Chapitre 4

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Ne me demandez pas pourquoi, mais le lendemain, j'y retourne.

Je ne sais pas clairement quel est mon intention mais j'y retourne quand même.

Je suis tout simplement suicidaire.

Maintenant que ma confrontation avec ce fameux grand brun fait partis du passé, j'ai déjà oublié à quel point sur le moment j'ai pu avoir mal et peur.

Nan, j'ai de nouveau décidé à le convaincre que je peut jouer sur ce foutu terrain de basket. De plus que cette nuit-là, il m'a fait un cadeau particulièrement désagréable, qui m'a mis en rogne et qui, à présent, me conduit d'un pas bien décidé, dans la gueule du loup.

Les marques violacées qu'il m'a faites sur les hanches se sont un peu estompées durant la nuit grâce à la crème et se font moins douloureuses.

Mon pied lui, comme prédit par mon père, me fait souffrir chaque fois que je m'appuis dessus. Je ne boite pas, mais tente de marcher sur mon talon droit. Durant la matinée, j'ai balayé les débris de la fenêtre sur le sol de ma chambre et  continué de défaire mes cartons. A midi, mon père a commandé à manger et nous avons déjeuné tous les deux mais en silence, dans la minuscule cuisine.

Je dribble calmement pour que ma balle aille à mon rythme.

Ce garçon m'a fait tellement peur, mais en même temps, on aurait cru qu'il voulait je fasse tous ce que j'ai fait pour ensuite me donner une bonne leçon.

Comme si au fond, tous ces regards étaient provocation et non colère. Un petit jeu qui, à mon plus grand malheur, m'attire. Car, pour un jeu, il n'a pas fait semblant de me broyer les cotes, loin de là.

J'habite dans la première cour, la plus proche de la sortie.

Quand je passe l'avant dernier porche, je perçois d'autre bruit de balle se mêlant au mien. Je m'approche discrètement pour voir la personne qui joue sur le terrain.

C'est une jeune fille. A peu près mon âge. De magnifiques cheveux noirs et d'un talent surprenant.

Même toute seule, elle joue d'une intensité à croire qu'elle pourrait franchir une foule à elle toute seule avec sa balle et marque avec une facilité intrigante. Elle est manifestement meilleure que moi.

Je ne dois pas être si discrète que ça, parce que quand elle s'arrête essoufflée pour boire et qu'elle tourne la tête, elle me fait un grand sourire et un signe de la main m'invitant à la rejoindre.

Je m'avance avec ma balle, vérifiant aux alentour qu'il n'y a pas un taré qui traine.

-Sam, se présente-t-telle.

-Gwen, je lui rends son sourire.

Elle a les yeux d'une profondeur à laquelle il me semble déjà avoir été confronté.

-On se fait des paniers ? propose-t-elle.

J'ouvre de grands yeux, intriguée.

Elle ne semble pas se gêner de jouer ici, et de toute évidence, on ne lui a pas fait la remarque. Je dois donc en conclure qu'elle fait partis de leur groupe et apparemment, leur groupe ne veut pas que je m'aventure ici. Pourquoi me le propose-t-elle alors ?

-Ecoutes, hier, il avait un mec, je sais pas si tu le connais mais il m'a dit, enfin il m'a plutôt ordon...

-Ouais, je sais ce que Stan a dit, me coupe-t-elle.

-Stan ? demandé-je.

-Ouai, mon frère, il est vraiment chiant des fois, soupire-t-elle, mais t'inquiète, il n'en saura rien.

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