Qui mentira le mieux ?

Chapitre 2 : Mohammed

Alors que Margaux White parlait, je ne l'écoutais que vaguement, regardant par la fenêtre, triste, et nostalgique. Je pensais à mon ancien lycée, et maintenant, ici, je n'étais qu'une inconnue, qu'une nouvelle.

Margaux White était professeure d'art. Mais dans une école à 6000 dollars l'année, la classe d'art n'est pas celle ou tout le monde parle et ne travaille pas. Non. La classe d'art est celle ou chaque élève puise au plus profond de lui même la créativité, sa créativité, afin de l'exploiter.

Margaux White était autoritaire. Je pouvais voir que sa notation allait être sévère, mais elle n'avait pas l'air mauvaise. Pas du tout. Elle faisait simplement son travail.

Alors qu'elle eût terminé de nous présenter le lycée, et les modalités, elle abrégea son discours, avec une ouverture plus intéressante.

-L'élection des délégués aura lieu dans une semaine, vous pourrez déposer vos candidatures à partir de demain.

-Tu vas te présenter, demandais-je à Alexandre, qui avait toujours ses bras croisés sur son torse, et les yeux plissés.

-Tout le monde sait que cela ne sert à rien. L'autre est imbattable dans ce domaine.

L'autre ? Pourquoi il parlait toujours en énigme ?

Alors que les gens s'apprêtaient à partir, il me dit :

-Si tu veux, on peut rentrer ensemble, je suis en voiture. Tu habites loin ?

Sans répondre, je le regardais. Il n'avait pas l'air d'avoir quelconque attention. Il voulait seulement être gentil. Alors j'acceptais, faisant un sourire.

-Oui, volontiers !

Nous sortions de la classe en silence. Pour lui, comme pour moi, un silence de réflexion. Alors que nous marchions dans le couloir, alors que les élèves se dirigeaient tous vers la sortie, je lui demandais :

-Alexandre, dis moi pourquoi toute cette agitation autour de ces trois, là ?

Il prit une inspiration, avant de répondre. Nous étions arrivés dans le haul du lycée, ou les gens posaient leurs livres dans leurs casiers. C'était assez plein, et bruyant.

-Parce qu'ils sont populaires, Bety est toujours déléguée de classe et de lycée, Amandine à les meilleurs notes du lycée, et Enzo est... Enzo est Enzo. Oui, j'oubliais, trois se détestent. C'est tout.

-C'est tout ?

-C'est tout, dit Alexandre.

Alors les regards commencèrent à se tourner vers moi, je croisais mes bras sur ma poitrine, un sourire de satisfaction sur mon visage, et petit à petit, je levais mon visage vers lui.

-Alexandre, tu es disqualifié, dit-je alors simplement, mon sourire devant un sourire gentil.

Tout le monde, cette fois ci, se tourna vers moi. Un cercle se forma autour d'Alexandre, se tenant face à moi, déboussolé.

Alors une fille s'approcha vers moi. Elle était plutôt grande, portait comme moi, l'uniforme vert foncé. Elle avait de longs cheveux marrons et ondulés autour du visage, et des lunettes.

-Alors tu connais les règles.

Je tournais mon visage vers elle. Sur son uniforme, un badge était accroché. Asma Oudir.

Elle avait tout comme moi, un sourire de satisfaction, c'était étrange. Elle semblait non seulement satisfaite, mais même une pointe de sadisme émanait de son regard marron.