Chapitre 8

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Balin et Dwalin se réjouissaient de revoir Thorin. Les autres nains et eux s'étaient fait du souci pour lui depuis qu'il avait quitté Erebor. Dáin avait pris les rênes, mais ils avaient senti qu'il se doutait de quelque chose. Les habitants de la montagne se posaient aussi des questions sur Thorin et sur son état. Ce duel avec Barûsar s'annonçait beaucoup plus important qu'il ne l'avait imaginé.

Ils traversèrent le village des hobbits, non sans se faire remarquer. Ils furent salués par quelques passants, mais ils n'y prêtèrent pas plus attention. Quand ils arrivèrent devant la maison de Bilbon, ils frappèrent à la porte, impatients de retrouver leur chef. Mais ce fut Bilbon qui leur ouvrit. Ils furent surpris de le voir débarquer aussi vite, mais surtout dans un état aussi lamentable. Il semblait totalement mortifié, les cheveux en bataille et des cernes sous les yeux. Bilbon semblait à la fois rassuré et paniqué en les voyant.

— Où est Thorin ? demanda Dwalin inquiet.

— Vous devez venir. Il ne va vraiment pas bien.

Ils le suivirent tout aussi paniqués que lui et arrivèrent dans la chambre où Thorin était couché. Ils se retrouvèrent face à un corps à peine reconnaissable. Le valeureux Thorin avait laissé place à un visage blanc comme un linge et brûlant. Ils n'arrivaient pas à dire s'il dormait ou si son état d'épuisement était tel qu'il n'était plus capable de bouger. Mais sa respiration saccadée et ses muscles tremblants leur permettaient au mieux de déterminer qu'il était encore vivant. Quand Thorin les entendit arriver et qu'il reconnut les silhouettes de Balin et Dwalin, il voulut leur parler. Mais il n'en avait pas encore la force.

— Balin et Dwalin viennent d'arriver, Thorin, lui dit Bilbon pour le rassurer et surtout pour se rassurer lui-même.

Bilbon prit la serviette qu'il avait posée sur la tête du malade, la trempa dans une bassine d'eau froide et la reposa sur lui doucement.

— Que se passe-t-il ? demanda Balin en regardant son chef mourant.

— Je n'en sais rien. Hier soir, nous étions en train de parler et puis... il s'est levé d'un coup et... il est tombé. Je l'ai ramassé et je l'ai amené tant bien que mal jusqu'à son lit, mais il hurlait de douleur. J'ai cru qu'il allait y passer. Enfin... depuis quelques heures, il va un peu mieux.

— Un peu mieux ? s'écria Dwalin. Qu'est-ce que c'était avant qu'on arrive alors ?

— Il n'arrêtait pas de crier, il était brûlant, incapable de manger ou de boire quoi que ce soit. J'ai l'impression que c'était un problème à la poitrine.

Bilbon s'assit lourdement sur l'une des chaises de la chambre. Lui aussi était épuisé. Comme le calme avant la tempête, la soirée douce avait laissé place à une nuit infernale. Il n'avait pas réussi à fermer l'œil. À peine avait-il eu le temps de somnoler sur cette même chaise qu'il avait entendu frapper à la porte et qu'il s'était jeté sur Dwalin et Balin. Leur présence le rassurait, mais ne changeait rien à cette situation. Thorin semblait mourir chez lui et il ne savait pas pourquoi.

Balin et Dwalin se regardèrent inquiets en se demandant ce qu'il allait pouvoir faire.

— Il va être difficile de le transporter dans cet état, dit Dwalin.

— Le transporter ? Vous n'y pensez pas ? s'exclama Bilbon.

— Mais nous devons le ramener à Erebor ! dit Balin. Ce n'est pas pour critiquer la médecine des hobbits, mais... les guérisseurs d'Erebor sauront ce qu'il lui arrive.

— Non, non. Vous ne comprenez pas. Il ne peut plus tenir debout.

Thorin les entendait discuter, mais il lui avait fallu du temps pour comprendre ce qu'il disait tant sa tête n'était plus qu'une immense pièce en feu où ce qu'il entendait résonnait atrocement. Il se tourna un peu vers eux, mais ses muscles étaient si lourds et faibles. Bilbon le vit tenter de bouger et se jeta sur lui pour l'aider. Balin et Dwalin se réjouirent de voir Thorin bouger et ouvrir les yeux à nouveau jusqu'à ce qu'ils comprennent qu'il était bel et bien incapable de se lever. Tout ce qu'il réussit à accomplir fut de se blesser et d'en crier de douleur. Il était toujours aussi faible, mais il rassembla toutes ses forces pour leur parler.

Le coeur des nainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant