Chapitre 3

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Comment mon père m'a-t-il fait sortir de la voiture ?

Oh, c'est simple, et radical : il a pris mon portable.

-Gwendoline, tu sors de cette voiture, ordonne-t-il.

Je me surprend à grogner en croisant les bras comme une petite fille.

-Mais, papa, râlé-je, tu ne peux pas m'obliger à rentrer dans cette merde.

Il fronçe les sourcils, sûrement mécontent de mon vocabulaire. Puis il fait signe aux déménageurs qu'ils peuvent commencer à décharger les camions, avant de revenir à moi.

-Gwendoline, on est arrivé, rappele-t-il dans un soupir de tristesse qui se veut désespéré.

Je perçois aussi dans son regard un étrange combat entre la fatigue et l'autorité qu'il veut exercer sur moi. Malgré que son air soit totalement abattu et qu'il ressemble plus à un clochard qu'a un homme d'affaire, la lueur noir qui me fait baisser les yeux est toujours présente.

-Je ne le répète pas, ajoute-t-il avant de se diriger vers la cour, mon portable toujours emprisonné dans sa main.

Alors, bien évidemment, je sors de la voiture...

Comme nous avons voyagé de nuit, il est à présent 9 du matin et non seulement je crève de faim, mais j'ai aussi besoin de me dégourdir les jambes.

Après avoir reçus l'autorisation de mon père de faire un tour, je me lance, totalement pas convaincue, à la découverte de ma nouvelle résidence. Les fenêtres cassées et les tags me rappellent bien vite qu'il s'agit en fait plus une cité que quoi que ce soit d'autre.

Je récupère mon ballon de basket posé sur la banquette arrière, et je traverse la première cour tout en dribblant pour retrouver mes réflexes, aux repos durant les dernière 12 heures. Même si je suis condamnée à désormais vivre dans cette résidence répugnante, je ne suis pas non plus le genre de fille à rester cloîtrée chez elle. Il est donc de mon devoir de prendre mon courage à deux mains et de partir faire mes repères.

Je passe le premier porche et me retrouve dans une cour plus grande qui donne sur un nombre plus important de bâtiments. En face de moi, un autre porche. Je savoure le silence qui m'apaise immédiatement et, par la même occasion, me confirme que ne vais croiser personne. Parce que s'il y a une chose bien pire que de me retrouver en cet endroit, c'est certainement de croiser quelqu'un. Car même si ce lieu donne l'impression d'un quartier en ruine abandonné, je sais bien qu'il est habité. Aux quelques balcons qui ne sont pas écroulés sont pendus du linge destiné à sécher.

Mes dribbles résonnent dans l'espace et je traverse cette seconde cour.

La troisième ne se dresse plus droit devant moi mais part sur le côté. Je tourne donc à droite pour atteindre la quatrième cour. Durant toute ma progression, je suis épouvantée par les déchets qui traînent partout et dégoutée par l'odeur qu'ils dégagent.

Au bout de la cinquième, je suis à présent convaincue que cet alignement vas durer un bon moment et ne juge pas nécessaire de m'y engouffrer plus. Prête à tourner les talons, je jette tout de même un coup d'œil à la sixième cour, et ouvre grand la bouche en constatant ce qui de dévoile sous mes yeux. Je fais quelques pas et mes lèvres formant un o s'étirent en un sourire de satisfaction. Ce n'est plus une cour.

Yes !

Devant moi, la chose qui va surement sauver ma vie.

Un terrain de basket.

Un vrai. Authentique.

Folle de joie, je me met à courir en dribblant et m'élance pour shooter un premier panier. Le ballon traverse l'anneau rouge et je pousse un cri surexcité.

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