Is it love ? Daryl - Elastic heart

Chapitre 2 - New York

PDV Nora

22 janvier

J'entame une énième cigarette, fumer est devenue la chose la plus intéressante de ma journée depuis maintenant 1 mois.

De toute façon, je n'aurais rien pu faire de mieux à cause de mes blessures.

J'ai émergé au pied d'un arbre, cachée dans des buissons, le lendemain de l'accident d'Enzo. Tout m'est immédiatement revenu en mémoire, des révélations d'Antonio pendant ma lutte pour ne pas qu'il me drogue jusqu'au chemin pour aller dans la chambre d'Enzo. Je n'ai même pas eu le temps de le réveiller que je m'étais déjà effondré sur le lit.

Si j'avais pu résister encore quelques minutes, peut-être qu'il serait toujours en vie.

Je tiens, de ma main libre, le journal local de la Sicile « la Sicillia ». Le papier est froissé, je me fais du mal à relire inlassablement les quelques lignes présentes dans la rubrique fait-divers.

« En cette période de fêtes de fin d'année, un accident a eu lieu lors d'un bouchon à la sortie du pont Umbertino à Syracuse. Le fléau de notre ville, les courses illégales, a encore frappé mais en pleine matinée cette fois. Une Lamborghini Zentorno lancée à vive allure a heurté de plein fouet un camion-citerne contenant du gaz. L'explosion causée par l'accident a fait beaucoup de ravage. Bilan de l'événement : 5 morts. »

Le trou béant présent dans ma poitrine se creuse un peu plus à chaque lecture, mais je ne peux pas arrêter, j'ai besoin de ressentir cette douleur pour atténuer ma culpabilité.

Ce qui ne fonctionne absolument pas.

Une personne qui m'aimait est encore morte par ma faute.

Père avait raison, je ne suis qu'une putain d'erreur.

Je comprends sa haine, je me déteste moi-même. Enzo était la seule personne à se soucier de moi. Bon, il y avait aussi Maria, mais ce n'est pas pareil, elle était payée pour ça et puis je n'ai jamais été très proche d'elle à cause de la distance qu'elle nous imposait. À quel moment on vouvoie un enfant ? Même après toutes ses années, je ne me suis pas habituée.

Il faut que je me bouge le cul, la réserve de nourriture qu'Enzo avait prévue est presque vide. Elle était nécessairement prévue au cas où Père chercherait à me retrouver et que je sois obligé de rester planquée le temps qu'il se fasse une raison sur ma disparition. Même si je sais que s'il n'y aurait pas eu l'accord entre lui et Sergueï Ivankov, il aurait été plus que ravie de mon départ.

J'ai des frissons d'horreur rien que d'y penser, je n'ose pas imaginer ce qu'il me serait arrivé entre les mains de ce psychopathe quinquagénaire à l'allure de cadavre vivant et à la dentition douteuse.

Je ne l'ai jamais vu en vrai, seulement sur les vidéos de surveillance du manoir lors de réceptions que Père donnait. Réception à laquelle je n'étais évidemment pas convié, Père a toujours eu honte de sa bâtarde. Mais même à travers l'écran, la simple vue de cet homme m'avait donné la gerbe.

Donc la planque ne m'a servi qu'à faire mon deuil, j'imagine que Père me croit morte désormais.

Je me lève du rebord de ma fenêtre et décide d'aller me laver pour me rendre présentable pour ma première sortie officielle dans les rues de New York.

Mon appartenant était déjà aménagé quand je suis arrivé et il ne contient que le strict minimum. Une cuisine équipée, un salon, une chambre et une salle de bain attenante à celle-ci. Le tout dépourvu de décoration et d'effets personnels.

Je me déshabille et inspecte mon corps dans le miroir. Il ne me reste uniquement que les vestiges d'un énorme hématome qui recouvre mon flan droit.