ai fini, Hassen m'a regardé et m'a dit :
- Hassen : Pourquoi tu mets pas le hijeb ?
- Moi : Euh .. Je ne sais pas, je n'y ai pas pensé.
- Hassen : Tu devrais Najah wallah, c'est important, et en plus mashallah .. C'est.. ça te vas bien.
J'ai rougie immédiatement. Il est vrai que je n'y avais jamais pensée, à porter le voile.. J'aimais mettre le voile pour ma prière, j'aimais vraiment le mettre, c'était un pur bonheur, je me sentais protégée, rien ne pouvait m'atteindre, mon arme était mon voile. Et c'était ce qui me donner la force d'oublier tout ce que j'avais vécue.. Ou plutôt de surmonter, car on oublie pas.
- Moi : Merci.. Je ne sais pas.
- Hassen : Gardes le
- Moi : Hein ?
- Hassen : Gardes le, on sort!!
- Moi : Non mais Hassen .. On fait pas ça comme ça, je suis pas prête
- Hassen : C'est rien je te demande pas de le mettre, juste tu sors comme ça, c'est rien tranquille, tu vas voir tellement tu vas te sentir hella tu vas plus vouloir l'enlever !
Je ris, et je décide d'aller m'habiller de manière à sortir, et je remets mon voile, ce sera une façon d'essayer..
Hassen habillait Iyas, je les entendaient rigoler, même si Iyas était tout petit, c'était fou de voir comment il s'entendait bien!
Un peu après nous sommes sortis, Hassen avait insisté, pour ne pas emmener la poussette, il le portait sur ses épaules, il était comme une gamin. C'est drôle de voir le contraste, en apparence nous étions une petite famille heureuse, en vérité, j'étais une femme détruite, qui ne portait même pas le voile, c'était seulement pour essayer, et mon fils n'était pas celui d'Hassen, et Hassen n'était pas l'homme posé, avec un travail et rempli de sagesse, au contraire, en regardant ses vêtements, son air dur, on pouvait apercevoir qu'il n'était pas aussi posé que l'on pourrait le croire.
Le port du hijeb, c'est tout simplement une liberté, une libération, on se sent protéger, rien ne peut nous atteindre, je pourrais vous écrire des lignes, des pages entières sur le bonheur que cela procure, mais je risque de vous ennuyez. J'étais tout simplement sur un petit nuage. Je n'avais plus cette peur et cette honte qu'un homme me regarde, car grâce à mon voile, je me sentais forte, et quand un homme me regardait je ne le voyais même pas. J'étais sur un petit nuage.
Un moment dans l'après-midi, nous étions dans un magasin, je cherchais des vêtements pour Iyas, et j'ai remarquée un truc qui me gênée, j'ai tournée la tête, et j'ai aperçue Hassen entrain de me fixer, il m'a sourit, mais il me fixait, je ne sais pas comment expliquer son regard, son regard qui était comme fière.. Ça m'a rassurée.
- Hassen : Sah «sérieux» ça te vas vraiment bien!!
Je lui est souris à mon tour, et j'ai continuée.
Un peu plus tard il m'a dit :
- Hassen : Vas-y Najah va chercher des trucs pour toi là, je sais pas va voir des trucs de femme, je prend Iyas.
Il me tendit un billet de 50 euros
- Moi : Euh.. c'est gentil Hassen, mais merci non
- Hassen : Vas-y Najah fait pas la difficile prend ça
- Moi : Écoutes Hassen, je suis peut-être la plus pitoyable des femmes du monde mais je ne prend pas ton argent c'est hors de question, je vais utiliser mon argent.
- Hassen : Pourquoi tu fais zehma la femme moderne ? Je te fais un cadeau là, fissabilillah, t'as pas le choix t'acceptes et tu fais pas chiés !
Il n'attendit même pas ma réponse, et me mis le billet dans la poche de mon gilet, puis il avança avec Iyas dans les bras..
Je suis entrée dans plusieurs magasins, je me souviens plus exactement de mes achats, et ce n'ai pas intéressant.
J'ai fini par recevoir un appel d'Hassen, je lui indiqua le magasin où je me trouvais et il me rejoignit.
- Hassen : Alors t'as trouvé des trucs ?
- Moi : Euh oui.. merci Hassen, même si..
- Hassen : Ta gueules parce que je sens que tu vas dire un truc qui va me zehef !
Je souris, plus constata qu'il avait un sac dans les mains.
- Moi : C'est quoi ?
- Hassen : Rien rien des trucs pour Iyas..
- Moi : Quel truc ?
- Hassen : Tu verras tout à l'heure.
Iyas se mit à pleurer, il avait surement faim. Nous sommes donc allées prendre le goûter dans un parc, et sommes rentrés.
En rentrant Hassen, me montra tout ses achats, je m'en souviens bien, c'est fou comme ça m'a marqué. Il avait acheté des baskets de marque, pour les petits pieds à Iyas j'avais trouvée ça trop mignon. Puis des joggings, des ensembles, que de la marque. Il était tout fière de lui. Je ne voulais pas trop que mon fils sois habillé comme un mec de cité, mais ça lui allait bien, puis c'était de la marque. J'ai remerciée Hassen, et il m'a engueulé, car il ne supportait pas que je le remercie !
J'avais passée une super après-midi depuis bien longtemps.. J'étais heureuse ! Mon voile m'avait épanouie, la présence d'Hassen aussi..
Un peu après Hassen m'a coincé dans la cuisine :
- Hassen : Bon maintenant on va parler!!
- Moi : De ?
- Hassen : Tu comptes faire quoi maintenant ?
- Moi : Je sais pas Hassen ..
- Hassen : Tu sais jamais rien, toi!
- Moi : C'est compliquée Hassen tu sais très bien.
- Hassen : Arrêtes de me dire ça là ! Arrêtes de me prendre pour un hmal là ! C'est toi tu compliques tout, tu vois pas, je suis là, comme un con, je suis près à t'aider, à faire n'importe quoi pour ta gueules et celle de Iyas, et toi tu restes là "ouais j'sais pas quoi faire" -en m'imitant avec une voix d'attarder- je suis moi ?
- Moi : Ça a rien a voir Hassen..
- Hassen : JE SUIS QUI POUR TOI ? RÉPONDS ? JE SUIS TON CANARD ? TON PIGEON ?
- Moi : Arrêtes de dire ça là !
- Hassen : Bah tu cherches quoi ? Je suis là, moi, je suis là putain, toujours j'étais là, et toujours je serais là. C'est claire Najah, quoi que je te dise, même si je te dis zehma crève, si tu vas mal je serais là wech!
J'avais les larmes aux yeux... Je n'osais pas le remercier de peur qu'il s'énerve, je n'avais même pas les mots, je l'aimais, je l'aimais, et plus les minutes passées à ses côtés, plus je l'aimais.
- Moi : Je sais pas ce que j'ai fais pour que tu sois comme ça avec moi, t'es trop gentil pour moi Hassen.. Trop hnine, tu mérites pas ma galère
- Hassen : Vas-y tu parles pour rien ! Et redis pas gentil ça fait pd !
Je lui souris, il y a eu un long moment de silence avant qu'il me dise :
- Hassen : Tu regrettes ?
- Moi : Hein ?
- Hassen : Tu regrettes de pas être venue avec moi?!
- Moi : J'ai regrettée chaque jour wallah, mais c'est le mektoub, c'est comme ça..
- Hassen : Ouais..
- Moi : Je ne sais pas quoi faire wallah..
Il m'a regardé, il a croisé les bras et pendant un long moment il a réfléchis :
- Hassen : Tu vas venir vivre avec moi
- Moi : Hein ? Mais tu vis chez tes parents !
- Hassen : Je vais trouver un appart !
- Moi : Avec quelle argent ?
- Hassen : T'inquiètes !
