Chapitre 7

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La nuit n'avait pas été de tout repos pour Thorin qui avait dû se battre avec son cœur et la chaleur épouvantable qui l'avait pris à la gorge. Quand il eut enfin réussi à calmer la douleur, il était épuisé. Il se rendormit alors que le jour pointait le bout de son nez. Quand il se réveilla, il pouvait voir à la lumière éclatante du soleil qu'il avait dormi bien plus longtemps qu'il ne l'aurait voulu. Il s'en mordit les doigts. Il n'avait pas beaucoup de temps à passer ici. Il ne pouvait pas les passer à se reposer et à dormir.

Il se leva en constatant qu'il tenait encore en main le morceau de papier qui l'avait accompagné dans son agonie. Il n'avait pas pu s'empêcher pendant cette nuit de lire encore et encore le poème qu'il avait pris avant de partir. Il le remit dans sa poche. Le tenir à côté de lui avait quelque chose de rassurant. S'il lui arrivait malheur, il voulait qu'on sache ce qui l'avait tué et, que cette légende soit vraie ou non, c'était toujours une réponse.

Il arriva toujours fatigué et marqué par sa nuit passée, mais en tentant de faire bonne figure. Bilbon ne semblait pas être là. Il chercha dans quelques pièces de la maison et finit par ne trouver qu'une assiette de charcuterie et du pain qui l'attendaient. Il y avait également un mot accroché à côté de la planche à découper :

« Je suis parti au marché. Reposez-vous bien et bon appétit. »

Ce mot lui fit chaud au cœur. Thorin n'avait jamais remarqué à quel point l'écriture de Bilbon était belle. Il avait vu sa signature soignée et presque pimpante mais ne se doutait pas qu'il pouvait aussi écrire ainsi. Il n'avait pas très faim. La soupe qu'il avait mangée la veille lui avait pesé sur l'estomac toute la nuit et il avait bien failli ne pas la garder. À la place, il commença à flâner dans la maison. La plupart des meubles avait été pris mais il s'étonnait de retrouver tous les livres et toutes les feuilles qu'il se souvenait avoir vus et moqués. Il se trouva également nez à nez avec une petite table d'écriture. Un grand livre blanc y était ouvert et il s'approcha pour voir sur quoi travaillait Bilbon. Mais il fut déçu de n'y voir qu'une page blanche. Il se demandait sur quoi Bilbon pouvait travailler et cela fit sourire Thorin.

Son sourire fut interrompu par le bruit de la porte qui s'ouvrait. C'était Bilbon, les bras chargés de fruits et légumes. Il ne semblait pas voir devant lui à cause des provisions et Thorin s'approcha de lui sans qu'il le remarque.

— Je peux vous aider ?

Bilbon sursauta et faillit en faire tomber les sacs. Mais Thorin les prit.

— Oh ! c'est vous ? vous m'avez fait peur. Vous avez bien dormi ?

— Parfaitement, lui dit-il avec un petit rictus. Et vous ?

— Très bien aussi. Je nous ai ramené quelques carottes, quelques pommes et quelques...

Bilbon s'interrompit en regardant la table de la cuisine.

— Vous n'avez pas encore mangé ?

— Je n'ai pas très faim.

— Comme vous voulez, ne soyez pas gêné, ne vous privez pas.

— Ne vous inquiétez pas.

Pendant que Bilbon était en train de sortir les légumes des sacs et de les entreposer dans sa bien vide réserve, Thorin sortit. C'était une vue bien étrange que celle de la Comté. De toutes petites maisons creusées dans le sol, des jardins et des prairies à perte de vue, un grand ciel bleu parsemé de quelques nuages et des hobbits semblant à la fois travailler et se reposer en même temps. Il était bien loin de la cité minière en reconstruction et de son tas d'or. Il fit quelques pas dans le jardin. Cette petite parcelle de pelouse était quelque peu en chantier, mais on voyait que les mauvaises herbes et les plantes non désirées avaient commencé à être arrachées. Il pouvait même voir qu'il avait récemment planté quelques fleurs et même ce qui ressemblait à un début de potager.

Le coeur des nainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant