Cinq jours avaient passé depuis le départ de Bilbon. Il avait déjà dû rejoindre la Comté et sa maison. C'était bien, se répétait Thorin. C'était ce qu'il fallait.
De son côté, Thorin commençait à prendre son rôle de souverain en supervisant la reconstruction de la cité minière. Il reprenait ce que Dáin avait commencé pendant son repos. Le rôle de monarque était bien différent de ce qu'il avait imaginé et surtout bien moins divertissant. Mais c'était le métier pour lequel il avait été élevé et formé toute son enfance. C'était aussi son devoir en tant que petit-fils de Thrór et fils de Thráin. À aucun moment, il ne devait montrer à son peuple, qui doutait encore de lui, qu'il pourrait ne pas avoir envie de ce rôle. Et surtout pas à cette messagère qui habitait encore les lieux en attendant son seigneur. Il préparait également son futur couronnement et y avait invité les rois nains et les grands dirigeants de la terre du milieu. Il n'était pas seulement question de son couronnement, pensait Thorin, c'était aussi l'occasion de prouver à tous ceux et celles qui n'étaient pas venus l'aider qu'il avait pu récupérer la ville et que le futur d'Erebor ne pouvait être que radieux.
Pourtant, si la ville et ses habitants avaient repris leurs habitudes avec joie, Thorin, lui, n'allait pas bien. Cette nuit où il avait cru que son cœur allait exploser n'avait pas été la seule. Depuis que Bilbon était parti, sa santé semblait doucement décliner. La plupart du temps, il semblait simplement un peu fatigué et distrait. Mais il y avait ces moments aussi soudains que violents. Des bouffées de chaleur et un rythme cardiaque s'accélérant n'étaient que les principaux symptômes de ces mal-êtres fulgurants. Il pouvait également en perdre l'équilibre, ses mains se mettaient à trembler violemment. Il en devenait de plus en plus pâle et certains nains de la compagnie semblaient commencer à le remarquer. Mais il était fier et il tentait de faire bonne figure pour ne pas soulever des inquiétudes, pas encore. Jusque là, il avait su tenir bon. Dès qu'il se sentait un peu faiblir, il demandait pour se retirer et attendait que les battements de son cœur ralentissent. Son cœur... c'était lui qui semblait le tuer. Mais ce n'était pas possible. Ça devait être ses anciennes blessures de guerre. Il avait failli y passer lors de son combat avec Azog et il était possible qu'il souffre encore de séquelles. Pourtant, bien qu'il gardait une importante cicatrice sur tout son flanc, la blessure avait su se résorber. Ses douleurs intenses et ponctuelles semblaient gagner en intensité et en fréquence. Il ne pouvait plus le nier. Et pourtant, malgré ses souffrances, il pensait encore à lui en se demandant si tout allait bien pour lui.
Aujourd'hui, il ne devait pas y penser, ni à Bilbon ni à sa maladie. Car c'était le jour de la venue de Barûsar, seigneur de Grimelva, celui qui avait demandé son éviction au trône d'Erebor. Sa messagère avait annoncé la future arrivée de son maître à Thorin, mais surtout au reste des habitants de la montagne. Il était attendu par bien plus de monde que Thorin ne l'aurait voulu.
Quand il arriva en pleine après-midi, une foule immense de nains était déjà prête et impatiente de l'entendre. Thorin n'était pas aussi impatient qu'eux, mais il avait eu le temps de réfléchir à ce que celui que l'on nommait « l'audace-rouge » aurait à ajouter aux propos déjà bien audacieux de sa messagère.
Barûsar arriva dans le hall avec une démarche noble et pleine d'assurance et fut rejoint par sa représentante. Il portait une riche et imposante armure dorée. Il n'était pas étonnant de la part d'un seigneur connu pour ses talents de commerce de vouloir montrer sa richesse. Mais porter une armure naine aussi imposante et peu pratique pour une simple rencontre n'était pas commun même pour un guerrier. Thorin n'était pas dupe au message que le seigneur tentait d'envoyer à la population. Carha, sa messagère, se trouvait à sa droite, mais quelque chose avait changé dans son expression. Il se souvenait encore du petit sourire victorieux de sa première visite. Ce sourire avait laissé place à un visage rempli d'inquiétudes et presque de terreur. Elle ne semblait jamais croiser son maître du regard et baissait la tête quand il se tournait vers elle. Elle ne portait plus sur elle sa sacoche hors de laquelle elle avait sorti l'arkenstone.
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Le coeur des nains
FanfictionUne vieille légende naine raconte que le cœur des nains est le seul capable de se lier à son âme-soeur. Et cet attachement est à la vie et à la mort. Alors que Thorin s'apprête à devenir roi, la remise en question de son couronnement est finalement...