- Moi : AH NON NOOON ! PAS DE T’INQUIÈTE ! HASSEN JE T'AI DÉJÀ DIS J'AI DÉJÀ ASSEZ DE PROBLÉME COMME ÇA JE NE VEUX PAS TE RETROUVER AU HEBS !
- Hassen : WALLAH JE VAIS TE PETER TA BOUCHE NAJAH BAISSES LE SON AVEC MOI ! TU PARLES DE QUOI LA ? EN QUOI ÇA TE REGARDES ! MÊME JE SUIS GRAND WALLAH JE GÈRE !
- Moi : Ouais bah tu gères mais sans moi !
Je sors de la cuisine quand il me retient :
- Hassen : Tu viens avec moi, c'est bon wallah je vais trouver un travail.
- Moi : Sur ?
- Hassen : Je viens de hlef là !
- Moi : Tu hlef tout le temps pour rien.
- Hassen : Starfallah comment tu me zehef ! Sur les yeux de Iyas que je vais trouver un travail inchallah !
J'ai souris, car cela prouver l'amour qu'il portait à Iyas, mais je n'aimais pas trop qu'on jure sur sa tête, moi-même je ne le faisais pas, car j'aimais tellement mon fils.
- Moi : C'est bon je te crois !
- Hassen : Donc tu vas venir avec moi !
- Moi : Mais Hassen .. Je suis mariée quand même et tu vois nos familles
- Hassen : T'inquiète on se marie !
- Moi : NON !
- Hassen : QUOI NON ?
- Moi : Mais .. déjà je suis mariée, et je suis pas prête à me remarier wallah non Hassen, je peux pas !
- Hassen : Vas-y tu sais quoi je vais chercher, on en reparlera parce que sinon wallah je crois je vais te casser la tête contre le mur.
-Moi : Hum !!
Nous avons vite changés de conversation car le lourd silence de l'angoisse et de l’appréhension pesé dans notre conversation.
Hanane est rentrée, et Hassen à manger avec nous puis il est reparti rapidement après, je n'aimais pas savoir qu'il avait des trucs à faire le soir, mais j'avais confiance en lui..
Quelques jours plus tard, il est arrivé une chose qui soubhanallah n'a fait qu’embellir mon bonheur !
Hassen, Iyas et moi étions dans le salon, je jouais avec Hassen à la ps1 (et oui!!) puis quand nous avions finis, Hassen à enlevé Iyas de son trotteur, et le faisait marcher avec le pouce, puis je me suis écarté, et Hassen à laissé Iyas venir seul jusqu'à moi.. Iyas à fait ses premiers pas!
Hassen était comme un fou, il souriait, et criait "Ouaaais, c'est bien!" et Iyas rigolait tout seul. Je suis partie dans un fou rire en voyant comment Hassen était investi on avait l'impression que c'était lui qui faisait ses premiers pas !
J'étais comblée, heureuse, mon fils marchait, avec difficulté, mais il marchait ! Je l'aidais alors à parcourir toutes les pièces, il était éblouie. Et pendant ce temps Hassen était entrain de bouger, pousser, et faire en sorte que tout sois parfait pour que Iyas ne se fasse pas mal. Il avait scotché du sopallin sur les rebord des tables, et partout où il y avait un risque. Il avait mis des meubles devant toute les prises, et avait mis en hauteur tout ce qui pouvait être susceptible d'être dangereux pour mon fils. Ça m'a beaucoup fait rire, et encore une fois j'ai eu ce pincement pour l'attention d'Hassen envers Iyas.
Ce soir là, Hanane était avec son amoureux. J'avais donc préparée à manger à Hassen, et nous avons mangés à trois, mon fils essayer de donner son biberon à Hassen!!
Ce soir là nous avons beaucoup parlés, du voile particulièrement.. Soubhanallah ce soir là j'étais plus que déterminée à porter le voile et à me reconstruire..
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Certes le mektoub fait bien les choses
General FictionChronique enrengistrée La meilleure que j'ai lu